À Venette, Oise, un diagnostic avait été réalisé en 2002 par Frédéric  Joseph/Inrap et avait mis en valeur l'existence d'une ferme gallo-romaine et de fossés protohistoriques.

Dernière modification
10 mai 2016

Le décapage prescrit par le SRA a porté sur une surface de 2,6 ha. Les modalités de la fouille ont suivi une procédure classique. Des sondages ont été réalisés systématiquement sur l'ensemble des fossés tous les 10 m. En parallèle, était menée la fouille manuelle des divers bâtiments et structures particulières (fours, structures de combustion...).

Des prélèvements ont été tamisés sur différentes structures afin de vérifier la présence de graines. Pouvoir réaliser durant la fouille ce premier travail a permis d'orienter les éventuels prélèvements complémentaires et d'éviter la gestion de stocks importants de sédiments. En fin de fouille, les fossés ont été curés exhaustivement par petite passe pour la ferme gauloise et pour moitié pour la ferme gallo-romaine. Il faut rappeler que seule une fouille exhaustive peut apporter des informations pertinentes sur l'interprétation de ce type d'établissement.

Le Bois de Plaisance II
Venette/Le Bois de Plaisance
Plan de fouille phasé. P. Maquet, P. Hébert/Inrap.

L'occupation laténienne paraît élaborée puisque trois enclos emboîtés se distinguent. Le plus petit (A) mesure environ 2 020 m2. De forme quadrangulaire, il montre de légers renflements centraux au niveau des côtés nord et sud. C'est à ces endroits que des entrées, larges de 2 m au minimum, sont disposées. Deux concentrations de trous de poteaux témoignent de l'existence de constructions dans la moitié occidentale de l'enclos, près du bord des fossés. Toutefois, leurs plans restent incomplets. Le curage du fossé oriental a livré la plus grosse quantité de mobilier du site, mais aucune trace conservée de constructions n'existe à proximité. Le deuxième enclos, toujours irrégulier (B), s'appuie sur le précédent. Une ouverture principale, de près de 5,50 m de large, a été aménagée en profitant de l'angle du premier enclos cité. Cinq édifices s'inscrivent dans l'espace de 2 010 m2 délimité par les fossés dont ils sont distants de 4 m. L'hypothèse d'un talus interne peut une nouvelle fois être avancée.

Trois bâtiments, de plan carré et de faible surface, peuvent être assimilés à des greniers. À moins de 8 m de l'entrée, on observe un vaste édifice sur 6 poteaux (conservés sur 10 cm de profondeur !) alors qu'une dense concentration d'une dizaine d'autres poteaux plus imposants rend compte d'une construction particulière mais au plan improbable. Enfin, le dernier enclos (C), incomplet, s'imbrique dans les autres. Les 4 425 m2 supplémentaires donnent à l'ensemble une surface minimale d'environ 8 450 m2. Un accès existe à l'ouest, dont la largeur dépasse 3 m. Un second passage a été repéré à l'angle sud-ouest. On notera que cet enclos est subdivisé probablement par un petit fossé (C') qui s'aligne sur un tronçon préexistant. Les fossés sont larges de 0,60 à 1 m et profonds de 0,40 à 0,70 m pour un profil à parois inclinées et à fond plat. Le comblement se résume souvent à deux strates. Aucune structure telle que fosse, silo ou puits n'a été repérée. L'examen préliminaire du mobilier, qui se concentre dans la couche inférieure du remplissage, indique des rejets détritiques traditionnels : céramique, faune, torchis, pierres chauffées. On y retrouve des objets usuels : fusaïoles, pesons en terre cuite ou en calcaire, fragments de meules en pouding. L'attribution chronologique place cette occupation à La Tène finale D1. Un hiatus existe ensuite, la ferme gallo-romaine débutant au Ier s.

Toutefois, il faut signaler plusieurs segments de fossés recoupés par l'enclos mais qu'il reste délicat d'attribuer plus précisément à une époque. La ferme antique se met en place dès le Ier s. et se matérialise par un enclos sans ouverture parallélépipédique (185/180 x 77/85 m). La surface enclose avoisine 1,48 ha. Près de l'angle sud-ouest existe peut-être un dépôt de fondation puisque sur un vase en terra rubra complet était déposée une mandibule de bovidé (?). Ce fossé principal mesure d'1 à 1,60 m de large pour 0,60 à 0,75 m de profondeur, le profil étant proche d'un V. Il est utilisé comme dépotoir encore au IIIe s. Cette très longue durée d'utilisation implique des curages réguliers comme à l'accoutumée sur ce type d'établissement. Le découpage interne est limité essentiellement à la partie centrale où de nombreux réaménagements traduisent une dynamique importante qui reste à expliquer. Dans cette zone se retrouvent plusieurs types de structures de combustion. Certaines s'assimilent à des fours bilobés, d'autres, quadrangulaires et rubéfiées sur les parois et le fond, restent plus délicates à interpréter (séchoirs ?). La zone d'habitat paraît se situer à proximité. Malgré la mauvaise conservation des vestiges due au phénomène d'érosion, plusieurs traces de bâtiments sont interprétables soit directement (solins, tranchées de fondation) soit indirectement (présence de caves ou de celliers).

À ce propos, deux celliers tardifs, datés du début du IVe s., mais situés en périphérie de l'installation, ont été observés. En dehors de cette époque, l'ensemble des constructions paraît perdurer dans la partie centrale même si une évolution dans les modes architecturaux semble prévaloir. À l'ouest de la ferme, une vaste dépression de 200 m2, au fond peu profond et en légère pente, peut sans doute être interprétée comme une mare (empierrée sur son fond) qui servira aussi de dépotoir ultérieurement. Dans l'angle sud-ouest, on note qu'une subdivision interne a été aménagée. Comme pour la Protohistoire, il n'existe pas de puits. Actuellement la nappe phréatique est estimée à 20 ou 30 m de profondeur. Toutefois, à l'angle nord-est, un important creusement jouxtant l'angle du fossé principal et profond de plus de 2 m pourrait correspondre à une citerne. Son positionnement dans la zone la plus basse du site peut confirmer son rôle de récupérateur des eaux du fossé. Le site serait déserté dans le courant du IVe s. si l'on se fie à la surface décapée. Ensuite, les seules traces anthropiques correspondent à de possibles carrières modernes d'extraction de limon. Cependant, il faut observer que le parcellaire contemporain dispose d'orientation similaire aux petits côtés de la ferme antique. Rappelons pourtant que ce dessin est surtout conditionné par la bordure du relief constitué par le petit vallon (perpendiculaire à la pente).

La surveillance des futurs travaux sur cet espace de près de 80 ha permettra de mieux comprendre l'évolution de la gestion de cette portion de bord de plateau.