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Deux domus à décors remarquables à Nîmes
Dans le sud-ouest du quartier du forum de Nemausus (Nîmes), à une centaine de mètres de la Maison carrée, l'Inrap fouille deux riches maisons romaines du Haut-Empire dont l'une a livré un sol de marbre en opus sectile, ainsi que des vestiges d'enduits peints.
À Nîmes, rue Pelloutier, une fouille préventive, réalisée par l'Inrap, a été prescrite par le service régional de l’archéologie (Drac Occitanie), dans le cadre du programme immobilier prévoyant une cinquantaine d’appartements mené par le groupe Cogedim (« Écrin des arts »). L’objectif de cette opération d’archéologie préventive qui s’est achevée le 12 février 2021, est de sauvegarder, par l’étude scientifique, les vestiges romains qui avaient été identifiés lors d’un diagnostic réalisé précédemment par l’Inrap.
Vue aérienne d’une partie de la première tranche de fouille.
Pascal Druelle, Inrap
Vue aérienne de la première tranche de fouille.
Pascal Druelle, Inrap
Vue au sol de la première tranche du chantier.
Pascal Druelle, Inrap
Une pièce de réception aux enduits peints
Le plan complet des domus dépasse les limites de la fouille et des parcelles du programme d’aménagement. Néanmoins, l’un de ces deux bâtiments se signale par la présence d’une pièce de réception reconnue dans sa presque totalité. Fait rare dans le contexte archéologique nîmois, les enduits peints ornant les parois de cette salle ont été découverts effondrés au sol. Les traces visibles au revers de ces enduits montrent qu’ils étaient initialement posés sur un mur édifié en terre et incisé en chevrons pour assurer leur bonne adhérence. Sur leur face peinte, ces enduits présentent un décor classique à grands panneaux rouges et inter-panneaux noirs accueillant des candélabres raffinés. Ce type de composition correspond à une mode très présente en Gaule romaine au Ier siècle de notre ère.
Dépose des enduits peints de deux parois découvertes face à face effondrées sur le sol d’une pièce de réception d’une domus.
Pascal Druelle, Inrap
Dépose des enduits peints de deux parois opposées découverts effondrés sur le sol d’une pièce de réception d’une domus.
Pascal Druelle, Inrap
Un tapis de sol en opus sectile
Le béton de sol associé aux enduits peints présente un décor géométrique en nid d’abeille fait de tesselles noires. Dans le grand axe de la pièce, ce pavement comprend un tapis en opus sectile, terme latin désignant un revêtement de sol fait de plaquettes de marbres, assemblées ici en damier et qui proviennent de différentes provinces de l’Empire. Le choix du marbre pour enrichir le décor incite à attribuer cette domus à un notable de la cité antique de Nîmes.
Mise au jour du tapis en opus sectile, découvert sous des enduits peints effondrés, prenant place dans une pièce de réception d’une domus datée des Ier/IIe siècles de notre ère.
Pascal Druelle, Inrap
Tapis en opus sectile d’une pièce de réception d’une domus datée des Ier/IIe siècles de notre ère.
Bertrand Houix, Inrap
Tapis en opus sectile d’une pièce de réception d’une domus datée des Ier/IIe siècle de notre ère.
Charlotte Gleize, Inrap
D’autres vestiges reflètent également le niveau de luxe, comme des pièces avec système de chauffage par le sol avec hypocauste et tuyaux de chaleur. Dans une des cours, se trouvait un bassin à abside semi-circulaire et revêtement de marbre blanc du type Carrare. La seconde cour était agrémentée de plantations, certaines étant représentées par des pots horticoles trouvés en place.
Les enduits ainsi que le pavement en béton à décor de tesselles et de marbres permettent de connaître une grande partie du programme décoratif de la pièce.
Pascal Druelle, Inrap
Un des ornements végétalisés du décor peint de la pièce de réception.
Bertrand Houix, Inrap
Vestige d’un bassin initialement revêtu de marbre, faisant partie d’une domus.
Pascal Druelle, Inrap
Aménagements postérieurs
Dans ce secteur situé à très faible distance de la ville médiévale et moderne, les vestiges antiques ont subi des remaniements importants (caves, cuve à fuel, fondations de murs du XXe siècle...). Cependant, leur étude détaillée devrait permettre, à l’issue de la fouille, d’appréhender l’organisation des constructions au sein de cet îlot d’habitations de Nîmes antique. Une sépulture médiévale a été également découverte. Le corps, qui avait été mis dans un linceul et placé en décubitus dorsal, est celui d’un adolescent. Cette tombe isolée est antérieure à un couvent installé dans le quartier au XVIIe siècle et rattaché au couvent des Visitandines.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Bertrand Houix, Inrap