Les archéologues de l’Inrap mènent une fouille préventive sur le site de Parc al Lann, qui occupe une situation privilégiée sur un fond de vallée, propice aux installations humaines depuis des millénaires.

Dernière modification
18 octobre 2016

Au lieu-dit Parc al Lann à Ergué-Gabéric, les archéologues de l’Inrap mènent une fouille préventive sur 6 hectares, en amont d’un projet d’aménagement par Quimper communauté. Le site occupe une situation privilégiée avec une vue à 180 degrés sur un fond de vallée et les hommes s’y sont naturellement installé depuis des millénaires. Prescrite par le service régional de l’Archéologie (Drac Bretagne) suite à un diagnostic en 2015, la fouille en cours a d’ores et déjà livré d’importantes découvertes, de la Préhistoire au Moyen Âge.
Son objectif est de recenser et prélever un maximum d’informations concernant les vestiges mis au jour, afin de comprendre les différentes occupations qui se sont succédé sur le site. Une fois la fouille achevée, en août, les études des spécialistes se poursuivront en laboratoire. Les premiers résultats seront présentés au public dans le cadre d’une conférence à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine en septembre.

Une halte pour les derniers chasseurs-cueilleurs

La première trace d’occupation du site est attribuable au premier Mésolithique
(IXe-VIIIe millénaires avant notre ère) et correspond sans doute à des haltes de
chasse établies le long d’un vallon. Les vestiges, fugaces, sont des objets en pierre
liés au débitage du silex pour la fabrication d’outils : d’étroites lamelles, des
nucléus (galets de silex débités), ainsi que quelques restes de taille (éclats, cassons,
etc). Plusieurs galets allongés, dont certains présentent des traces de percussion,
proviennent, comme le silex, de la baie d’Audierne, à plus de 30 kms à vol
d’oiseau. Une petite pointe de flèche (microlithe) a également été découverte.

Des éleveurs du Néolithique

Après quelques millénaires d’abandon, le site est investi au Néolithique par une
communauté d’agriculteurs et d’éleveurs. Les vestiges d’un bâtiment rectangulaire,
mesurant près de 17 m de long sur 6,40 m de large, correspondent à huit
trous, destinés à supporter les poteaux de son ossature. Certains trous de poteau
mesurent jusqu’à un mètre de diamètre pour autant de profondeur. À proximité,
deux autres pourraient correspondre à un appentis s’appuyant sur le bâtiment
principal. L’étude du mobilier céramique et lithique découvert dans le comblement
des poteaux, ainsi que des datations C14 sur charbons de bois, permettront de caler
avec plus de précision la période d’utilisation du bâtiment.

Une occupation importante aux âges des Métaux

Les vestiges les plus significatifs datent de l’âge du Bronze (entre 2200 et 800
avant notre ère). Au centre des fouilles, plusieurs concentrations de trous de
poteaux
ont été repérées. Même si aucun plan de bâtiment n’a encore été identifié,
en raison de la difficile lecture du terrain dans cette zone, il s’agit probablement
des vestiges de plusieurs habitations. Un réseau de fossés, délimitant des parcelles,
quadrille le site. Il se caractérise par un tracé sinueux et complexe que l’on suit sur
des centaines de mètres avec parfois des interruptions ménageant des entrées dans
les enclos. Deux grands fossés parallèles, avec un profil en V, sont particulièrement
remarquables. Distants de 9 m, leur tracé s’étend sur plusieurs dizaines de mètres
avant de se poursuivre hors de l’emprise de la fouille.
Les études ultérieures permettront de mieux comprendre l’évolution
chronologique, difficile à apprécier à l’heure actuelle, de ce réseau de fossés entre
l’âge du Bronze et l’âge du Fer.
Autres vestiges de la Protohistoire, deux petits bâtiments de plan quadrangulaire
pourraient correspondre à des ateliers. À proximité, les archéologues ont découvert
dans des fosses des objets liés à des activités domestiques (plusieurs pots en
céramiques dont deux vases de stockage) et artisanales : des objets pour le tissage
(une fusaïole discoïde et un peson en céramique) et un outil de métallurgiste en
pierre. Un modeste dépôt de deux haches à douille du premier âge du Fer a
également été mis au jour.

Deux nécropoles à 3 000 ans d’intervalle

Neuf tombes composent une petite nécropole de l’âge du Bronze (entre 1900 et
1700 avant notre ère). Elles mesurent en moyenne 3 m de long, sauf une,
réservée à un enfant. Le défunt y était inhumé dans un cercueil en bois puis la fosse
était signalée par un petit monticule de terre. Fait assez remarquable pour cette
période, trois tombes contenaient du mobilier : deux ont livré un petit vase en
céramique. Dans la dernière, le viatique se compose d’un vase biconique à trois
anses, d’un poignard en bronze à rivets et d’un silex taillé. Cette nécropole est à
mettre en relation avec les maisons de l’âge du Bronze ; selon toute vraisemblance,
il pourrait s’agir du cimetière destiné aux familles ayant vécu sur le site à cette
période.
Au haut Moyen Âge (entre le VIIIe et le XIe siècle), le site est réoccupé comme
cimetière. Une trentaine de tombes en fosse correspond sans doute à la limite
occidentale d’un espace funéraire qui doit s’étendre à l’est, hors de l’emprise de
fouille. Toutes orientées est-ouest, les sépultures, de diverses tailles, ne présentent
aucun aménagement. Elles sont vides de mobilier ou de restes osseux.

Aménageur : Quimper communauté
Contrôle Scientifique : Drac Bretagne
Recherches archéologiques : Inrap
Adjoint Scientifique et technique : Michel-Alain Baillieu, Inrap
Responsable scientifique : Yvan Pailler, Inrap