Depuis 2019, les archéologues de l’Inrap fouillent au lieu-dit « les Bretelles », hameau de Sandrancourt, dans le cadre de l’exploitation d’une carrière de granulats. Une surface de 22 hectares en bord de Seine a été diagnostiquée en 2017, conduisant à la prescription de sept zones de fouille totalisant 11 ha et intègrant des occupations essentiellement mésolithiques, néolithiques et de l’âge du Fer. La zone 7 (6 462 m2), récemment fouillée, a permis l’étude d’un ensemble de structures de stockage datable (avant étude) de La Tène ancienne/moyenne. Par ailleurs, une fosse quadrangulaire (cellier ?) a livré un mobilier antique abondant et diversifié.

Dernière modification
29 octobre 2024

Les structures de stockage

La fouille de la zone 7 a permis d’identifier et fouiller pour l’essentiel un total de 67 structures de stockage de dimensions variées, creusées dans les sables et graviers, rassemblées en une forte concentration au centre de l’emprise. La faible quantité de céramique et de faune présente dans les comblements évoque une aire spécialisée dans la conservation des récoltes, à l’écart de l’habitat.


Sépultures en silo

Deux sépultures ont été installées dans le comblement de deux structures proches. Dans la première (silo 83), l’individu a été déposé sur le côté droit, tête tournée vers la droite (ouest). Les jambes sont fléchies, les bras tendus en avant. Il repose sur le dôme formé par une première phase de comblement du silo. L’absence totale de perturbation des ossements évoque un comblement de la structure après dépôt. Le sujet est un adulte mature (40-59 ans), de sexe féminin.

Dans la seconde (silo 84). l’individu est allongé sur le dos, la tête tournée vers la gauche (est). Il présente une hypertorsion de la colonne vertébrale, avec les jambes en extension mais retournées de façon à ce que les genoux et les pieds soient posés au-delà de la tête. Les bras sont fléchis, avec les mains qui se rejoignent sur le côté droit de la tête. Comme dans le cas de la sépulture du silo 83, le colmatage a été réalisé peu de temps après la dépose du corps. Le sujet est un adulte mature (40-59 ans), de sexe masculin.
 Aucun mobilier n’accompagnait ces deux sépultures.

Les dépôts d’animaux en silo

Des dépôts d’animaux entiers ou peu déstructurés ont aussi été découverts dans trois autres structures.
Dans un silo (39), deux à trois animaux encore à identifier ont été déposés ensemble au fond de la structure. Les restes déstructurés d’un ovi-capridé ont été placés à l’écart, au même niveau. Dans un second temps, un ovin et un suidé ont été déposés dans la partie supérieure du comblement.
Dans un autre silo (41), un ovin a été déposé dans la moitié supérieure du comblement. L’absence de perturbation du squelette indique un comblement rapide. Enfin, dans un troisième (27), un groupe d’au moins huit jeunes suidés reposent au fond du silo. Ce dépôt a été en partie fouillé lors du diagnostic.

La fosse antique 

Enfin, la fouille de la zone 7 a révélé également une fosse (35) quadrangulaire comblée de blocs calcaires, de 130 kg de fragments de tegulae et imbrex, de céramique antique et de fragments métalliques. Elle apparait comme une structure annexe liée à une occupation antique située hors emprise, au sud.

Des questions

L’étude de cette occupation viendra compléter les données collectées sur les secteurs fouillés précédemment. Elle conforte dès à présent l’image d’une mise en valeur à grande échelle des bords de Seine au second Âge du fer. La présence d’espaces dédiés au stockage, situés à l’écart de l’habitat, se caractérise par un mobilier céramique peu abondant et par la rareté de la faune rejetée. La zone 7 fouillée en 2024 se différencie en cela des zones 6 et 4, fouillées respectivement en 2022 et 2023.

La stricte contemporanéité des dépôts humains et animaux dans le comblement de structures de stockage est encore à établir. Ces pratiques, régulièrement observées pour ces époques, questionnent ici à nouveau sur le choix des individus et la réutilisation de ce type de structure.

 
 

Aménagement : Lafarge Holcim granulats Seine Nord
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Philippe Granchon, Inrap