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Premier site antique mis au jour sur la commune de Bastia
Dans la commune de Bastia, les archéologues de l’Inrap ont révélé les vestiges de deux maisons datant de la fin de l’Antiquité (IVe-VIe siècle de notre ère), un témoignage très rare pour la période qui permet d’approfondir les connaissances sur l’occupation antique de la Corse.
Préalablement à la construction d’un habitat résidentiel, la prescription d’une fouille archéologique par les services de l’État (Drac de Corse) a permis de mettre au jour un ensemble de vestiges antiques remarquables dans la commune de Bastia. Ces travaux sont pris en charge à 100 % par l’État par le biais du fonds national pour l’archéologie préventive (Fnap).
Un habitat familial remarquable
Révélé par un agent du Service régional de l’archéologie, le site occupe les premières terrasses qui dominent la plaine littorale bastiaise. La fouille en cours d’achèvement a révélé deux habitations caractérisées, l’une et l’autre, par la présence d’un imposant foyer bâti qui confirme leur vocation domestique. L’un d’eux, par son plan carré et sa position quasi centrale dans la pièce, pourrait constituer un lointain ancêtre du fucone, le foyer traditionnel corse. Alors que l’une des deux maisons est d’aspect modeste, la seconde se distingue par le soin apporté à sa construction et l’originalité de son plan architectural. Cette habitation, dans un état de conservation remarquable, se définit par une grande pièce presque carrée autour de laquelle se répartissent des annexes, dont une pièce en enfilade de type galerie. Au-devant de cet ensemble, une cour enclose se développe sur trois paliers qui constituent un accès, au caractère ostentatoire, à la pièce carrée. Un ensemble d’éléments qui laisse présumer la présence en ce lieu d’une famille de la classe dirigeante.
Un témoignage précoce de genèse du système villageois en Corse ?
Ce site livre un rare exemple d’unités domestiques pour la fin de l’Antiquité en Corse (IVe -VIe siècle de notre ère), époque pour laquelle les édifices religieux sont mieux documentés. Une telle organisation semble annoncer un phénomène mieux caractérisé pour la période médiévale : l’émergence de structures d’habitat centrées sur la pièce à vivre ; unités familiales circonscrites dont le regroupement est à l’origine du processus de formation villageoise. Par l’originalité de son plan, l’une des deux maisons fouillées pourrait se rapprocher de certains exemples de maisons-tours connus pour la fin de l’Antiquité en Méditerranée orientale et en Afrique du Nord. De telles demeures de notables ont-elles été édifiées en Corse, à une époque d’intenses relations avec l’Afrique ? Les textes attestent notamment, dans la seconde moitié du Ve siècle, l’exil sur le territoire insulaire d’évêques africains bannis par les rois Vandales. La fin de la fouille et l’étude prochaine des données de terrain alors collectées devraient permettre de préciser ces hypothèses.
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Samuel Longepierre, Inrap

Vue d'ensemble de la maison 2
Roland Haurillon, Inrap

Le foyer carré de la maison 2
Roland Haurillon, Inrap

Vue de la fouille de la maison 2
Roland Haurillon, Inrap

Vue de la fouille de la maison 2
Roland Haurillon, Inrap
Archéologie préventive en Corse
En Corse, les archives terrestres constituent un ensemble patrimonial particulièrement emblématique et vulnérable. Leur étude et leur préservation justifient des mesures de conservation adaptées mis en place depuis plusieurs années. Les moyens humains et financiers sont aujourd’hui sans précédent. Ils contribuent aussi au renouvellement des connaissances sur le passé le plus lointain de l’île jusqu’à la période moderne. Sous la responsabilité de L’État (Drac), l’archéologie préventive en Corse liée à l’aménagement du territoire est aujourd’hui comparable à celle de certaines régions métropolitaines, comme l'attestent récemment une série de découvertes exceptionnelles en Haute Corse : sanctuaire de Mithra à Lucciana, implantation du milieu de l'âge du Fer à Vescovato et tombe étrusque en hypogée à Aleria-Lamajone. Elle permet de renouveler nos connaissances sur l’histoire de l’île et de sensibiliser le grand public à travers la valorisation des résultats au sein de ses quatre musées d’archéologie labellisés musée de France.