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Voie communale n° 16
À Faye-sur-Ardin, Deux-Sèvres, la fouille du site (interruption du 05/12/2008 au 12/01/2009) a été motivée par un projet immobilier dont la surface d'aménagement s'étend sur 5 000 m².
Ce projet avait donné lieu, en mars 2006, à un diagnostic archéologique prescrit par le service régional de l'Archéologie de Poitou-Charentes. La localisation de la parcelle, entre l'église dédicacée à saint Vivien (XIIIe siècle) et le bourg actuel, suggérait la probabilité d'une occupation antérieure au bourg actuel.
Les quatre tranchées de diagnostic réalisées dans l'emprise du futur aménagement avaient révélé la présence de nombreuses structures (trous de poteau, silos, voieries), attribuées pour la plupart au Moyen Âge (Xe-XIe siècle), à l'exception d'une voirie probablement aménagée dès la période antique.
Réalisée dans des conditions climatiques souvent très difficiles (pluie, gel...) sur un terrain argileux, la fouille du site de Faye-sur-Ardin a permis de distinguer trois grandes phases d'occupation. La première, très résiduelle, est attribuée à La Tène moyenne. La seconde se manifeste essentiellement par l'aménagement d'une voirie antique. La troisième, datée de la période médiévale, est continue du VIIe siècle au XIIIe siècle et apparaît comme la plus dense et la plus diverse : habitats, structures de stockage, aires d'inhumation.
Une occupation protohistorique résiduelle
Suggérée par la présence de nombreux fragments de mobilier céramique dispersés sur l'ensemble de l'emprise, l'occupation gauloise semble confirmée par la découverte d'un fossé observé sur plus de 36 m, dans la partie orientale du site, et pourvu d'un angle droit. Il pouvait enclore un espace qui n'a pu être appréhendé dans la mesure où il se développait en dehors de l'emprise décapée. Aucune structure n'a pu être rattachée à cet aménagement.
Un réseau viaire aménagé dès la période antique
Un réseau de voiries orienté nord-sud a été dégagé. Édifié dès la période antique, il a connu deux grandes phases de réaménagement jusqu'à l'abandon du site au cours du Moyen Âge.
Le premier état montre une chaussée empierrée, d'environ 10 à 11 m de large. Deux fossés bordiers complètent cet aménagement où se distinguent de nombreuses ornières de roulement. Il est possible de les observer sur toute la largeur de la voie et elles conservent un anthrax régulier de 1,10 m.
Le second état se développe sur la frange ouest de la première voie. Moins large (4,30 m maximum), sa mise en oeuvre est différente. De gros blocs calcaires, grossièrement équarris sur la face visible, sont utilisés pour les bordures. Quant à la bande de circulation, elle est constituée de cailloutis et ne présente pas de trace d'usure.
Ces deux voies se caractérisent par un arrêt net de leur aménagement vers le sud, en direction de l'église actuelle. Il n'a pas été possible d'expliquer cette interruption. Il n'en demeure pas moins que sur une autre opération archéologique la poursuite de la voirie, plus au sud, est attestée.
À la période médiévale, une troisième voie s'installe sur la bordure orientale des deux états antiques. Elle traverse le site et semble conditionner l'occupation relative à cette période. Large de 6,50 m, elle présente des traces de roulement dont l'anthrax régulier atteint 0,70 m.
Ce réseau viaire est complété par un parcellaire établi de part et d'autre des voies, de probables fossés de drainage étant par ailleurs associés soit aux bâtiments soit aux aires d'ensilage.
Un habitat du haut Moyen Âge
Aux abords de ce réseau viaire, l'occupation observée, une occupation rurale comptant au moins 7 bâtiments qui se concentrent sur la partie méridionale du site, à l'ouest des voiries, appartient essentiellement au haut Moyen Âge (du VIIe siècle à la fin du XIIIe siècle).
Deux bâtiments sur poteaux, adoptant un plan en abside, semblent héberger les premiers habitants du lieu au cours des VIIIe-IXe siècles. Seul un bâtiment sur solin de pierre, partiellement dégagé dans le cadre de l'emprise de fouille, a été observé à l'est de cet axe de circulation. Quelques fosses et aires de cailloutis, probablement liées à des aires de travail, sont contemporaines de cette installation qui se développe et se diversifie au cours du IXe siècle.
Un bâtiment, très arasé, sur solin de pierre, est édifié au cours des IXe-Xe siècles. Il semble qu'il ait été établi selon un plan rectangulaire (4 x 5,50 m). Un sol en terre battue est partiellement conservé ainsi que des plaques foyères. L'installation de cet habitat est réalisée en marge d'une importante aire d'ensilage comptant plus d'une vingtaine de silos qui ont livré de nombreux restes de graines ainsi qu'un abondant mobilier lié tant aux activités agricoles (meules, faucilles) qu'aux activités domestiques (mobilier céramique et métallique).
Cet espace est supplanté par un bâtiment maçonné très partiellement conservé. De plan absidial, il était pourvu d'un four et agrémenté d'ouvertures probablement vitrées étant donnée la découverte d'un important fragment de verre à vitre. L'architecture générale de ce bâtiment et la nature du mobilier retrouvé à ses abords (chandelier, verre, clefs) relèvent d'un statut plus prestigieux en comparaison des découvertes réalisées sur le reste du site.
La troisième grande phase d'occupation se manifeste par la construction de deux fonds de cabane observés sur la frange méridionale du site. Peu éloignés l'un de l'autre (3 m), ils sont localisées en limite d'emprise et leur fouille n'a pu être réalisée de manière exhaustive. L'un d'eux présente une façade maçonnée en moellons (solin) complétée par des poteaux latéraux. Sa largeur atteint 3,40 m. Un foyer occupait la partie a priori centrale de la structure.
Plus large (5 m), l'autre bâtiment excavé semble entièrement maçonné à l'aide de moellons calcaires très grossièrement équarris. Une fosse est aménagée sur sa périphérie orientale. Elle est complétée par un fossé taillé en V, orienté est-ouest, dont l'observation demeure incomplète. Tant son profil que son comblement indiquent qu'il servait probablement au drainage du bâtiment.
Cette dernière grande phase d'occupation est associée au maintien de l'activité d'ensilage qui tend même à s'accentuer. Quatre aires d'ensilage, regroupant près d'une cinquantaine de silos, ont pu être observées. Cette activité semble surtout se développer à l'est de la voirie.
De nombreuses inhumations...
Plusieurs aires d'inhumation ont été découvertes révélant quarante sépultures. Parfois isolées, elles se répartissent sur l'ensemble du site archéologique tantôt aux abords des zones d'habitat, tantôt aux abords des voieries. Parmi ces sépultures isolées, le mode d'inhumation privilégié est la pleine terre. Seules cinq sépultures, en coffrage de bois ou de pierre, ont été observées.
Un groupe plus important d'individus (21) se concentre sur la partie méridionale de l'emprise suggérant une modification des « coutumes » funéraires. Ce groupe compte notamment trois sépultures doubles. L'absence de sépultures en coffrage de pierre parmi cette population semble confirmer une évolution de la topographie funéraire. La construction de l'église Saint-Vivien impose probablement ce regroupement au cours du Moyen Âge classique (XIIe-XIIIe siècle).
Au-delà des seules modifications propres à la topographie funéraire, c'est l'ensemble du « village » qui se déplace vers le bourg actuel au cours du XIIe siècle. Les motivations d'un tel déplacement ne sont pas précisément appréhendées. Toutefois, les diverses mentions de « mottes » localisées dans le village actuel impliquent la présence d'une fondation castrale qui aurait pu générer le développement d'un nouveau noyau de population.