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Diversité des pratiques funéraires au Premier âge du Fer à Saint-Vulbas (Ain)
Une fouille de l’Inrap à Saint-Vulbas a permis de mettre au jour plusieurs structures funéraires et un riche mobilier du Premier âge du Fer.
Dans le cadre de l’aménagement du Parc industriel de la Plaine de l’Ain (PIPA) par le SMPIPA, sur la commune de Saint-Vulbas, plusieurs fouilles ont été prescrites par l’État (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes) depuis 2016. L’une d’entre elles, réalisée par une équipe de l’Inrap, a entre autre permis de mettre au jour plusieurs structures funéraires du Premier âge du Fer.
Une portion d’un vaste ensemble sépulcral multiséculaire
Cette fouille de près d’1 hectare prend place au nord d’un vaste espace funéraire protohistorique (âge du Bronze et âge du Fer), identifié lors de plusieurs fouilles, sur plusieurs dizaines d’hectares en rive droite du Rhône. Au tout début de l’âge du Fer (première moitié du VIIIe siècle avant notre ère), on dénombre une inhumation et trois enclos circulaires, probablement tumulaires, dont l’un possède encore une sépulture à dépôt de crémation centrale. Vers la fin du Ve siècle avant notre ère une nouvelle tombe est aménagée. Il s’agit d’un dépôt de crémation en fosse, associé à un édicule à quatre poteaux installé au centre d’un petit enclos quadrangulaire. Ces aménagements proches témoignent de la variabilité des pratiques funéraires au cours du Premier âge du Fer.
Vue générale du chantier avec la sépulture à inhumation au premier plan à droite et l’enclos circulaires du Premier âge du Fer à dépôt de crémation central, au second plan.
Cécile Ramponi, Inrap
Vue générale du chantier avec un enclos circulaire du Premier âge du Fer au premier plan.
Philippe Alix, Inrap
Dépôt de vase et d’ossements brûlé au centre d’un des enclos circulaires du Premier âge du Fer.
Philippe Alix, Inrap
Vue de l’inhumation avant fouille.
Jean-Claude Sarrasin, Inrap
Ambiance de fouille de l’inhumation.
Jean-Michel Treffort, Inrap
Vue de l’inhumation avec la ceinture et son agrafe.
Jean-Michel Treffort, Inrap
Une sépulture de femme habillée du tout début de l’âge du Fer
La fouille de l’inhumation nous permet de restituer partiellement la forme originelle de la tombe. Il s’agit d’une fosse rectangulaire de 2,85 m de longueur pour 1,10 m de largeur, creusée dans le terrain gravelo-sableux de la terrasse fluvio-glaciaire. Sur son fond, cinq galets sont positionnés de manière à venir caler un contenant en bois dans lequel le corps de la défunte a été préalablement déposé. L’empreinte du contenant restait visible sous forme de traces grisâtres d’une dizaine de centimètres de largeur, rectiligne en plan et arrondie (parois externe et interne) en coupe, ce qui est la caractéristique des contenants funéraires monoxyles. La structure du bois, très partiellement conservée sous le sacrum de l’inhumée, indique qu’il s’agit de chêne caducifolié (dont le feuillage tombe en automne). La décomposition du corps dans un espace vide laisse par ailleurs envisager une obturation du cercueil, vraisemblablement à l’aide d’une ou plusieurs planches, avant que la fosse sépulcrale ne soit totalement colmatée et qu’un indicateur de surface ne soit aménagé (tumulus, pierre ?).
Proposition de restitution de l’inhumation, avec sa tombe monoxyle.
Dessin : Francois Gauchet, Inrap
À l’intérieur du cercueil, la défunte, une femme d’âge mûr, a été déposée sur le dos, les bras le long du corps, habillée et parée de ses bijoux. Une poterie entière a été placée près et à droite de sa tête. Elle porte un bracelet à chaque poignet et une ceinture autour des hanches, parures mal conservées mais restituables car connues par ailleurs sur le site de Grange Rouge à Quincieux (Rhône). Les bracelets sont formés de perles en verre, de couleur bleu à bleu-vert et décorées de filets de couleur claire, alternant avec d’importantes séries de perles discoïdes en alliage cuivreux. La ceinture a la forme d’un ruban large de 6 centimètres environ, vraisemblablement en cuir, entièrement couvert d’appliques hémisphériques à griffes, en alliage cuivreux (Ø = 3,5 à 4 mm). Une agrafe, également en alliage cuivreux, permet de la tenir fermée. Plusieurs fragments de matière, minéralisée au contact du bronze de la ceinture, portent l’empreinte d’un probable textile et des traces fibreuses pourraient signaler, outre le bois, la présence de cuir, de fourrure ou de feutre.
Détail de la boucle et des appliques de ceinture sur l’os coxal.
Jean-Michel Treffort, Inrap
Empilement de perles discoïdes en alliage cuivreux sur le poignet de l’inhumée.
Jean-Michel Treffort, Inrap
Détail des appliques de la ceinture sur l’os coxal.
Jean-Michel Treffort, Inrap
Face interne de la boucle de ceinture.
Jean-Claude Sarrasin, Inrap
Décor de la boucle de ceinture.
Jean-Claude Sarrasin, Inrap
Perles en verre des bracelets de l’inhumation.
Jean-Claude Sarrasin, Inrap
Une tombe surmontée d’un édicule pour la fin du Premier âge du Fer
À la fin du Premier âge du Fer, un monument funéraire complexe est installé à proximité d’un des enclos circulaires du Premier âge du Fer. Il s’agit d’un édifice sur quatre poteaux, peut-être cloisonné, et portant potentiellement une toiture. Il est ceint d’un petit fossé quadrangulaire (5 m x 5,20 m) et construit au-dessus d’un dépôt secondaire de crémation. La sépulture prend la forme d’une fosse dans laquelle deux dépôts distincts et possiblement concomitants d’ossements ont été effectués.
Dans une moitié a été placé un coffret en matière périssable, à priori rigide (bois ?), contenant une partie des os choisis et lavés, accompagnés de quelques fragments d’armilles (bracelets filiformes) en alliage cuivreux. Ce coffret est lui-même partiellement doublé d’un coffrage en plaquettes de calcaire. Un espace vide contre ces coffrages pourrait avoir été le réceptacle d’offrandes alimentaires accompagnées ou non de contenants en matière périssable.
Proposition de restitution du monument funéraire quadrangulaire et de l’incinération.
Dessin : Francois Gauchet, Inrap
Dans la seconde moitié de la fosse ont été déposés, probablement dans un contenant périssable souple de type vannerie, une partie des os et de nombreux fragments d’armilles mêlés à un sédiment charbonneux provenant du bûcher. Si l’état des ossements ne permet pas de déterminer le sexe de la personne crématisée, sa parure (agrafe de ceinture en fer et armilles en alliage cuivreux) renvoie à un sujet féminin.
La fosse parait au moins partiellement recouverte de plaquettes calcaire et la présence d’un petit tertre finalisant la sépulture n’est pas à exclure.
Vue générale du monument funéraire de la fin du Premier âge du Fer, en cours de fouille.
Cécile Ramponi, Inrap
Vue de la tombe de la fin de l’âge du Fer en cours de fouille.
Philippe Alix, Inrap
Amas osseux contenu et son coffrage en pierre.
Philippe Alix, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne – Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Cécile Ramponi, Inrap
Étude anthropologique : Stéphane Lenda, Inrap
Étude du mobilier : Jean-Michel Treffort, Inrap
Détermination du bois : Blandine Lecomte-Schmitt, Inrap
Observation des fibres : Catherine Bréniquet, Émeline Retournard, Université Clermont-Auvergne, EA 1001-CHEC