À l’occasion de la construction d’un éco-quartier à Coudoux (La Plantade), l'Inrap a mis au jour deux ensembles funéraires antique et médiéval, apportant les premières preuves matérielles de l’occupation humaine de ce secteur, une avancée significative dans la compréhension de l'histoire de ce territoire rural sur une période couvrant plusieurs siècles.

Dernière modification
23 juillet 2024

 

Coudoux 9

Vue générale du chantier.

© N. Bourgarel, Inrap


Sépultures antiques des IIe-IVe siècles

Un ensemble sépulcral datant de l’Antiquité, couvrant les IIe-IVe siècles ap. J.-C., a révélé des pratiques funéraires variées où l’inhumation et la crémation se côtoient.
Douze individus ont été inhumés dans des tombes en bâtières de tuiles alignées du côté est du site. En parallèle, seize bûchers funéraires ont été regroupés à l’ouest et à l’extrémité nord du chantier. La découverte de clous de divers modules suggère que certains défunts étaient vêtus et chaussés (clous de chaussures) et placés dans un cercueil au moment de la crémation. Des objets en céramique et en verre : vaisselle ou balsamaires (contenant des huiles précieuses et des parfums), accompagnant le défunt sur le bûcher, ont également été découverts. Après la crémation, les ossements sont recueillis et déposés dans une tombe. Un seul exemple de ce type de tombe a été observé sur le chantier archéologique. Les ossements étaient placés dans un vase en céramique.

La présence de cette aire sépulcrale suggère une possible connexion avec un habitat, potentiellement un domaine agricole. De plus, sa proximité avec la Voie Aurélia, reliant Rome à Arles via Aquae Sextiae (Aix-en-Provence) et Forum Iulii (Fréjus), pourrait expliquer cette concentration de sépultures.

Des pratiques chrétiennes uniformisées au IXe-Xe siècles

Un second ensemble funéraire, plus conséquent, comprenant 72 sépultures datant du Moyen-Âge, a été mis au jour. Ce site révèle une uniformisation des gestes funéraires avec l'inhumation comme seule pratique représentée. Cette découverte témoigne de changements significatifs dans les pratiques, principalement influencés par le culte chrétien.

Les défunts, adultes et enfants, sont enterrés sous de larges dalles en calcaire ou en lauze, posées à plat ou en bâtière. Les sépultures sont disposées au sein d’une longue bande déployée sur toute la largeur du chantier, et s’étirant probablement au-delà des limites de l’emprise de fouille, vers l'est et l'ouest. Cette organisation suggère l'existence d'un élément structurant le paysage, tel qu'une voie de circulation ou une limite parcellaire. Les espaces vides entre les tombes semblent avoir servi de chemins d'accès.

La disposition des tombes apparait normée : elles sont alignées et orientées de manière uniforme, avec la tête des défunts à l'ouest, conformément aux rites chrétiens, regard tourné vers l'est et le soleil levant. Par ailleurs, on note la disparition complète du mobilier accompagnant le défunt dans la tombe.
 

Ces deux espaces sépulcraux fournissent de précieux indices sur l'existence probable d'un ou plusieurs habitats à proximité, bien que ceux-ci n'aient pas encore été localisés. 

Aménagement : SAS la Plantade
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Paca)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Marie Perrin, Inrap