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Travaux et Recherches sur les Ateliers de Production d’Objets en Terre cuite Septentrionaux médiévaux et modernes (TeR A POTS)
Porteurs du projet : Sandrine Mouny et Vaiana Vincent
Participants : Agostini Hélène (Conseil Départemental Du Pas-De-Calais), Bocquet-Liénard Anne (Cnrs), Bossut Dominique (Inrap), Brunie Isabelle, Caloin Camille (Inrap), Challe Sophie (Awap), De Longueville Sylvie (Awap), Dewitte Orianne, Fronty Richard (Inrap), Galois Marjorie (Inrap), Hosdez Christophe (Inrap), Hugonnier Louis (Inrap), Lancon Mathieu (Inrap), Marcy Thierry (Inrap), Mouny Sandrine (Université Amiens Picardie Jules Verne), Routier Jean-Claude (Inrap), Thuillier Freddy (Inrap), Venries Lionel (Inrap), Vincent Vaiana (Inrap), Vistel Sandrine (Inrap), Willot Jean Michel (Conseil Départemental Du Pas-De-Calais)
Le programme collectif de recherche (PCR) TeR A POTS s’attache à définir et à caractériser les productions des ateliers de potiers du haut Moyen Âge à l’époque moderne sur les territoires belges et des Hauts-de-France. Les objectifs sont de constituer des outils typo-chronologiques comprenant des référentiels micro-régionaux de groupes techniques, de formes et de décors et de produire des connaissances actualisées sur les faciès céramiques couvrant ce vaste périmètre géographique.
Ce PCR est pensé en quatre années se répartissant en une année probatoire et trois années constitutives. Cette recherche se concentre tout particulièrement sur le matériel issu d’ateliers de potiers. En effet, les sites de production sont de véritables socles pour l’étude de la céramique médiévale. Il s’agit, le plus souvent de dépôts primaires, de quantités importantes, qui plus est, homogènes, dont la majorité - dans le cas de fours associés - bénéficie en outre de datations absolues (ce qui est rarement le cas dans les ensembles de consommation). Les catégories techniques sont généralement homogènes et locales, ce qui forme des marqueurs technologiques et géographiques très pertinents.
Périmètre géographique et chronologique
Le projet s’articule sur la région des Hauts-de-France et la Belgique. Ce choix géographique, certes large, constitue une réelle unité culturelle. Il s’agit d’une zone frontalière avec des entités politiques, administratives et même religieuses fortement imbriquées. De même, le choix d'une chronologie volontairement étirée, du Ve au XVIIe siècle, permet de s'émanciper des frontières épistémologiques préétablies par la discipline et autorise ainsi une vision globale de l'ensemble des problématiques. Cette amplitude permet aussi au PCR de prendre le pas sur un projet de recherche des collègues gallo-romanistes, dirigé par S. Willems et A. Ledauphin, qui a fait l’objet d’une publication récente de 2023 s’intitulant Atlas des productions céramiques en territoire des Ménapiens, Atrébates et Nerviens. Cette recherche était centrée sur les ateliers de potiers gallo-romaines du Ier avant J.-C. au Ve siècle de notre ère.

1. Cadre géographique du PCR.
DAO : V. Vincent, Inrap.
Dépouillement bibliographique
Le PCR a donc pour premier objectif un dépouillement transrégional de la littérature grise et d’anciens articles afin de rassembler et d’organiser une documentation encore très éparse. Le but étant de constituer le corpus le plus exhaustif possible de tous les ateliers de potier médiévaux. L’ensemble de la bibliographie est rassemblé dans un groupe Zotero, exploitable par tous. Cela permettra à quiconque de s’appuyer sur une base de données bibliographiques régionales largement référencées, avec des indicateurs (marqueurs) géographiques et chronologiques.

2. Groupe Zotero créé par le PCR TeR A POTS.
V. Vincent, Inrap.
Études d'archives
Étant donné la période considérée, on ne peut s’émanciper également d’un important travail en archive. Le principal objectif sera une approche toponymique voire anthroponymique. En effet, l’organisation des données par une approche cartographique est un pan important de la recherche. Ce travail toponymique se fait sur la totalité de la zone d’étude. En revanche, un dépouillement archivistique plus soutenu est réservé aux zones les moins bien documentées par les indices archéologiques comme le département de l’Aisne, par exemple, d’après un premier état de la recherche.
Base de données et référentiel typo-technochronologique
La création et la mise en place d’outils mutualisés est également essentielle pour homogénéiser et harmoniser les données afin de traiter au mieux l’information et d’avancer les premières synthèses. Une base de données (s’inscrivant dans la logique du site Iceramm) a donc été créée pour constituer des répertoires techniques et morphologiques. L’objectif scientifique commun est donc à échéance, de proposer un référentiel typo-technochronologique (tessonnier, répertoire des décors, corpus de formes) des productions céramiques des Hauts-de-France et de Belgique du haut Moyen Âge à l’époque moderne. Le projet, certes ambitieux, consistera en l’élaboration et à la mise en place d’outils, exploitables par tous, pour procurer à la communauté des archéologues médiévistes un outil opérationnel, basé sur des données fiables et homogénéisées.
Caractérisation de groupes techniques
Cette démarche vise à définir, à décrire et à caractériser les productions à partir des données intrinsèques de la céramique. Pour chaque lot témoignant d’une activité potière, il importe d’établir une analyse technique systématique du matériel. Cela consiste à caractériser les groupes techniques de chaque atelier d’abord à partir de critères observables à l’œil nu (technique de façonnage, traitement de surface et décor, couleur de la pâte et couleur de la tranche) et à la loupe binoculaire (nature, taille, densité et répartition granulométrique des inclusions). Chaque groupe technique fait en plus l’objet d’une photographie à la loupe binoculaire avec un grossissement x8, de son parement interne, externe et de sa tranche pour une identification facilitée par tous. Pour définir au mieux la nature des inclusions, la réalisation de lame mince sur certains ateliers sera effectuée. Les groupes techniques de chaque atelier font, dans la mesure du possible, l’objet systématique d’analyses physico-chimiques par le laboratoire du CRAHAM sous la conduite d’Anne Bocquet-Liénard.

3. Extrait du tableau des groupes techniques de l’atelier de Montreuil-sur-Mer, fin XVIe siècle.
V. Vincent, Inrap.
Analyse de l’évolution des formes, des types et morphotypes
Outre cette importante approche technique sur l’origine de l’argile et de son traitement (ajout ou non de dégraissants), des observations techniques et typologiques approfondies sont également entreprises. En plus d’un catalogue typologique raisonné de chaque atelier, il convient aussi de décrire chaque partie de la céramique (fond, panse, col, lèvre, élément de préhension et élément verseur) par morphotypes (par exemple, goulot ou verseur). Là aussi, seule une quantification précise de ces deux critères nous permet réellement d’analyser l’évolution des formes, des types et morphotypes dans le temps et l’espace. Les décors font également l’objet de descriptions précises ainsi que d’illustrations (photographie ou dessin en fonction de la pertinence). Ils sont placés dans un répertoire distinct.

4. Extrait du catalogue typologique de l’atelier de Montreuil-sur-Mer, fin XVIe siècle.
V. Vincent, Inrap.
Création d'un système d'information géographique sour QGIS
Cet important dépouillement bibliographique ainsi que la mise en place de ces répertoires raisonnés sont nécessaires pour appréhender les problématiques de ce projet de recherche. En effet, au-delà des données intrinsèques du matériel, une deuxième lecture est permise grâce aux informations extrinsèques : spatiales et chronologiques. Ces dernières données sont utilisées pour créer un SIG (à l’aide du logiciel Qgis) qui nous permettra d’avoir une vision et une réflexion plus large sur l’ensemble des ateliers et ainsi voir une évolution générale des techniques, des formes et des décors utilisés mais aussi des durées de production de chaque atelier.

5. Site en ligne (à accès restreint) du SIG du PCR TeR A POTS.