L'opération s'est déroulée au lieu-dit Loustalet, dans la commune de Pouydesseaux, sur la bordure orientale du parc naturel régional des Landes de Gascogne.

Dernière modification
10 mai 2016

Le site est implanté à l'extrémité d'un promontoire peu élevé délimité par le ruisseau de Corbleu au sud et par le thalweg du Nautet au nord. Des structures sépulcrales ont été découvertes, aménagées dans le substrat composé de sables jaunes et dans des niveaux correspondant à la phase finale de comblement d'un paléo-thalweg aujourd'hui presque totalement effacé.


La fouille du site de Loustalet a permis l'étude, sur une surface de 12 150 m², d'une nécropole à incinérations du premier âge du Fer (zone 1) et d'un secteur d'activités médiévales (zone 2).

Pratiques et gestes funéraires

Dans une grande partie de l'Europe tempérée du premier âge du Fer (début du VIIIe-milieu du Ve siècle av. J.-C.), l'incinération est très répandue. Cette pratique, héritée de la fin de l'âge du Bronze, consiste à brûler le corps du défunt sur un bûcher, à recueillir une partie plus ou moins importante de ses ossements dans un récipient en terre cuite ou en métal, et à déposer cette urne, accompagnée ou non de mobilier, le plus souvent dans une fosse creusée à cet effet. La tombe peut ensuite être recouverte d'un tertre de terre, de sable ou de pierres, pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de diamètre. Plusieurs cimetières des âges du Fer ont pu être étudiés en Aquitaine, et plus particulièrement dans les Landes. Certains, telle la nécropole de Mouliot, à Laglorieuse, ou celle de Treize Pouys, à Sarbazan, ont livré des dizaines de tombes dont les datations s'échelonnent du début du premier âge du Fer aux premiers temps du second.

Les structures funéraires : « tombes plates » ou tumulus ?

Les tombes se présentent sous la forme de fosses circulaires d'environ 1 m de diamètre et dont les profondeurs conservées peuvent varier entre 30 et 50 cm. Chaque fosse comporte un comblement homogène et meuble, constitué par le sable issu du creusement ou par un sédiment brun contenant quelques rares charbons de bois. Lorsque les fosses ont été comblées par le sédiment issu du creusement, il est très difficile, voire impossible, de distinguer la forme et les dimensions exactes de la tombe.
Il n'existait, apparemment, aucun système permettant de signaler l'emplacement d'une tombe au sein de la nécropole (aucune trace de poteau isolé ou de construction en bois, ni d'aménagement de pierres). Seule la sépulture S42 était circonscrite par une couronne discontinue de pierres. Les blocs exogènes de calcaire coquillier étaient disposés de chant ou à plat ; répartis en fonction de leur couleur, blanche ou rose, ils participent à une certaine mise en scène de l'espace funéraire. Le dépôt, à peu près au centre du monument, se composait d'une urne, de son couvercle et d'un vase accessoire en terre cuite, d'une lance dont ne subsistent que les parties en fer, et d'une fibule en fer à double ressort orné de disques en bronze. Les observations macroscopiques menées sur le terrain semblent exclure l'hypothèse d'un tertre de sable (étude micromorphologique en cours). La couronne de pierre ne jouerait pas ici un rôle de rétention de la masse du tertre, mais servirait davantage à marquer l'emplacement de la tombe et à séparer symboliquement le monde des vivants de celui des défunts.
Quelques fosses, découvertes isolées ou à proximité de tombes, pourraient également revêtir une fonction funéraire. Il s'agit de structures dont la forme et les dimensions sont similaires à celles ayant livré des dépôts funéraires. Leur comblement se compose de sédiments sableux, extrêmement gras et noirs, comportant des charbons de bois et quelques esquilles osseuses, mais aucun artefact. Ces fosses pourraient correspondre à des sépultures particulières, à moins qu'elles n'aient tout simplement servi à recueillir le reste du bûcher. Des lambeaux de sols présentant des fragments de céramiques écrasés en place ont également pu être fouillés.

Les dépôts funéraires

Les restes incinérés du défunt sont systématiquement recueillis dans un récipient en terre cuite. Dans la plupart des cas, l'urne adopte une forme ovoïde reposant sur un fond aplati (S87-2, S100-2) ou sur un petit pied creux (S42-2, S88-2, S89-2). Elle peut être ornée de cannelures horizontales et jointives (S42-2, S89-2) ou de petites bossettes reparties sur la partie la plus large de la panse (S100-2, S128-1). Dans sept cas sur douze, un plat creux tronconique, également en terre cuite, fait office de couvercle. Celui de la tombe S155 possédait un bord muni de deux perforations pouvant servir à le suspendre. Ces récipients possèdent des fonds plats et des parois rectilignes ou sinueuses, et sont généralement employés comme vases de présentation mais utilisés ici pour recouvrir les urnes. Le dépôt peut être complété par un vase accessoire de forme globulaire (S37-3, S42-3) ou cylindrique (S89-3). Ces petits récipients individuels s'apparentent à des vases à boire et ont pu participer à l'équipement personnel du défunt. L'absence de gobelet en terre cuite dans certaines tombes pose la question de l'utilisation de récipients en matière périssable.
Parmi les douze sépultures fouillées, six ont livré du mobilier métallique. Ces mobiliers correspondent principalement à des éléments de parure (fibules, torques, bracelets, brassard) ou à de l'armement (épée à antennes, lances). Deux sépultures ont livré des dépôts exceptionnels par leur richesse et leur état de conservation. La sépulture 89 contenait, outre un triple dépôt de poteries, un amas d'objets métalliques oxydés regroupant une épée à antennes et son fourreau, qui avait été brisé avant enfouissement, une pointe et un talon de lance en fer, tous deux à douille, et plusieurs fibules en fer et alliage cuivreux. Cet assemblage, plutôt masculin, peut être assimilé à la panoplie du guerrier celte. La sépulture 155 ne contenait quant à elle que des éléments de parure : un torque orné de cannelures longitudinales et transversales, deux bracelets ornés de cannelures et d'incisions, une boucle de ceinture en alliage cuivreux, au moins deux fibules en fer et alliage cuivreux, ainsi qu'une fusaïole en terre cuite. Si les conditions taphonomiques ont favorisé la bonne conservation des mobiliers céramiques et métalliques (terrain abondamment drainé et contraintes mécaniques très faibles), nous ne disposons en revanche que de peu d'informations sur les objets en matériaux périssables, tels que le bois ou le cuir. Ces éléments sont néanmoins à prendre en compte, notamment pour la poignée de l'épée ou son fourreau.
Le mobilier céramique et métallique s'intègre parfaitement dans un contexte chronologique de la phase finale du premier âge du Fer (Hallstatt D2/D3). Si les contenants en terre cuite se rattachent aux faciès aquitains (en particulier au groupe landais défini à la fin des années 1970 par Jean-Pierre Mohen), les objets en alliage cuivreux semblent attester des relations avec les Pyrénées et le sud-est de la France, notamment le Languedoc.

La zone 2

D'autres structures ont été mises au jour dans le secteur nord de la fouille. La découverte d'une aire de stockage de matière première, de plusieurs kilogrammes de scories, de battitures et de quelques petits objets indéterminés en fer permet d'avancer l'hypothèse d'une zone d'activités dévolue à la métallurgie du fer. Deux bâtiments sur poteaux de bois pourraient appartenir à cette phase de l'occupation du site. Les tessons de céramique découverts dans ce secteur appartiennent à un contexte du Moyen Âge.