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Des connaissances plus approfondies sur le quartier de la ville gallo-romaine mis au jour à Portbail (Manche)
Les travaux de terrain achevés, archéologues et spécialistes poursuivent l'analyse des vestiges dans les laboratoires du centre de recherches archéologiques de l'Inrap.
À travers l'étude des plans, des photographies, des inventaires et des observations sur la céramique, les monnaies et les décors, l'histoire de ce quartier et les origines gallo-romaines de Portbail vont peu à peu se dévoiler.
La mention de vestiges antiques confirmée par les interventions archéologiques
En 2011, un diagnostic archéologique a confirmé la densité des vestiges gallo-romains sur le plateau. En 2012, une fouille a alors été prescrite par l'État (Drac - service régional de l'Archéologie de Basse-Normandie) sur 7 500 m² au coeur du secteur le plus dense de la ville « haute ».
Avant la période antique
En second lieu, vers la fin de l'âge du Fer, probablement dans le courant des IIe et Ier siècles avant notre ère, une occupation semble investir le rebord du plateau, à l'intérieur d'une enceinte seulement marquée sur le site par un fossé curviligne, qui a livré quelques fragments céramiques. Près d'un siècle sépare cette enceinte gauloise et la préfiguration des développements urbains gallo-romains.
Les premiers aménagements (première moitié du Ier siècle)
Un premier bâtiment en dur de 9 x 5 m est implanté à proximité d'une batterie d'au moins trois fours à chaux, structures qui symbolisent le mieux cette période de construction du quartier.
Débuts de l'urbanisation (milieu du Ier siècle)
Le premier a été partiellement appréhendé au sud-ouest de l'emprise de la fouille. Un bâtiment en L à deux refends maçonnés y encadre une cour s'ouvrant vers la voie.
Le deuxième ensemble, contigu, met en scène un vaste édifice de 33 m de long sur 12 m de large, compartimenté en quatre pièces et pourvu de contreforts. Au sud-ouest, le bâtiment s'adosse à une cour close sur trois côtés et ouverte au nord sur la voie.
Au centre de l'emprise, le troisième ensemble est constitué d'une « cour » de plus de 1 500 m² et de plusieurs petits bâtiments flanqués le long des murs nord-est et sud-est. À l'intérieur de la cour, deux petits bassins construits en tuiles et mortier, dont l'un est relié à un petit système hydraulique souterrain, agrémentent l'espace. Vaste et soigné, cet ensemble évoque l'architecture d'une grande domus à étage s'ouvrant sur un jardin. Les débris de dalles de schiste sciées, les fragments d'enduits peints polychromes et quelques rares morceaux de marbre blanc renseignent sur la qualité des décors mis en oeuvre dans les bâtiments de ce secteur. Des éléments de tubulures, des débris de pilettes et du mortier de tuileau dans le remblai d'une ancienne carrière indiquent également la proximité d'un dispositif de chauffage par hypocauste.
Sur la frange orientale, une fosse sépulcrale recoupant l'enceinte gauloise ainsi qu'une urne cinéraire reléguée dans un dépotoir plus récent pourraient matérialiser un espace funéraire en limite de l'agglomération. Un cerf est également inhumé dans ce secteur.
L'expansion du quartier (IIe-IIIe siècles)
L'espace du péristyle a livré, dans son angle méridional, les fondations d'un autre portique à la configuration identique mais moins massive. La fonction de cette seconde colonnade demeure incomprise.
Du démantèlement à la reconversion du quartier (à partir du IIIe siècle)
Un nouvel espace funéraire est créé autour des vestiges du quatrième ensemble, empiétant sur le mur nord-est de la grande domus. Le péristyle n'a pas totalement disparu puisque dix tombes à inhumation sont implantées parallèlement ou perpendiculairement à son mur extérieur. L'une d'elles présente une architecture inédite pour la région. Installé sur le flanc nord-ouest d'un vaste et profond creusement de 2,20 x 1,30 m, le corps est placé dans un coffre en tuiles plates (tegulae), lui-même recouvert par un coffrage en bois. Une tuile-canal (imbrex) servait de repose-tête et deux monnaies qui l'accompagnaient devaient être, à l'origine, posées sur les yeux du défunt - cette manifestation du rituel dit de « l'obole à Charon » est confirmée par deux autres sépultures voisines, où de telles monnaies étaient en place dans les orbites des crânes. Au-dessus du cercueil, à l'aplomb de la tête du défunt, six tuiles canal forment un conduit vertical utilisé pour des libations périodiques en son honneur. Plus simples, les autres tombes témoignent d'une généralisation de l'inhumation en cercueil de bois, dont ne subsistent bien souvent que les clous d'assemblage et parfois l'empreinte plus sombre des planches. Des vases complets en céramique sont déposés en offrande dans deux tombes ; dans une autre, de la céramique brisée a été retrouvée sur le buste du défunt. Des dépôts de boucherie semblent associés aux trois tombes situées le long du mur sud-ouest du péristyle : dans une fosse distincte de la tombe, à environ un mètre de distance, on trouve un crâne, ou seulement la mâchoire inférieure, voire un os long. Chaque dépôt correspond à un animal distinct : cheval, boeuf et porc. La tombe à libations pourrait avoir été l'élément fédérateur de ce groupe funéraire, dont le mobilier oriente vers des inhumations du Haut-Empire (début du Ier à la fin du IIIe siècle). La datation au radiocarbone de quelques squelettes éclairera à la fois le cadrage chronologique et la cohérence du groupe.
Des textes ?
La pertinence de l'opération archéologique
Sur la droite apparaissent nettement les massifs de fondation du péristyle.
Au centre, on remarque la proximité des deux bassins d'agrément construits avec des tuiles plates à rebord (tegulae).
Au centre de la photo, le fossé formant un arc de cercle correspond à un aménagement protohistorique antérieur.
Au centre de la photo, le fossé formant un arc de cercle correspond à un aménagement protohistorique antérieur.
Un bel exemple de recyclage des matériaux.
La fouille a fait apparaitre un conduit à libations construit au moyen d'un assemblage de tuiles « canal » (imbrices) placées deux à deux sur trois niveaux. Le conduit vient s'appuyer sur le coffrage en tuile de la sépulture.
- La mention de vestiges antiques confirmée par les interventions archéologiques
- Avant la période antique
- Les premiers aménagements (première moitié du Ier siècle)
- Débuts de l'urbanisation (milieu du Ier siècle)
- L'expansion du quartier (IIe-IIIe siècles)
- Du démantèlement à la reconversion du quartier (à partir du IIIe siècle)
- Des textes ?
- La pertinence de l'opération archéologique