Moulay

Lors de la première phase, 4,5 km linéaires ont été prospectés à 7 %. Environ 2,2 ha ont été décapés. L'oppidum de Moulay qui occupe une douzaine d'hectares est situé à la confluence de la Mayenne et de l'Aron.

L'éperon est barré par un talus monumental qui mesure encore aujourd'hui une vingtaine de mètres à sa base pour au moins 6 m de hauteur. Le rempart et l'intérieur de l'enceinte ont fait l'objet de fouilles au début des années 1970. Elles ont montré que la fortification remontait à la toute fin de l'Indépendance (seconde moitié du Ier s. av. J.-C.) et que l'enceinte abritait un habitat de La Tène finale. Par ailleurs, des sarcophages et quelques structures liées à un habitat du haut Moyen Âge ont également été relevés. L'église Saint-Martin de Moulay, construite exactement au centre de l'oppidum, conserve une nef dont les maçonneries (appareil et arc en brique) évoquent plus la réutilisation d'un bâtiment antique qu'une construction du haut Moyen Âge. Au début des années 1970 également, près de 200 meules et fragments de meules de La Tène finale ont été découverts à 800 m au nord-est, au Grand Mesnil. L'opération de diagnostic archéologique engagée en début d'année concerne une partie du contournement de la ville de Mayenne située quelques kilomètres plus au nord. Le projet avait l'intérêt de contourner l'éperon barré de Moulay par l'est en franchissant l'Aron légèrement plus en amont. Les sondages ont permis de mettre en évidence une autre enceinte beaucoup plus vaste. En effet, un second rempart reliant les deux rivières plus en amont a été repéré, scellé sous un chemin qui marque les limites des paroisses de Saint-Martin de Moulay au sud et de Saint-Martin de Mayenne au nord. Séparée par 1 200 m du premier rempart, cette fortification inédite enserre environ 135 ha. Le tracé de la rocade traverse cette zone sur plus de 1 300 m et les sondages ont révélé des traces d'occupation de la fin de La Tène sur près d'1 km de longueur et sur une emprise d'une quarantaine de mètres de largeur. Les nombreux fossés repérés, et dont l'organisation générale est difficile à apprécier, livrent un mobilier céramique parfois abondant et souvent accompagné de fragments de torchis sur clayonnage. Ce type d'association se rencontre habituellement dans des contextes d'habitat. Les trous de poteau sont pourtant restés assez rares et mal conservés. Des traces d'activités artisanales sont présentes au travers de pesons de métier à tisser et surtout de deux creusets découverts à 800 m l'un de l'autre. Ils ont été recueillis dans des vidanges de fours ou de foyer rejetées dans les fossés. À ces creusets, il faut ajouter l'atelier de meules du Grand Mesnil situé dorénavant à l'intérieur de la grande enceinte ainsi qu'un fragment de moule de bronzier destiné à couler deux bracelets godronnés découvert en 1972 au cours des fouilles du petit oppidum. L'opération de fouille qui devrait suivre offre l'opportunité d'étudier l'organisation générale de cet oppidum qui, par sa surface enclose et sa situation sur la rivière la Mayenne, prend dès lors une place majeure pour la région à La Tène finale. Avec l'emprise concernée par le tracé de la rocade, environ 4 ha, l'opération devrait permettre une fouille extensive comprenant le rempart et une large partie de l'oppidum. Au travers de cet exemple, la question de la proto-urbanisation des oppida pourra sans doute être reposée. D'autre part, le mobilier relativement abondant recueilli au cours de ce diagnostic et celui issu de la fouille à venir devraient apporter des résultats majeurs sur les activités et les échanges qui caractérisent habituellement ces sites de la fin de l'Indépendance. Les données chronologiques seront par ailleurs primordiales. Il s'agira notamment de dater le grand rempart de Moulay, son type, et de cerner les traces d'occupation les plus tardives au sein de cette grande enceinte en sachant que Jublains, chef-lieu de cité des Diablintes, ne se situe qu'à une dizaine de kilomètres de là...