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Une enceinte monumentale et une sépulture aristocratique gauloises à Aubigny, Somme
Une enceinte monumentale et une sépulture aristocratique gauloises à Aubigny, Somme
Le territoire communal d'Aubigny a fait l'objet de plusieurs opérations archéologiques à l'occasion de l'implantation du gazoduc en 1997 et de son doublement en 2013. Situé en rive gauche de la Somme, le lieu-dit Au Chemin de la pierre a révélé deux occupations remarquables de l'époque gauloise : d'une part, un fossé monumental daté du début du IIIe siècle avant notre ère appartenant à une enceinte et, d'autre part, une tombe aristocratique du IIe siècle. Ces structures appartiennent à un vaste domaine agricole gaulois identifié partiellement par des vues aériennes.
Deux opérations menées à seize ans d'intervalle sur le même site permettent d'avoir une vue plus étendue.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 1997 et 2013.
La fouille en quinconce permet de détailler la dynamique du comblement de la structure tout en enregistrant la répartition spatiale du mobilier archéologique.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 1997.
Compte tenu de l'érosion, la profondeur initiale devait être d'environ 2,40 m. Son aspect imposant était probablement renforcé par un talus.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 1997.
La succession des strates associée à la granulométrie des sédiments permet de restituer l'histoire du comblement de la structure.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 1997.
Écuelles, pot à décor digité, fusaïole.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 1997.
L'analyse des ossements montre qu'il s'agit d'une jeune femelle.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 1997.
L'analyse archéozoologique des ossements permet de cerner les orientations de l'élevage et les choix alimentaires.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 1997.
La nature des mobiliers déposés dans la tombe montre l'appartenance du défunt à l'élite gauloise.
Au Chemin de la Pierre, Aubigny (Somme), 2013.
Une enceinte monumentale
La structure la plus ancienne est un fossé aux dimensions notables, notamment en raison de sa profondeur. Il était probablement doublé d'un talus du côté est et doté d'une entrée principale particulièrement large.
L'ensemble forme une enceinte monumentale datant du début du IIIe siècle avant notre ère ; trois autres sites ressemblants sont connus dans la région amiénoise. Leur statut demeure néanmoins énigmatique, ainsi que celui de leurs fondateurs et de leurs occupants.
À une dizaine de mètres à l'est du fossé, les archéologues ont mis au jour un profond silo destiné au stockage du grain, ayant plus tard servi de dépotoir.
Le fossé d'enceinte d'Aubigny est définitivement comblé au cours de La Tène moyenne, vers la fin du IIIe siècle avant notre ère, après un siècle d'existence.
Alimentation carnée
La fouille du fossé et du silo a livré des tessons de céramique, très utiles pour dater les structures, ainsi que des restes de faune, à même de nous renseigner sur la consommation carnée des hommes ayant vécu là.
Classiquement, la part de gibier est faible (1% seulement, représenté par du lièvre, des oiseaux, du chat sauvage et des batraciens). À Aubigny comme ailleurs à cette époque, chiens et chevaux sont consommés, de même que de la volaille.