Au cours des fouilles du Parc d’activités de la Vallée de l’Escaut, l’Inrap a mis au jour un site exceptionnel d’occupation rurale datant de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer. Des traces d’immenses bâtiments sont apparues, révélant des dizaines de foyers et de grandes fosses, illustrant une occupation dense sur toute la Protohistoire ancienne.

Dernière modification
20 mars 2025

 

 

De nombreux bâtiments de terre et de bois

Les vestiges témoignent d’une occupation débutant à l’âge du Bronze final (milieu du XIIe jusqu’au milieu du Xe siècle av J.-C.) et qui se poursuit jusqu’au début de l’âge du Fer (début VIIIe à la fin du VIIe siècle av J.-C.). La densité des structures fouillées, la présence de nombreux indices de constructions et l’étendue de leur répartition redent ce site inédit en région Hauts-de-France.

L’habitat est bien caractérisé et dense dans un secteur qui couvre une étendue supérieure à trois hectares. Une vingtaine de bâtiments ont été révélé dont plusieurs d’entre eux forment des constructions imposantes de plan rectangulaire de 25 mètres de long à terminaison en abside. Les autres indices contemporains de l’occupation livrent des témoignages de bâtiments plus modestes qui sont autant d’indices d’occupations annexes régulièrement dispersées dans un secteur proche.

Quelles activités révèlent les fosses ?

La concentration des indices est inédite par le nombre et la qualité de préservation des objets. Les types de fosses décrivent des activités variées, quotidiennes et artisanales effectuées autour et au sein des habitations : le filage et le tissage, la métallurgie, le stockage et le traitement des denrées.

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Céramiques en place dans une couche de comblement d’une fosse d’habitat.

© Mina Joseph, Inrap

Les découvertes prennent parfois des formes inattendues comme un coffrage en bois particulièrement bien conservé et daté du premier âge du Fer. La caisse carrée de 45 cm de côté est intéressante à plus d’un titre. Les éléments de liaison métalliques sont rares, et plutôt localisés sur les côtés opposés à parois composées de planches verticales. De nombreuses interrogations subsistent quant à cet assemblage. La question de son contenu reste elle aussi en suspens.

La découverte de fours étonnants

Une attention particulière est donnée à une série de structures de combustion, dont le fonctionnement a beaucoup interrogé les archéologues sur place. À l’intérieur des maisons, les fosses-foyers centraux sont de formes circulaires. Leur diamètre est supérieur à un mètre et leur comblement présente une couche composée de résidus de chauffe (blocs d’argile rubéfiée, couche charbonneuse).

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Four domestique en fosse.

© Clément Dournel, Inrap

D’autres formes de structures de combustion, rectangulaires et plus allongées (0.8m par 3 m en moyenne) sont systématiquement associées à l’intérieur le long des murs des bâtiments.

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Fosse allongée ; probable four culinaire.

© Hugo Pierre, Inrap

Enfin un modèle circulaire de plus grande dimension est obtenu par recreusement d’un large silo. On observe la mise en place d’une sole épaisse qui prouve une action intense du feu. Les analyses et les expérimentations menées en parallèle devraient permettre d’en comprendre l’usage courant (cuisson d’aliments ? de céramiques ?).

 

Mise en perspective des découvertes du Valenciennois

Le type d’habitat retrouvé, étonnant par sa concentration dans un même espace pourrait représenter un noyau central au sein de diverses implantations reconnues lors d’autres opérations archéologiques. Par sa richesse, le site interroge. L’implantation correspond-elle à un statut particulier pour la société protohistorique ? Ainsi, les découvertes menées à Onnaing complètent les données locales précédemment mises au jour et documentent la Protohistoire ancienne dans le Nord de la France.

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Céramique conservée dans une fosse d’habitat.

© Véréna Marié, Inrap

Aménagement : Métropole de Valenciennes
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Direction régionale des affaires culturelles des Hauts-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Yann Lorin, Inrap