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Le Mans : archéologie de la virée de Galerne
Une équipe de l'Inrap fouille actuellement, sur prescription de l'État (DRAC Pays-de-la Loire), l'emplacement du futur espace culturel des Jacobins dont la ville du Mans est maître d'ouvrage.
Les archéologues exhument les victimes des combats meurtriers des 12 et 13 décembre 1793. Cet épisode des guerres de Vendée, connu par les textes, était inconnu du point de vue de l'archéologie, aucun charnier lié à cet événement n'ayant fait l'objet d'une étude archéo-anthropologique.
La virée de Galerne et la bataille du Mans
La bataille du Mans est un épisode important de « la virée de Galerne » au cours de la première guerre de Vendée. La galerne désigne le vent du Nord-Ouest et caractérise ici et pour les Vendéens les pays au Nord de la Loire. La virée de Galerne débute le 18 octobre 1793, au lendemain de la défaite de Cholet. Elle s'achève par l'anéantissement de l'armée catholique et royale dirigée par Henri de la Rochejacquelin, généralissime de 21 ans, à Savenay, le 23 décembre 1793, par les troupes de Kléber.
Archéologie d'une catastrophe
La majorité des fosses a été condamnée par une épaisse couche de chaux vive. La disposition anarchique des corps évoque un charnier creusé dans l'urgence, sans réel geste funéraire.
Hormis plusieurs adolescents, les sujets inhumés sont tous des adultes tant hommes que femmes.
De nombreux corps portent les stigmates osseux de combats violents à l'arme blanche : fractures, incisions nettes, mandibule tranchée, maxillaire coupé, omoplate percée... Les impacts d'armes à feu sur l'os sont minoritaires mais bien présents, confirmés par la découverte de balles et de clous révélateurs de tirs à mitraille.
Anthropologie des combats
Anthropologie d'une population
En 2005, l'Inrap avait exhumé le camp napoléonien d'Étaples (1803-1805), établi par la Grande Armée en vue de la conquête de l'Angleterre. Aujourd'hui un important épisode de la Révolution est éclairé par cette découverte archéologique majeure. Les recherches entreprises au Mans sont une occasion exceptionnelle d'appréhender le comportement d'une société face à une crise (en l'occurrence des milliers de morts jonchant les rues de la ville), de percevoir la nature des combats à travers la traumatologie, et de mettre en évidence le recrutement démographique des engagés dans ce conflit révolutionnaire.
Les sépultures « de crise » ou « de catastrophe » sont un thème de recherche novateur en archéologie des temps modernes. Après les charniers de Vilnius (Lituanie) et de ceux de Kaliningrad (fédération de Russie), l'Inrap fouillera prochainement à Borisov, en collaboration avec l'Institut d'histoire de l'académie des sciences de Biélorussie à Minsk, l'emplacement des pontons construits sur la Bérézina par la Grande Armée lors de la retraite de Russie en novembre 1812.
Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
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