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À Tréméven, la longue histoire d’un domaine rural (Côtes-d'Armor)
Les fouilles de l'Inrap visent à restituer l’histoire d’un domaine rural dont l’occupation s’est pérennisée pendant près de 2000 ans, depuis la création d’un établissement agricole durant le second âge du Fer jusqu’à l’abandon, au XVIe siècle, d’un château de la haute noblesse bretonne : les Coëtmen. Le chantier ouvre exceptionnellement ses portes dimanche 22 septembre aux Journées européennes du patrimoine.
Dans le cadre d’un projet d’extension de carrière porté par l’entreprise Rault, un important programme de fouilles archéologiques préventives a été engagé en 2023 et 2024 sur le site de Coatmen, au sud-ouest du bourg de Tréméven (Côtes-d’Armor). Le site s’inscrit sur un plateau bordant le Leff, dominé par un petit promontoire. Il se place à proximité d’une voie ancienne importante qui reliait, durant l’Antiquité, les agglomérations du Yaudet et de Saint-Brandan, puis au Moyen Âge les évêchés de Tréguier et de Saint-Brieuc. Les fouilles menées en 2024 s’étendent sur 7 hectares.
Dégagement des fondations de bâtiments au sein de l’habitat antique. Au premier plan, une des tombes de l’âge du Bronze apparue sous les niveaux de construction.
© Sandrine Barbeau, Inrap
Un espace funéraire de l’âge du Bronze ancien et une ferme gauloise
Si les premiers grands aménagements du territoire n’apparaissent qu’au cours de l’âge du Fer, le site est ponctuellement occupé dès la fin de la préhistoire. Durant l’âge du Bronze ancien (entre 2200 et 1600 av. J.-C.), le promontoire de Coatmen tient notamment une fonction funéraire, comme en témoigne une petite nécropole identifiée au sud-est du site (secteur 2A). Sept tombes s’organisent au sein d’un espace de 50 m². La plupart des sépultures conservent un chemisage de pierres ayant servi à caler un cercueil en bois.
Au cours du second âge du Fer, une ferme est aménagée au nord de l’ancienne nécropole (secteur 2A). Un petit enclos fossoyé de plan quadrangulaire est fondé au IIIe siècle av. J.-C. À l’intérieur de l’enclos, des bâtiments de terre et de bois (habitations, dépendances agricoles et artisanales) s’organisent le long des talus. Aux abords de l’habitat, de petits fossés délimitent des espaces de circulation ainsi que diverses parcelles agricoles destinées aux cultures et à la gestion du bétail.
Vue aérienne de la ferme gauloise à l’issue du décapage.
© Loruena Contu, Inrap
Une villa gallo-romaine
Au cours du Ier siècle de notre ère, l’ancienne ferme gauloise est abandonnée au profit d’un nouvel établissement aménagé en hauteur, à l’emplacement de l’ancienne nécropole. Un autre enclos est alors fondé. L’habitat, très partiellement appréhendé par la fouille, révèle plusieurs phases de constructions sur poteaux de bois et fondations de pierre. Les structures découvertes esquissent les abords d’un établissement de type villa, dont l’occupation semble se maintenir jusqu’au IVe siècle.
Vue aérienne de l’habitat antique.
© Loruena Contu, Inrap
À environ 500 m au nord-ouest, un autre enclos est aménagé à la fin de l’Antiquité, à l’écart du domaine. La nature exacte de cette occupation est incertaine : s’agit-il d’une dépendance agricole de la villa ? d’une structure indépendante ? Son installation constitue en tout cas les prémices d’une occupation qui va progressivement prendre de l’ampleur.
Habitat antique en cours de fouille.
© Sandrine Barbeau, Inrap
Deux occupations du premier et du second Moyen Âge
Durant le premier Moyen Âge (Ve-XIe siècle), un important réseau fossoyé se développe sur le secteur 2B, marquant une nouvelle dynamique d’occupation. Des enclos de différentes tailles cernent des espaces à vocation domestique, artisanale et agricole. Si seuls de rares indices signalent la présence de maisons (généralement repérables par un simple alignement de poteaux, l’angle d’un mur ou un foyer aménagé), les nombreuses structures de combustion découvertes sur le site dévoilent une activité domestique et agricole particulièrement intense. À partir du XIe siècle jusqu’au XVe siècle, les traces d’occupation se concentrent plus au sud, sur une des zones les plus élevées du site. De nouveaux vestiges (bâtiments de terre et de bois, fours et foyers, fosses dépotoirs) se développent cette fois dans un cadre plus ouvert. Un petit ouvrage fossoyé semi-circulaire est fondé sur le rebord du plateau dominant le Leff. Cet enclos d’environ 400 m² pourrait correspondre à une structure défensive, antérieure ou contemporaine du château.
Au sein de l’habitat médiéval, de profondes tranchées soigneusement aménagées sont destinées au traitement des céréales (séchage et maltage avant conservation ou utilisation).
© Joseph Le Gall, Inrap
Des visites guidées à l’occasion des Journées Européennes du patrimoine
Le temps d’une journée, les archéologues de l’Inrap se mobilisent pour restituer les principaux résultats de ces recherches en cours. L’occasion, pour petits et grands, de découvrir les vestiges mis au jour, mais aussi de rencontrer les archéologues, participer à des ateliers et explorer les multiples facettes de l’archéologie.
Dimanche 22 septembre de 10h30 à 17h30
Départ des visites toutes les 30 minutes. Gratuit – Prévoir de bonnes chaussures, il y a un peu plus d’un kilomètre de marche sur le chantier.
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Michel Baillieu, Inrap
Responsables scientifiques : Sandrine Barbeau, Joseph Le Gall et Alexandre Mahé, Inrap