Un atelier sidérurgique de la fin de l'époque gauloise - début de l'époque romaine à Neuville-sur-Sarthe, Sarthe.

Chronique de site
Dernière modification
19 février 2016

Le site de Houdouard, sur la commune d'Aigné, fait partie d'un ensemble de sites métallurgiques - mines et ateliers de réduction du minerai de fer -, mis en évidence au nord du Mans grâce à la construction de la LGV. Exploitée en pâture sans être labourée, la parcelle de 3 500 m² a révélé, sur 1200 m², les vestiges parfaitement conservés d'un atelier sidérurgique avec ses sols de travail, des foyers de cuisson du minerai de fer, au moins un bâtiment et quatre bas fourneaux. 

Une aire de travail bien délimitée

Lors de l'installation de l'atelier, le sol naturel a fait l'objet d'un aménagement spécifique. Ses limites sont bien identifiées, au sud, par l'absence de structures, à l'ouest, par un ensemble de fosses et à l'est, par un fossé. La limite nord-est se situe en dehors de l'emprise de la fouille.
Cette aire de travail se distingue également par la présence d'un sol d'occupation constitué de scories coulées concassées (déchets du travail métallurgique), de minerai grillé et de charbon de bois.

Quatre bas fourneaux

Au sein de cet espace, quatre bas fourneaux à utilisations multiples de même facture ont été découverts. Les deux premiers, situés au nord-est, se recoupent et sont incomplets. Ce recoupement atteste qu'il y a eu des évolutions au cours du temps d'utilisation de l'atelier. Les deux autres fours, situés au centre de l'espace artisanal, sont apparus dans un bon état de conservation.
Les bas fourneaux se composaient d'une cuve semi-enterrée (environ 1 m de diamètre) surmontée de cinq arrivées d'air et d'une cheminée . Un canal, aménagé au bas de la cuve, communiquait avec une fosse creusée en avant pour permettre l'écoulement des scories au fur et à mesure de l'avancée de l'opération de réduction. À la fin de l'opération de chauffe, la masse de métal brut était récupérée et le four, remis en service après d'éventuelles réparations.
Les datations réalisées sur des charbons de bois provenant des fours permettent de situer leur utilisation entre le Ier siècle avant notre ère et le Ier siècle de notre ère.

Des structures sur poteaux

Autour des creusets, les archéologues ont mis au jour des trous de poteaux. Six sont associés au bas fourneau central et quatre, à celui du sud-ouest. On peut imaginer ici la présence d'une structure de type palissade pour canaliser les vents et / ou d'auvent pour protéger le fourneau lorsqu'il ne servait pas.
Neuf autres trous de poteaux correspondent à un bâtiment se développant vers le sud-est, dans le prolongement du bas fourneau central. Il a pu abriter le stockage des matériaux utiles aux opérations de réduction (minerai, minerai grillé, charbons de bois...). D'autres ensembles de poteaux, dont les plans sont moins facilement lisibles, pourraient correspondre à des structures similaires.

Des foyers de préparation du minerai

La fouille a permis de mettre au jour un certain nombre de foyers ouverts dans lesquels le minerai de fer brut était chauffé pour être ensuite concassé. Cette opération était effectuée avant l'étape de la réduction dans les bas fourneaux.

Des fosses d'extraction de l'argile

Les grandes fosses qui ponctuent la périphérie de l'espace de travail résultent sans doute de l'extraction d'argile, nécessaire à la construction des fours. Elles ont été comblées, dans un second temps, par les déchets métallurgiques.

Une charbonnière médiévale

En dehors des limites de l'atelier sidérurgique, la fouille a révélé ce qui semble correspondre à une charbonnière (endroit où était produit du charbon de bois). D'après des analyses radiocarbones, elle aurait fonctionné entre la fin du VIIe siècle et le milieu du IXe siècle, attestant la fréquentation du lieu bien longtemps après l'abandon de l'atelier.