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Des aires d’ensilages médiévales et une occupation rurale de l’Époque moderne à Montbartier (Tarn-et-Garonne)
A Montbartier, l’Inrap fouille plusieurs petites aires d’ensilage du Moyen Âge (XIe-XIIe siècles) et une occupation moderne (début XVIIIe siècle).
Cette fouille a été prescrite par l’Etat (DRAC Occitanie) suite aux résultats positifs de deux diagnostics réalisées préalablement au projet d’aménagement d’une plateforme logistique gérée par la communauté de communes Grand Sud Tarn-et-Garonne. Localisée sur la commune de Montbartier, sur les coteaux molassiques de la rive gauche du Tarn, l’emprise prescrite atteint une surface globale de 19 700 m². Cette intervention visait la mise en évidence d’occupations médiévales et moderne, apportant ainsi des données inédites pour ce secteur du Tarn-et-Garonne.
Cinq secteurs distincts et non contigus, répartis de part et d’autre de la route départementale RD820, dont le tracé pourrait reprendre celui de la voie antique Toulouse-Cahors, ont été fouillés : deux sites appelés Massaset (1 et 2) sont localisés à l’est de la route, trois occupations dites Mazel (Mazel, Zone B et Zone D) prennent place sur le rebord du coteau au nord-ouest de cette dernière.
Les cinq zones de fouille sur le cadastre napoléonien.
© Cellule SIGD, Tarn-et-Garonne – F. Landou, Inrap
Un travail cartographique et toponymique a permis d’établir que les sites de Mazel et Massaset se situent en bordure méridionale de la forêt d’Agre, connue depuis au moins la fin de l’Antiquité, et à proximité de plusieurs villages dont les noms sont mentionnés dans des chartes des XIe et XIIe siècles. Le cadastre napoléonien donne des renseignements complémentaires concernant la période moderne en offrant un état des lieux du parcellaire au début du XIXe siècle (1808-1839), sur lequel on relève la présence d’un bâti qui jouxte l’emprise de fouille de la Zone D.
Une occupation du Moyen Âge : de petites aires d’ensilage des XIe-XIIe siècles
L’occupation médiévale se matérialise par la présence principalement de silos, mais aussi de fosses, de fours domestiques, d’un puits et de fossés. Ces vestiges, plus ou moins arasés par les labours et l’érosion, sont répartis sur chacun des cinq secteurs de fouilles mais selon des quantités et une organisation différentes. Le mobilier céramique récolté dans le comblement d’abandon de ces structures, assez homogène, recouvre une chronologie entre le XIe et le XIIe siècles.
Ces concentrations de fosses creusées dans le sol et dédiées au stockage des céréales, constituent de petites aires d’ensilage. Dans les secteurs Massaset 1, Massaset 2 et Zone B, ces silos sont associés à des fours domestiques qui ont pu servir soit à des cuissons culinaires soit au séchage et/ou grillage des grains. La chronologie relative entre les fours, parfois recoupés par des silos, suggère plusieurs phases de fonctionnement. Ces vestiges témoignent d’une activité humaine centrée sur la gestion des ressources agricoles.
Chacune de ces aires s’inscrit dans un terroir structuré ou en cours de structuration comme l’indique la présence de plusieurs fossés parcellaires de cette période. Plus particulier, sur le site de Massaset 2, les silos sont ceinturés par un fossé subcirculaire qui a été réutilisé, suite à son comblement, pour l’aménagement des fosses de travail des fours.
Chacune de ces petites aires d’ensilage, constituée de quelques structures à une quarantaine de silos, pourrait correspondre à une unité d’exploitation agricole. Bien que l’habitat de la communauté paysanne exploitant ces sols n’ait pas été retrouvé, le mobilier recueilli témoigne d’activités domestiques sur ces sites : pots culinaires (oules), vases à liquides (pégaus), fusaïoles, faune domestique …
Un habitat rural de l’époque moderne (XVIIe - début du XVIIIe siècles)
À l’époque moderne, un chemin, constitué par un radier de galets, est aménagé selon un axe ouest-est (Zone D). Directement, au nord de ce dernier, sur le rebord d’une terrasse naturelle, plusieurs foyers et de rares aménagements de briques à plat et de remblais de démolition constitués de nombreux fragments de tuiles et de vaisselles, suggèrent la présence d’un bâtiment avec ces dépendances agricoles. En effet, dans cet espace d’environ 500 m², plus d’une vingtaine de silos de grand gabarit, la plupart atteignant 2 m de profondeur, ont été creusés.
Le mobilier recueilli dans les niveaux d’abandon et dans les silos est plutôt associé à des contextes d’habitat. La vaisselle vernissée (fin du XVIIe - début du XVIIIe siècles) est comparable aux céramiques découvertes dans les contextes urbains régionaux. Quelques éléments évoquent des activités agricoles (meule, fourche).
Après l’abandon de cet ensemble, dans le courant du XVIIIe siècle, la zone est en partie remblayée et/ou colmatée par des colluvionnements naturels. Les nombreux fossés de drainage modernes et contemporains laissent entrevoir une restructuration de la zone, certainement dévolue aux activités agricoles, avec mise en place d’un nouveau parcellaire. Un bâtiment figure toujours sur le cadastre napoléonien du début du XIXe siècle. Les recherches en archives apporteront certainement des compléments d’information sur l’évolution de ce site.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Fabienne Landou, Inrap