Vous êtes ici
Les Perrières
Une halte de chasse néolithique et une exploitation agricole du Haut-Empire à La Cropte, Mayenne.
Le lieu-dit les Perrières, situé sur la rive gauche d'un méandre de la Vaige, a révélé des traces de deux occupations différentes, l'une remontant au Néolithique, l'autre à l'époque romaine (premiers siècles de notre ère).
Les Perrières, La Cropte (Mayenne), 2012.
Les Perrières, La Cropte (Mayenne), 2012.
Les Perrières, La Cropte (Mayenne), 2012.
Les Perrières, La Cropte (Mayenne), 2012.
Deux occupations humaines
Les structures archéologiques mises au jour correspondent à deux occupations humaines distinctes : une présence attestée dès la Préhistoire, puis une occupation antique.
Une halte de chasse au Néolithique
La première trace du passage de l'homme à La Cropte remonte à la fin de la Préhistoire, plus précisément au Néolithique. En Europe, le Néolithique s'étend de 6000 à 2000 environ avant notre ère. Les archéologues ont mis au jour de l'outillage en silex et des éclats de taille liés au dépeçage du gibier. Ces indices permettent de qualifier le site des Perrières de halte temporaire sur un territoire de chasse. Cette hypothèse est renforcée par la présence de quatre fosses-foyers associées aux traces d'un petit bâtiment, type cabane, construit sur six poteaux en bois. La présence de charbon de bois dans les comblements a permis d'effectuer des datations radiocarbones, validant les observations réalisées sur le terrain et confirmant la période de l'occupation.
Une implantation agricole du Haut-Empire
La deuxième occupation du site des Perrières concerne la période romaine. Les vestiges archéologiques découverts correspondent à une occupation antique des Ier et IIe siècles de notre ère, soit l'époque du Haut-Empire. La fouille a révélé une trame de parcelles se coupant à angles droits orientées nord-nord-est/sud-sud-ouest, des ensembles de négatifs de poteaux dont les calages ont été conservés, une série de fosses ayant servi de dépotoirs et un silo. Les vestiges témoignent d'une implantation humaine plutôt modeste, certainement liée à des pratiques agricoles. Le site se prolonge indiscutablement hors de l'emprise de la fouille, les vestiges découverts sont donc à intégrer dans un ensemble plus complexe et cohérent.
Le mobilier archéologique antique
La richesse du mobilier archéologique prélevé sur l'occupation gallo-romaine est étonnante en contexte rural et pose question sur la nature du site. La fouille des structures archéologiques a en effet livré des fragments de vaisselle en verre, verre mosaïqué et verre coloré, et des morceaux de coupes côtelées en verre bleu. La vaisselle en céramique est représentée par des céramiques à parois fines, des sigillées de l'époque flavienne, des Terra Nigra de la seconde moitié du Ier siècle et des amphores gauloises. L'ensemble reflète une vaisselle d'une certaine qualité.
Un jeu de latroncules
Un ensemble de onze pions en schiste gris a été mis au jour. Il s'agit d'un jeu de latroncules qui révèle les loisirs des hommes de l'époque romaine. Le jeu latroncules nécessitait l'utilisation de petits pions, parfois pointés pour distinguer les joueurs, d'un jeton-chef de plus grande taille et de couleur différente, et d'un pion en terre cuite. Ce jeu était très en vogue dans le monde romain. Sa présence sur le site des Perrières montre l'impact de la romanisation jusque dans un secteur reculé de la Gaule, et ce dès le Ier siècle. À l'époque antique, le site des Perrières est établi en limite de territoire Diablintes-Cénomans (deux peuples gaulois), à quelques kilomètres au sud de la voie antique Le Mans - Rennes. Le site est localisé à l'est d'Entrammes (situé à 16 km) et au sud de Jublains (distant de 33 km). Ces deux importantes agglomérations à l'époque gallo-romaine ont probablement joué un rôle de relais de la romanisation pour le territoire.