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Le théâtre antique de Drevant (Cher)
Une intervention archéologique a été prescrite en 2018 par l’État pour suivre l’intégralité des travaux de restauration et d’aménagement du théâtre antique de Drevant. Depuis, le programme archéologique revêt différentes formes : surveillance des démolitions, relevé photogrammétrique complet du théâtre, étude stratigraphique des maçonneries, inventaire et étude des éléments lapidaires. Regard sur l'évolution de cet édifice entre le Ier et le IIIe siècle ap. J.-C. et sur et les méthodes mises en œuvre par les archéologues.
La plus ancienne représentation du théâtre antique de Drevant date de 1641. Remblayé au XVIIIe siècle, l’édifice est redécouvert en 1834 et protégé au titre des monuments historiques en 1840. Les premières fouilles, réalisées par Gustave Mallard de 1901 à 1906, confèrent au monument sa physionomie actuelle. Une nouvelle campagne de fouilles est entreprise entre 1999 et 2007 sous la direction de Christian Cribellier. Elles concernent l’orchestra, le bâtiment de scène et ses abords au sud. Les travaux de restauration du théâtre antique de Drevant entamés en 2018 font l’objet d’un suivi archéologique complet prescrit par l’État. Cette opération doit permettre de recueillir toutes les informations permettant d’enrichir la connaissance que l’on a aujourd’hui de l’édifice, depuis sa création jusqu’à ses dernières transformations, notamment sur les zones peu investiguées.
Représentation du théâtre en 1641 par C. Chastillon.
© Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Localisation des vestiges connus de l’agglomération antique de Drevant.
© Armelle Prévot, Inrap (d’après Christian Cribellier 2001, Alexis Luberne 2009, Inrap et Frédéric Méténier 2010, Inrap Fond cadastral © cadastre.gouv.fr, coordonnées en Lambert RGF93) Mai 2019.
Plan du théâtre et vocabulaire associé.
© infographie : Armelle Prévot, Inrap
Un relevé du site par photogrammétrie
En amont des restaurations, le théâtre de Drevant a fait l’objet d’un relevé complet de ses vestiges par photogrammétrie. Cette technique consiste à obtenir un modèle virtuel en 3D d’un objet à partir de ses photographies. En archéologie, il peut s’agir d’un petit objet comme d’un ou plusieurs vestiges, ou de l’ensembled’un site comme c’est le cas sur le théâtre de Drevant. On réalise ce modèle à partir d’une couverture photographique très détaillée et réalisée suivant un protocole strict. Puis les logiciels déterminent la position dans l’espace de l’appareil photo pour chaque cliché. Les points identiques d’une photo à l’autre sont identifiés et un nuage de points en 3D est calculé. Un modèle numérique est alors créé en reliant ces points entre eux, puis en plaquant sur cette surface des textures, généralement issues de clichés de l’objet, pour rendre compte de son aspect réel. La manipulation du modèle 3D sur l’écran de l’ordinateur permet de mieux apprécier les volumes et servira de base pour tester les hypothèses de restitution. Le modèle 3D contribue à l’étude et la compréhension des vestiges, et participe à la sauvegarde numérique du patrimoine.
Modèle 3D des arches ouest.
© Armelle Prévot, Inrap
Une étude archéologique de l’architecture
L’archéologie sur le bâti permet une étude stratigraphique de toute construction, quelle que soit sa forme ou sa datation initiale. De la même manière que dans le sous-sol l’archéologue fouille les couches de terre, il fouille ici des couches de maçonneries.
Ces différentes couches résultent du chantier de construction initial ou des phases de transformation de l’édifice. La fouille est pratiquée par piquetage des maçonneries dans l’épaisseur des joints ou par dégagement des vestiges enfouis. Toutes les limites entre les différentes maçonneries mises au jour, ou les détails de mise en oeuvre, sont ensuite relevés.
À Drevant, cette analyse permet ainsi de comprendre à quoi ressemblait l’édifice de spectacle à l’origine et de distinguer tous ses états successifs pour mieux apprécier son fonctionnement. Grâce à l’application de cette méthode d’analyse, l’ossature du théâtre devient en elle-même une source directe d’information, riche et unique. Ces observations sont croisées avec celles issues des fouilles déjà réalisées à ses abords.
Piquetage des maçonneries en cours d’étude.
© Armelle Prévot et Victorine Mataouchek, Inrap
Une expertise du lapidaire
Le corpus lapidaire regroupe près de 300 blocs, en grande partie mis au jour lors des fouilles du début du XXe siècle. Ces blocs sont porteurs de nombreuses informations qui permettent de mieux apprécier la qualité architecturale de l’édifice dont ils proviennent et les savoir-faire des constructeurs. En premier lieu, l’usage des différentes roches nous apprend beaucoup sur la maîtrise des bâtisseurs antiques, leur connaissance des ressources disponibles aux alentours et des qualités physiques des pierres.
Exemples d’une base et d’un chapiteau toscans.
© Florence Tane, Inrap
Le travail porte ensuite sur la reconnaissance des traces d’outils et du mode de façonnage, à la main ou au tour à pierre pour les moulures circulaires des bases et des chapiteaux. L’analyse des différentes cavités présentes sur un bloc permet d’avoir des informations sur le mode de levage, sur sa mise en-œuvre et enfin son scellement. Enfin, on réfléchit sur la nature même des blocs architecturaux : parement en grand appareil, éléments décoratifs ou participant au répertoire fonctionnel de l’édifice : gradins, porte-mâts, etc. La finalité de cette recherche est d’en authentifier la provenance et d’envisager à quel état potentiel du théâtre ils peuvent se rapporter.
Vue aérienne du théâtre en avril 2018.
© P. Raymond, Inrap
Recherches archéologiques : Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie Drac Centre - Val de Loire
Responsable scientifique : Victorine Mataouchek, Inrap