Depuis le 14 juin et jusqu'au 30 juillet 2012, une équipe d'archéologues de l'Inrap mène une fouille archéologique à Esclavolles-Lurey, en amont d'un projet de création de logements porté par la Mairie. Sur prescription de l'État (Drac Champagne-Ardenne), les chercheurs étudient, sur 6 000 m2, des occupations funéraires conséquentes attestant la pérennité funéraire des lieux.

Dernière modification
15 juin 2016

Sur prescription de l'État (Drac Champagne-Ardenne), les chercheurs étudient, sur 6 000 m2, des occupations funéraires conséquentes attestant la pérennité funéraire des lieux.

Une sépulture privilégiée de l'âge du Bronze final

Sur le site, les archéologues ont mis au jour l'un des plus grands enclos funéraires de l'âge du Bronze découvert en Champagne-Ardenne. De 22 mètres de diamètre, cet enclos contient en son centre une sépulture bénéficiant d'une architecture de pierre imposante. Il s'agit d'une grande fosse rectangulaire (4 x 2 m) comportant des blocs de grès sur ses quatre côtés ainsi qu'un dallage sur le fond de son creusement. À l'intérieur de ce coffrage, les chercheurs ont pu observer le défunt dont les os épars semblent témoigner de perturbations (pillage ?) ou de remaniements. Le mobilier archéologique se compose de trois vases en céramique. Les premières observations permettent de rattacher ce monument funéraire témoignant d'une sépulture privilégiée, voire aristocratique, à la période du Bronze final (entre 1400 et 800 avant notre ère).

Un habitat gallo-romain

À une cinquantaine de mètres au sud-est des vestiges du Bronze final, les archéologues ont également pu étudier une portion d'un habitat gallo-romain. Le mobilier céramique découvert en quantité relativement conséquente permet de le situer plus précisément au cours de l'Antiquité tardive (IVe-Ve siècles). Les structures correspondent à de nombreux trous de poteau attestant de constructions en matériaux périssables dont les plans sont en cours d'étude. Localisé à une trentaine de mètres vers l'ouest, un enclos quadrangulaire peut peut-être être associé à cette occupation. À l'intérieur de son périmètre, quatre vases gallo-romains contenant des individus périnataux ont été mis au jour.

Une nécropole mérovingienne

C'est à l'emplacement même de ces sépultures gallo-romaines qu'une nécropole du haut Moyen Âge a également été étudiée. Cette occupation funéraire relativement conséquente compte une soixantaine d'individus dont les premiers indices chronologiques orientent vers une datation entre le VIIe et le VIIIe siècle.
Pour les sépultures les plus récentes, la plupart des défunts sont enterrés sans mobilier. Les sépultures les plus anciennes contiennent quant à elles des dépôts de petits vases céramiques et certains individus portent des bijoux : petit bracelet d'argent, boucles d'oreille en bronze, collier de perles, etc.
Les sépultures de cette nécropole ont la particularité d'être concentrées sur une petite surface, environ 100 m2, et d'être ainsi « empilées » sur plusieurs niveaux. Les archéologues cherchent notamment à comprendre les raisons de ce regroupement sur un espace restreint, car il s'agit d'une nécropole de plein champ, qui ne semble pas située à proximité d'un édifice de culte mais a visiblement été contrainte dans l'espace.
Plus au nord, un grand bâtiment et plusieurs fosses dont un silo témoignent d'une occupation domestique. Ils peuvent être attribués au haut Moyen Âge, sans plus de précision dans l'état actuel des données.
Aménagement : Mairie d'Esclavolles-Lurey
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Champagne-Ardenne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Arnaud Rémy, Inrap
Contact(s) :

Estelle Bénistant
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Est nord
03 87 16 41 54 - 06 74 10 26 80
estelle.benistant [at] inrap.fr