Des vestiges du XVIIIe et XIXe siècles à Saint-Pierre (La Réunion)

Des paillotes et des cases

Près de 200 trous de poteaux, quelques sablières et des maçonneries, mis au jour sur la parcelle 103, révèlent les plans de petites habitations du XVIII^e siècle, de 10 à 15 m². Ces bâtiments sont associés à un ensemble de palissades dessinant une trame parcellaire qui suit le plan quadrillé de la ville.

L’emprise de la fouille, la rivière d’Abord et le port de Saint Pierre. Cette vue aérienne nous montre la proximité de la rivière d’Adord, et du port de Saint Pierre, creusé dans les années 1850.

©Service Drone de la mairie de Saint Pierre

Bâtiment sur sablière et trous de poteau.

© P. Ernaux, Inrap

Maçonneries.

© S. Nkuka, Inrap

Quatre de ces alignements de piquets forment un enclos de 180 m², où une paillote, montée sur trous de poteaux, est présente. Au nord de l’enclos, Il ne reste d’un autre bâtiment que les soubassements maçonnés qui pouvaient contreforter les parois ou servir de sablières. L’orientation de ces maçonneries est légèrement désaxée par rapport aux paillotes et aux palissades qui suivent la même orientation.

Vue générale de la fouille de la future cité administrative de Saint Pierre de La Réunion (parcelle 103).

© Service drone de la mairie de Saint Pierre.

Le moulin et un chemin

À l’extrémité nord-ouest du site, a été retrouvé une assise de fondation d’un moulin du XVIII^e siècle. La présence d’un dallage interne, d’un niveau de sol de chaux, de trous de poteaux et d’une cloison peuvent être associés à une construction accolée au moulin, qui en protégeait l’entrée. Il ne semble pas y avoir eu d’autres bâtiments à proximité. Au sud, un axe de circulation sépare le moulin du reste des bâtiments. Il ne suit pas l’orientation de l’ensemble des structures et la trame de la ville. Il est orienté nord-est/sud-ouest. Il s’agit d’une bande de 3,50 m de large, constitué de 0,08 m de chaux compact, dont les bordures comportent des amas de coraux. Ce chemin permettait probablement aux charrettes de coraux, nourrissant les fours à chaux, de circuler sur le site.

La fondation du moulin.

© P. Ernaux, Inrap

Des entrepôts du XIX^e siècle

La seconde emprise fouillée se trouve en contrebas du site. Le substrat est composé d’une coulée magmatique appelée coulée du trou blanc. Il est le témoin d’une éruption datant d’il y a 8000 ans. Les structures et éléments retrouvés sur cette emprise, proche de la rivière, sont à associer à l’activité maritime qui se développait au abord du port.

Vue de la parcelle 107. Entrepôts du XIXe siècle.

© Service Drone de la mairie de Saint Pierre

Dans les années 1860-1870, un important incendie a détruit le bâtiment qui a été abandonné. De nombreux éléments métalliques y ont été retrouvés dans les niveaux d’incendie. Ce bâtiment était composé de sept espaces qui ont été fouillés. On y accédait, depuis la rue, par une rampe accolée à un mur. Cet accès communiquait avec une pièce dallée, dans laquelle le sol laisse apparaitre des pierres ancrées. Sept pièces de ce bâtiment permettaient d’accueillir une machinerie. De cette pièce, on pouvait accéder à un espace plus important qui en desservait d’autres, dont une a fourni d’importants éléments d’accastillages comme de nombreux bouts ou aussières d’amarrage.

Pièce dallée, dans laquelle le sol laisse apparaitre des pierres ancrées.

© P. Ernaux, Inrap

Des structures plus anciennes

Un état antérieur a été identifié grâce à la présence de fondations sous les murs du bâtiment. Les niveaux de circulation associés à ces murs ne sont pas conservés. Un violent cyclone a fait déborder la rivière d’Abord, et il ne reste de cet incident climatique que des galets de rivière, pouvant atteindre 1 m de long. Les études documentaires permettront de dater ces éléments.