La construction de bâtiments liés à l’assemblage de l’avion A380 sur la commune de Blagnac a été l’occasion de mener plusieurs fouilles sur l’emprise de la ZAC Aéroconstellation en 2001.

Dernière modification
25 août 2017

Celle du lieu-dit Ganellou a révélé un établissement rural du deuxième âge du Fer. 

Un enclos trapézoïdal 

Le site de Ganellou se caractérise par un ensemble fossoyé qui s'organise autour d’un enclos trapézoïdal d'une surface de 7 000 m2. Du fait du décapage partiel du site, nous ignorons presque tout de la compartimentation de l'espace à l'intérieur de l'enceinte. Le plan du réseau montre des aspects originaux, comme la disposition et l'écart régulier des fossés, symétriques à celui fermant l’enclos au nord. L'espace interne est compartimenté en de longs couloirs relativement larges. Les interruptions des fossés ouvrent des passages qui semblent correspondre à un parcours raisonné. Celui-ci serait à rattacher aux tâches concernant la conduite du troupeau au pacage le matin et à la mise à l’abri le soir ; une partie de l’aménagement aurait ainsi pu servir de corral.

Une activité pastorale

La vocation principale du site serait donc l’activité pastorale. Le lot de faune exhumé est néanmoins trop restreint pour pouvoir tirer des conclusions quant à une éventuelle spécialisation du cheptel. Les restes de bovidés sont légèrement plus nombreux que les autres taxons, tels que la chèvre, le mouton ou le cheval. La présence de trois fragments de meules récupérés témoigne de la transformation des produits agricoles sur le site. Une autre activité domestique recensée est le tissage, en témoignent des fusaïoles et des pesons. L’artisanat est représenté par un atelier de forge situé à proximité du fossé ouest. Il est caractérisé par un four conservant l'amorce de la voûte et les déchets métallurgiques récupérés dans ce même fossé. La découverte d'un fragment d’os pariétal humain au fond du fossé ouest reste anecdotique et ne modifie pas le caractère d'habitat du site.

Un céramique abondante

Les 4 687 fragments céramiques exhumés ont permis de reconnaître les profils, partiels ou complets, de 212 vases. Parmi les productions indigènes, les vases à dégraissant très apparent représentent 75 % du total. Pour cet ensemble de céramiques grossières, les formes les plus courantes sont les jattes à bord rentrant, les vases à provisions et les vases fermés à profil globulaire. Ces derniers présentent souvent une surface extérieure peignée, parfois décorée d’un motif ondé réalisé avec un poinçon muni de trois ou quatre pointes. En ce qui concerne les céramiques tournées fines, les vases des différents sous-groupes se caractérisent par l'homogénéité de couleur des surfaces et des pâtes : on distingue ceux ayant subi une cuisson oxydante (surfaces rouges) ou bien une cuisson réductrice (surfaces grises ou noires).Les céramiques tournées fines représentent 8,3 % du total.

L’ensemble des productions céramiques importées d’ateliers italiques représente 4,16 %. Ont été identifiés des vases à vernis noir, des vases en céramique à pâte claire et des mortiers en céramique commune italique. L'ensemble du mobilier amphorique comporte 5 869 fragments. Après recollage des lèvres, le nombre d'individus recensé dans l’ensemble des fossés de l’enclos est de 89. Certaines amphores du site sont estampillées d’une ancre sur la lèvre ou d’un cercle, simple ou double, à la base de l’anse. Le comblement du puits, situé à l’angle nord-est de l’enclos, profond de 2,30 m, a livré un fond d'amphore retaillé et percé avec des traces d’usure de cordage. Il s’agit vraisemblablement d’une amphore réemployée pour puiser de l’eau.
 

Une ferme qui s’inscrit dans un ensemble

Le site de Ganellou n’était pas isolé : il avait des rapports avec d’autres sites proches aux dimensions variables et aux vocations diverses. Ensemble, ils exploitaient de façon organisée leur environnement. Le site de Raspide 1, équidistant d'environ 1 km de ces établissements, serait au cœur de cette organisation. L'ensemble céramique et les amphores vinaires italiques du type gréco-italique et Dressel 1A datent l’occupation de Ganellou du dernier quart du IIe siècle avant notre ère. L’abandon du site, au début du Ier siècle avant notre ère, est signalé par la présence des amphores du type Dressel 1C et Lamboglia 2.