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La fouille archéologique du Quartier Subreville à Aix-en-Provence livre un site d'habitat gaulois et un vignoble antique
Dans le cadre de la réalisation de villas et d'appartements, à l'est de la ville d'Aix-en-Provence (13), par Bouygues Immobilier, une fouille préventive a été prescrite par l'État (Drac Paca) sur un site datant de la Protohistoire et de l'Antiquité. Choisi par Bouygues Immobilier pour en assurer la maîtrise d'oeuvre, une équipe d'une dizaine d'archéologues de l'Inrap aura fouillé, de début novembre 2012 à début février 2013, quelque 12 400 m². L'importance de la surface étudiée et la nature des vestiges mis au jour offrent aux chercheurs une occasion quasiment inédite de documenter, à une importante échelle, les modes de vie de nos ancêtres dans les plaines en Provence.
Un village occupé à l'âge du Fer
Si les vestiges sont plus denses en partie ouest de la fouille, les traces d'occupation sont présentes sur presque toute la zone étudiée par les chercheurs. Des silos témoignent des activités de stockage des aliments : ceux-ci étaient cuits dans des foyers de plusieurs types, qui peuvent être en creux, à plat ou contenant des pierres chauffées (celles-ci servaient alors de « pierrade » ou étaient utilisées pour faire chauffer de l'eau ou de la soupe). Un puits a été creusé pour récolter de l'eau lors des périodes de pénurie. Des regroupements de trous de poteaux mettent en évidence de petites structures en élévation destinées à suspendre des aliments ou des objets. Des empierrements de plusieurs dizaines de mètres carrés renseigneront également, après leur fouille complète et les études à venir, sur les structures d'habitat ou sur d'éventuels aménagements funéraires.
La découverte d'outils en silex et de scories métalliques témoigne des activités artisanales des occupants. La céramique prélevée, décorée parfois d'incisions, d'ondulations ou à l'aide d'un peigne, était quant à elle utilisée pour le stockage, la préparation et la consommation des aliments.
Dans notre région, les sites d'habitat gaulois de plaine sont très rarement fouillés sur une grande superficie. Cette opération permet ainsi de mettre en évidence la structuration d'un village de plaine sur une surface d'une étendue à la fois très importante mais aussi quasiment inédite. Ces recherches démontrent également la présence à l'âge du Fer de structures comme les silos et le puits, généralement attestée dans le nord de la France, mais d'une extrême rareté en Provence sur les sites de plaine : une occasion rare de mieux caractériser les modes de vie dans les villages protohistoriques.
Un vignoble cultivé à l'Antiquité
Dépendant vraisemblablement d'une villa qui n'a pas été à ce jour localisée, le domaine est aménagé suivant la technique de tranchées de défoncement (sulci) continues, creusées parallèlement et distantes entre elles de 1,50 à 2 mètres en moyenne. La conservation des traces sur le terrain est inégale mais permet de définir deux parcelles de cultures distinctes suivant les orientations des tranchées. La profondeur des creusements observés est de l'ordre de 50 centimètres à partir du sol de culture, remarquablement conservé sur le site. La multiplication de pieds (provignage) destinée au renouvellement de la plantation ou à la production de nouvelles boutures à transplanter, est perceptible grâce au réseau de fosses allongées, creusées perpendiculairement aux tranchées linéaires.
Cette technique de tranchées de défoncement est une pratique culturale mise en évidence à Marseille pour la période hellénistique, telle par exemple sur le site de Saint-Jean-du-Désert (Boissinot 1993) ou sur le site de l'Alcazar (Bouiron 2001). Plus proche de nous, le site de la ZAC de Ravanas, sur la commune d'Aix-en-Provence (Voyez 2006) présente des similitudes dans la technique d'implantation du vignoble et est daté de la même période.
Cécile Martinez
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Méditerranée
06 87 01 62 86
cecile.martinez [at] inrap.fr