Fouille de fours culinaire autour d’une aire de chauffe commune.

A Bondoufle, les archéologues mettent au jour des vestiges du haut Moyen Âge, de l’Antiquité et de la Seconde Guerre mondiale. Par...

PO Tarterêts

À l’occasion de la troisième campagne de fouille du site archéologique des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes daté du Paléolithique, l’association...

Vigneux-sur-Seine, Le Clos de la Régale (Essonne, Île-de-France)

Sous-titre

Rapport de fouille archéologique 2015

Numéro DAP
18
Image d'entête
DAP 18 | Vigneux-sur-Seine « Le Clos de la Régale »
Média
DAP 18 | Vigneux-sur-Seine « Le Clos de la Régale »
date expertise
septembre 2015
date achevement
avril 2015
Paragraphes

Le site de Vigneux-sur-Seine « Le Clos de la Régale » (Essonne) a été fouillé en 2007/2008 sur une surface de 5,5 ha, préalablement à la réalisation d’un aménagement pavillonnaire. La parcelle occupe un rebord de plateau bordé par l’Oly, un ru affluent de la Seine, et présente une forte déclivité nord-est.

Le site est fréquenté depuis le Bronze final, avec une sépulture à incinération, à priori isolée. Ces occupations pérennes ne concernent toutefois que La Tène C2 / D1, l’Antiquité et le Moyen-âge.
L’occupation attribuable à La Tène C2 / D1 (environ 160-140 avant J.-C.) est concentrée à l’intérieur d’un enclos fossoyé de 8 400 m², muni d’entrées sur trois côtés. À l’intérieur, quatre bâtiments sur poteaux se distinguent nettement. Dans l’angle oriental de l’enclos, un groupe de structures, constitué d’un petit enclos circulaire de 7 m de diamètre avec une entrée aménagée à l’ouest et une fosse centrale, un petit bâtiment à 12 poteaux et deux fosses recelant de nombreuses monnaies, semble former un ensemble cohérent, peut-être à vocation funéraire.
À la période de La Tène D1 / D2 (120-130 avant J.-C.), seule une fréquentation de la zone funéraire de l’époque précédente est attestée, avec un dépôt de mobiliers céramique et faunique, brûlés ou non, ainsi que de nombreuses monnaies.
À la période antique, cet espace est réoccupé par une villa dont la phase de construction débute dans la première moitié du Ier siècle.
Une première phase d’occupation débute vers 50 de notre ère et durera jusqu’au milieu du IIe siècle environ. La villa comporte dans la partie haute du site une pars urbana, constituée de trois bâtiments (dont un à probable fonction balnéaire) encadrant une cour. La pars rustica, en contrebas, est organisée sous la forme de deux ailes de part et d’autre d’une seconde cour. La totalité de la villa est alimentée en eau via un aqueduc provenant du plateau localisé au sud.
La seconde phase d’occupation de la villa couvre la période de 150-250 environ. Elle succède à un arasement complet de la première occupation. Sur le site ainsi nettoyé, sont érigés cinq nouveaux bâtiments ainsi qu’une cave et un petit édicule, peut-être à vocation cultuelle. L’ensemble est alors irrigué par un nouveau système d’alimentation provenant d’une résurgence en bord de plateau, qui remplace le réseau lié à l’aqueduc précédent.
Après un hiatus correspondant à la fin de l’Antiquité (IVe-Ve siècle), on observe une réoccupation à la période mérovingienne en bordure de plateau, près de la résurgence principale. Les quelques structures testées permettent de restituer au moins un bâtiment sur poteaux, ainsi qu’un silo et une structure de combustion.
Cette occupation se poursuit à la période carolingienne sur une surface plus réduite, laissant supposer la présence d’un seul bâtiment. S’ajoute en milieu de pente un ensemble de dix sépultures. Un dernier bâtiment, à nouveau implanté près de la résurgence restée active depuis l’Antiquité est rattachable au XIe siècle. Les dernières ruines de la villa sont encore fréquentées, vraisemblablement pour la récupération de matériaux.

Malgré l’état très dégradé des vestiges, l’interprétation du site en tant que villa s’est rapidement imposée. En premier lieu, la question d’une identification comme sanctuaire s’était posée dès la phase initiale de terrain au vu du plan général, à savoir des secteurs bâtis répartis en U autour d’une cour avec une ouverture à l’est. En cours de fouille, une partition nette a été observée entre des bâtiments plutôt dévolus à l’habitat dans le secteur ouest et des secteurs de stockage voire d’activité dans la partie est, une partition observée aussi dans les cours. Dans un second temps, la nature même de l’établissement rural était à définir. Si l’absence d’élévation voire de sols empêchait une appréhension fine de ses différents états et de leurs statuts, la longue période d’aménagement et de transformation de l’établissement, ponctuée de modifications importantes de son plan, montre un réel suivi architectural intégrant non seulement un programme originel mais aussi son adaptation progressive. En témoigne par exemple le changement de plan de l’enclos fossoyé préparatoire, réduit et réorienté afin de mettre en valeur l’aile ouest en rupture de pente. Ces considérations esthétiques, associées à l’intervention possible d’un concepteur ou « architecte » mais aussi à la gestion complexe de l’eau, témoignent d’un niveau de haut rang propre aux grandes villae antiques.

On notera que parmi le réseau de villae se développant en maillage régulier dans ce secteur, celle de Ris-Orangis a fait l’objet d’une fouille en 2016 (Mondoloni, 2018).

Les systèmes de terrassements mis au jour à Vigneux-sur-Seine ont été observés depuis sur plusieurs autres sites du sud de l’Île-de-France. S’ils se rapportent tous à la période antique, force est de constater qu’ils répondent à des problématiques variées pour des occupations aux statuts divers. De fait, bien qu’elles nécessitent des moyens humains et techniques considérables, ces modifications durables des reliefs ne définissent pas nécessairement un statut aisé pour les sites où ils sont observés.
Ainsi, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), sur un site de plateau, deux terrassements empierrés ont été observés sous un établissement rural, l’un sous un bâtiment mal défini mais vraisemblablement lié à une activité artisanale dans la première moitié du Ier siècle (Damour, 2012), l’autre sous une aile du corps principal d’une « ferme en U » dans la seconde moitié du IIe siècle (Damour, 2015). Ces deux empierrements, respectivement de 175 m² et 665 m², ont simplement servi à garantir la mise au sec des bâtiments en cas d’intempéries.
À Servon (Seine-et-Marne), les terrassements ont été effectués pour remodeler une pente marquée, à l’instar de Vigneux-sur-Seine (Damour & Dupéré, 2015 ; Damour, 2020). La pente, aménagée en escalier, a accueilli des bâtiments ainsi qu’une aire ouverte en sol de tegulae. Le statut de ce site, actif du début du Ier siècle jusqu’au début du IIIe siècle, demeure toutefois énigmatique. Fourni en mobilier et en vestiges d’une riche parure architecturale, il comprenait probablement des éléments thermaux. Trop luxueux pour un établissement rural, trop incomplet pour une villa, ce site pourrait éventuellement être mis en relation avec l’établissement voisin de « L’Arpent Ferret » sur la même commune (Gentili & Mahé, 1993).

Enfin, à Linas (Essonne), des terrassements antiques ont également été mis au jour en octobre 2020 (Damour & Prié, à paraitre). Là encore, ils remodèlent une pente marquée en marches d’escalier successives. En plus d’excavations conséquentes, on note ici, comme à Brétigny-sur-Orge ou à Vigneux-sur-Seine, des apports de matériaux calcaires qui ont servi à stabiliser mais aussi à assainir un terrain recélant de nombreuses résurgences. Les vestiges appréhendés tant lors du diagnostic que de la fouille partielle du site ne permettent pas, là non plus, d’envisager une simple villa.

La fouille de ce type de sites, aussi dense en structures qu’en stratifications souvent complexes, montre bien les apports mais aussi parfois les limites de l’archéologie préventive. Malgré des manques évidents d’informations, dus au fort arasement des vestiges, il a été possible néanmoins d’appréhender assez précisément les méthodes, techniques et protocoles de construction et d’installation de cette villa. Cette tâche s’est révélée d’autant plus ardue qu’elle fut réalisée pendant un hiver francilien particulièrement rigoureux.

Sommaire

Volume 1 : Textes

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Présentation générale

1.1. Contexte géographique et géologique
1.2. Contexte historique et archéologique
1.3. Problématiques de la fouille
1.4. Modalités et déroulement de l’opération
1.5. Traitement des données après la fouille

2. Résultats

2.1. Période préhistorique
2.2. Période protohistorique
2.3. Période antique
2.4. Périodes médiévales
2.5. Période moderne : irrigations et parcellaires

3. Le matériel archéologique

3.1. L’industrie lithique
3.2. Le mobilier céramique des structures protohistoriques
3.3. La céramique antique
3.4. La céramique médiévale
3.5. La faune
3.6. Les éléments métalliques
3.7. Étude numismatique
3.8. Les fragments de verre
3.9. Une amulette phallique en fritte
3.10. Note xylologique sur un cadre de puits à Vigneux
3.11. Études environnementales
3.12. Description des fours à chaux
3.13. Eléments de tabletterie

4. Synthèses générales

4.1. Caractérisation du site du « Clos de la Régale »
4.2. Quelques remarques relatives aux activités de la villa
4.3. Intégration de la villa du Clos de la Régale dans le réseau environnant des villas antiques
4.4. Comparaisons avec d’autres villas dans le nord de la Gaule

Bibliographie


Volume 2 : Illustrations


Volume 3 : Inventaires - Annexes

Inventaires techniques

Annexes

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

DAMOUR, Vincent & JOVENET, Elsa (dir). (2015). Vigneux-sur-Seine (Essonne), Le Clos de la Régale (Rapport de fouille, 3 vol.).  Pantin : Inrap Centre - Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0136734>.

Rapport de diagnostic

MARTI, Fabrice (dir.). (2005). Vigneux-sur-Seine (Essonne), « Le Clos de la Régale » (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Pantin, Saint-Denis :  Inrap Centre - Île-de-France, SRA Île-de-France.  <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0112071>.

Rapports cités dans l'introduction

DAMOUR, Vincent & PRIÉ, Arnaud. (dir.). (à paraitre). Linas (Essonne), Rue de Guillerville (Rapport de fouille). Pantin : Inrap Centre - Île-de-France.

MONDOLONI, Alexandra (dir.). (2018). Ris-Orangis (Essonne), Futur Grand Stade de rugby : (site de l'ancien hippodrome d'Evry) (Rapport de fouille, 2 vol.). Pantin : Inrap Centre - Île-de-France.  872 p. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0153890>.

DAMOUR, Vincent & DUPÉRÉ, Benoît (dir.) (2015). Servon (Seine-et-Marne), « Parc de la Roseraie » : avenue du Parc Rapport de diagnostic, 1 vol.). Pantin : Inrap Centre - Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0137954>.

DAMOUR, Vincent (dir.). (2015). Brétigny-sur-Orge (Essonne), ZAC de "Maison Neuve" : emprise Immochan (Rapport de fouille, 2 vol.). Pantin : Inrap Centre - Île-de-France. 536 p. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0135047>.

DAMOUR, Vincent (dir.). (2012). Brétigny-sur-Orge (Essonne), ZAC de la « Maison Neuve » : lot ZF (Rapport de fouille). Pantin : Inrap Centre - Île-de-France. 336 p. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0124302>.

GENTILI, François & MAHÉ-HOURLIER , Nadine (dir.). (1993). Servon (Seine-et-Marne), "L'Arpent Ferret" : villa gallo-romaine et habitat du Haut Moyen Âge (Rapport de fouille). Paris, Saint-Denis : Afan CIF, SRA Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0110232>.

Publication citée dans l'introduction

DAMOUR, Vincent. (2020). L'adaptation des méthodes de diagnostic archéologique à une surface préalablement décapée : le site antique de Servon "Parc de la Roseraie" (Seine-et-Marne). Revue Archéologique d'Île de France, 11, 241-261.

Citations

DAMOUR, Vincent (dir.), JOVENET, Elsa,  CAMMAS, Cécilia, CLAVEL, Viviane, COTTÉ, Olivier, DURAND, Juliette, FECHNER, Kaï, FOUCRAY, Bruno, GUÉRIT, Magali, LAPORTE-CASSAGNE, Caroline, LAWRENCE-DUBOVAC, Paulette, LECOMTE-SCHMITT, Blandine, LECONTE, Luc, LEFÈVRE, Annie, LORQUET, Philippe, LOICQ, Sabine, MAUDUIT, Céline, MORET-AUGER, Florence, NEAUD, Pascal, PERRAULT, Christophe, PISSOT, Véronique, VALLAT, Pierre & WÜSCHER, Patrice. (2021). Vigneux-sur-Seine, Le Clos de la Régale (Essonne, Île-de-France) : rapport de fouille archéologique 2015. Paris : Inrap. (Documents d'archéologie préventive ; 18). <https://doi.org/10.34692/xfd8-zk61>.

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DAP 3 | Gif-sur-Yvette « Rond-point de Corbeville » (Essonne)

La fouille réalisée en 2005-2006 sur la commune de Gif-sur-Yvette, dans l’Essonne, au lieu-dit « Le Rond-Point de Corbeville », s’inscrit dans une

La tessonnière 257 en cours de fouille

L’opération de fouille à Bruyères-le-Châtel (Essonne) s’étend sur 2000 m2.

Visuel12.Tigery

Une fouille a été engagé en prévision de l’aménagement de la ZAC du Plessis-Saucourt, à Tigery (Essonne).

Château de Dourdan : étude du parement de la courtine sud-ouest et des salles sud-est (Île-de-France, Essonne, Dourdan)

Sous-titre

Rapport de fouille archéologique 2011

Numéro DAP
7
Image d'entête
DAP 7 | Dourdan « Château de Dourdan » (Essonne)
Média
DAP 7 | Dourdan « Château de Dourdan » (Essonne)
date expertise
juin 2012
date achevement
décembre 2011
Paragraphes

L’opération menée en 2011 sur le château de Dourdan (Essonne) et, plus précisément, l’étude des courtines sud-ouest a permis de relocaliser le logis royal (Philippe II Auguste : 1165-1223) détruit au cours du siège de 1591.
Ces découvertes et l’intérêt qu’elles ont suscité vis-à-vis de l’ensemble de ce château prestigieux, avec la réalisation d’une maquette « numérique » en 2012 (fig. 1), amènent quelques remarques complémentaires au rapport d’opération, en guise de prolongement méthodologique, sur l’interprétation des vestiges et les choix de « reconstitution ».

Fig. 1 : Restitution-reconstitution en image 3d d’après l’étude archéologique de Ph. Lenhardt, le musée du château de Dourdan et l’enluminure des Très riches heures du duc de Berry, en particulier pour la hauteur des bâtiments (DR). Source : Bouilly (Hervé). – [Restitution 3d du château de Dourdan]. In : Les châteaux qui ont fait la France [Dossier]. Le Point, n° 2101-2102, déc. 2012.

Déjà, à la fin des années 80, une première maquette traditionnelle d’architecture à forte connotation rustique (fig. 2 et 3) avait été réalisée pour présenter au public un monument reconstitué, bien différent de ce qu’on en peut percevoir aujourd’hui, c’est-à-dire un château dérasé sans toitures à l’exception de la façade d’entrée reconstruite au XIXe siècle.
Entre les interprétations de 1980, 2009 d’une part et celle de 2012 d’autre part, les différences tiennent aux observations réalisées au cours de la récente opération archéologique et à une large exploitation de l’enluminure des Très Riches Heures du Duc de Berry « mois d’avril » qui atteste que le logis royal était bien situé à cet emplacement.
En effet, la première maquette a été probablement réalisée avec une vue de l’esprit sans aucune référence précise à des données historiques du château tandis que la seconde s’appuie en grande partie sur des réalités archéologiques.

Fig. 2 : Maquette de 1982 qui donne un volume au château avec une connotation manifestement rurale ; les toitures des tours sont reconstituées ainsi que les bâtiment intérieurs (photo Guy Boulin). 

Fig. 3 : Reconstitution du château d’après la maquette de 1982 (cf. fig. 2) (Lemarchand, 2009) (DR). Source : Lemarchand (Fabienne). – [Reconstitution du château de Dourdan]. In : Les châteaux forts : sciences et techniques des bâtisseurs du Moyen Âge. Cahiers de Science & vie, n° 108, déc. 2008-janv. 2009.

Pour aborder ces questions de modélisation/recomposition, il s’avère pertinent d’utiliser les définitions que Pierre-Yves Balut (1982), qui fait référence en ce domaine, a données quant aux différentes « opérations » de restauration, restitution et reconstitution.
La restitution exprime en effet « le complément des lacunes en ayant recours en priorité aux données internes des objets étudiés et ensuite par des références à des modèles pertinents » alors que la reconstitution « donne à voir une (ou plusieurs) idée lorsque les étapes précédentes n’ont plus de réponse. Le propre de la reconstitution est donc qu’elle est invérifiable et de ce fait, nous fait sortir du champ strict de la science pour aller vers celui de la création ».
À Dourdan, les parties restituées du logis royal ont pu l’être par le recoupement des observations archéologiques effectuées sur les vestiges de maçonnerie et l’iconographie existante, celle des Très Riches Heures du duc de Berry représentant le château au XVe s. en second plan d’une scène de fiançailles (fig. 4).
En d’autres termes, une connexion a pu être établie entre les vestiges de murs de refends et leurs prolongements sur les murs et contreforts représentés sur l’enluminure médiévale.

Fig. 4 : Étude menée en 2011 qui a permis d’aboutir à une meilleure restitution en corrélant l’observation archéologique à la seule image connue du château avant sa destruction partielle, l’enluminure du mois d’avril des Très riches heures du duc de Berry (étude Ph. Lenhardt, Inrap).

En revanche, l’absence de vestiges en élévation haute n’a pas permis d’apprécier les hauteurs d’étage, de la toiture et par conséquent la hauteur totale du bâtiment.
Mais puisque les vestiges de la courtine sud-ouest présente une épaisseur de deux mètres, on peut considérer que son point le plus élevé encore en place constitue le niveau minimum à partir duquel le mur est en retrait pour laisser régner les appartements royaux dont les ouvertures sont rythmées par une série de contreforts. Pour la hauteur de l’édifice, c’est donc une restitution a minima qui a été proposée (fig. 5).
Pour la reconstitution archéologique, il existe également une seconde voie qui vise à « se mettre » dans le processus de conception de l’auteur du projet en essayant de retrouver le parti architectural adopté pour la construction d’un bâtiment, ce qui peut nécessiter d’avoir l’expérience du projet architectural.
En effet, un maître d’ouvrage – le commanditaire du projet – expose ses exigences au maître d’œuvre – le concepteur du projet – et en l’occurrence pour Dourdan, un ingénieur militaire.
Le projet doit ensuite être mis en forme selon les idées qui lui ont été exprimées en y intégrant une dimension architecturale lisible en accord avec les aspirations fixées.
Depuis le sud-ouest, le château de Dourdan présente en effet près d’une dizaine de tours y compris la tour maîtresse, ce qui caractérisent son aspect défensif puissant. Simultanément, il affiche une dimension plus « humaine » par l’aménagement d’un niveau résidentiel, l’appartement du roi situé au-dessus de la courtine au sud-ouest, ce qui n’est pas neutre.
En effet, le choix de cet emplacement est judicieux par son orientation cardinale mais aussi par les perspectives très dégagées visibles depuis les ouvertures vers le domaine situé en contrebas.
Il n’est évidemment pas possible de maintenir au droit de cet étage de représentation une épaisseur de deux mètres de mur comme la courtine l’impose car cela nuirait à l’éclairement des salles mais induirait également une vulnérabilité vis-à-vis de l’extérieur. Au contraire, dans cette configuration, une certaine confiance est affichée du côté de la royauté.
Mais, pour mettre en œuvre ce parti architectural, il est nécessaire de trouver des dispositifs architecturaux plausibles.
En effet, la réduction de l’épaisseur du mur sur l’extérieur permet de montrer explicitement depuis l’extérieur que le mur inférieur est très épais, toujours pour les mêmes raisons. Pour assurer cette réduction dans l’épaisseur tout en souhaitant réaliser un lien entre les parties basses et hautes du mur, un système de contreforts est utilisé sans que techniquement, cela soit forcément utile (fig. 5).
Ces contreforts ne font d’ailleurs encore qu’ajouter à l’effet de puissance de la courtine.
Alors tout naturellement, pour maintenir l’homogénéité du bâtiment, afin d’en respecter le parti architectural, il était nécessaire de retrouver ces mêmes dispositifs architecturaux sur la façade sur cour.
À cet effet, un contrefort pris dans un mur qui le prolongeait a été observé, parfaitement lié au mur gouttereau intérieur du logis. Ce n’était donc pas une réparation comme dans le cas où l’on retrouve un contrefort isolé (interprétation qui fut retenue pour la réalisation de la première maquette) mais bien un parti pris délibérément.

Fig. 5 : Coupe Nord-est/Sud-ouest du château : restitution du profil du logis (cf. fig. 166 du rapport pour une vue plus large) (Ph. Lenhardt, Inrap).

Ainsi, même pour un édifice partiellement ruiné, saisir son parti architectural par l’observation archéologique demeure une voie à ne pas négliger. L’exploiter permet de faire progresser sa restitution et rendre plus plausible sa reconstitution.

Sommaire

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. État des connaissances avant l’opération

1.1 La Ville
1.2 Le château

2. Stratégie et méthode mises en œuvre

2.1 Présentation générale et contraintes
2.2 Les objectifs et méthodes

3. Résultats

3.1 Salles dites du duc de Berry
3.2 Courtine sud-ouest (partie ouest du parement interne)

4. Interprétation des sources documentaires

4.1 Les plans anciens
4.2 L’enluminure des Très Riches Heures du duc de Berry

5. Synthèse et conclusion

5.1 Données disponibles et acquises
5.2 Restitution de la volumétrie initiale du logis
5.3 Bilan des hypothèses et questionnement à l’issue de l’étude

6. Annexes

6.1 La fondrière
6.2 Géométrie d’implantation
6.3 Restitutions : maquette et image 3 D
6.4 Rapport d’activité de 1978
6.5 Étude d’impact archéologique de 1988

Bibliographie

Table des illustrations

III. Inventaires techniques

IV. Addenda


1. Étude historique
2. Éléments d’analyse et étude comparative du plan du château de Dourdan
3. Résumé du rapport de fouilles BOURGEAU, COXALL 1988
4. Glossaire des termes employés
5. Bibliographie des annexes

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

LENHARDT, Philippe (dir.). 2011. Dourdan (Essonne), "Château de Dourdan" : étude du parement de la courtine sud-est et des salles sud-est (Rapport de fouille, 1 vol.). Pantin : Inrap Centre Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0122045>.

Rapport de diagnostic

GOUSTARD, Vincent (dir.). (2013). Dourdan (Essonne), Cour du château de Dourdan : 10 place du Général de Gaulle (rapport de diagnostic, 1 vol.). Pantin : Inrap Centre Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0128412>.

Publications

PIOZZOLI, Christian. (2020). Le château de Dourdan (Essonne) : éléments d’interprétation fonctionnelle du bâti. Dans H. Mouillebouche, N. Faucherre et D. Gautier (dir.), Le château de fond en comble. Hiérarchisation verticale des espaces dans les châteaux médiévaux et modernes : Actes du 7e colloque international au château de Bellecroix, 18-20 oct. 2019. Chagny : Centre de castellologie de Bourgogne.

BALUT, Pierre-Yves. (1982). Restauration, restitution, reconstitution. Revue d’archéologie moderne et d’archéologie générale1, 95-109.

Citations

LENHARDT, Philippe (dir.), LABAT, Olivier, VIRÉ, Marc, MORANO, Roland, MITTON-FARNIÉ, Isabelle et coll. (2020). Château de Dourdan : étude du parement de la courtine sud-ouest et des salles sud-est (Île-de-France, Essonne, Dourdan) : rapport de fouille archéologique 2011. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 7). <https://doi.org/10.34692/2eyq-ec58>.

Auteur(s) / direction
Chronique de site
Château de Dourdan à Dourdan (Essonne)
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Text
archeo_plateau_de_saclay_-_3_1.jpg

L’Inrap présente un multimedia qui synthétise près de 20 ans de découvertes archéologiques réalisées sur le plateau de Saclay (Île-de-France).

Fouilles du site magdalénien des Tarterêts III (Essonne)

Bientôt de nouvelles fouilles archéologiques aux Tarterêts.

Gif-sur-Yvette, sud-ouest du rond-point de Corbeville (Île-de-France, Essonne)

Sous-titre

Rapport de fouille archéologique 2016

Numéro DAP
3
Image d'entête
DAP 3 | Gif-sur-Yvette « Rond-point de Corbeville » (Essonne)
Média
DAP 3 | Gif-sur-Yvette « Rond-point de Corbeville » (Essonne)
date expertise
octobre 2017
date achevement
février 2016
Paragraphes

La fouille réalisée en 2005-2006 sur la commune de Gif-sur-Yvette, dans l’Essonne, au lieu-dit « Le Rond-Point de Corbeville », s’inscrit dans une série d’opérations de diagnostics et de fouilles réalisées par l’Inrap sur le Plateau de Saclay dans le cadre des aménagements liés à l’Opération d’Intérêt Nationale menée par l’EPA Saclay pour la réalisation du développement du pôle scientifique sud-Paris. L’opération a permis la découverte, en rebord du plateau, des vestiges d’un village celtique de la fin du premier âge du Fer (fin du VIe-première moitié du Ve siècle av. J.-C.). Deux étapes d’occupation ont été perçues pour cette phase. Des témoins d’occupations plus récents (La Tène finale et Gallo-romaine) sont également présents.

C’est sur le caractère tout à fait exceptionnel de la découverte d’un village du Hallstatt final, cas pratiquement unique pour le Nord de la France, inédit pour l’Île-de-France, qu’il faut insister. Le site de Gif-sur-Yvette constitue désormais une référence et sa publication fera l’objet d’un article.

Ainsi, le site s’organise en deux espaces bien distincts, mais certainement liés : à l’ouest, un enclos à double fossé dont le centre est occupé par plusieurs structures bâties principalement à fonction d’habitat par la présence de céramique culinaire ; à l’est un espace parcellisé, organisé en « unités », assez régulières et comparables en surface (on peut restituer un module d’environ 70 x 30-40 m, soit une surface moyenne de 2 000 à 2 500 m2) et aux caractéristiques communes, en particulier dans la disposition des bâtiments.
Si le terme de « village » vient à l’esprit, il faut néanmoins rester prudent, car les comparaisons manquent pour cette période dans notre région. Des exemples extra régionaux et européens, existent néanmoins, en Allemagne en particulier et dans le nord de la France.
On insistera également sur la présence attestée d’une petite métallurgie du fer, d’activités liés au tissage et à l’étude des restes carpologiques et fauniques qui apporte des données inédites sur les activités, les modes de consommation et les pratiques agricoles liées à ce site.

Jattes carénées (fin du VIe s. av. J.-C.). Gif-sur-Yvette, « Rond-point de Corbeville ». DAO : David Bardel, Inrap.

Une restructuration datée de La Tène ancienne (fin du Ve siècle/début du IVe siècle) est attesté dans la partie ouest du site par la division de l’unité rurale la plus occidentale. Elle ne concerne que cette partie du site. Elle a également été perçue pour l’enclos, par la présence de céramique dans les couches de comblement les plus récentes de son fossé.
Bien après la disparition de cette occupation, sont à signaler, à l’ouest du site, quelques bâtiments de La Tène finale. Ils se distinguent d’une part par leur orientation, très légèrement différente de celle des bâtiments du Hallstatt, et par un mobilier caractéristique. Ces témoins doivent très certainement être rattachée à un habitat dont d’autres éléments ont été repérées en diagnostic dans la parcelle située immédiatement au nord-ouest de l’emprise fouillée.

Enfin, à la période gallo-romaine appartient une mare localisée dans la partie nord-est de l’emprise décapée. Une canalisation en pierres couverte de dalles y aboutit, mais qui fut peut être aussi en lien avec un puits postérieur à son comblement. Cette mare semble avoir servi de réservoir pour un réseau de distribution d’eau ou d’irrigation rayonnant dont plusieurs fossés rectilignes ont été retrouvés. Ils suivent la ligne de plus grande pente du terrain et se dirigent vers le sud et le sud-est.

Les opérations d’archéologie préventive menées depuis quelques années sur le plateau de Saclay complètent progressivement la carte du réseau de peuplement de ce secteur de l’Île-de-France, en particulier pour la période gauloise souvent mal représentée en prospection.
Le site de Gif-sur-Yvette s’inscrit dans ce contexte de connaissance du terroir protohistorique et antique du sud de l’Île-de-France, dans une partie encore modeste en données pour cette période. Nous sommes ici dans la partie la plus méridionale du territoire des Parisii, mais aussi dans la zone de frontière encore mal cernée avec les deux peuples qui lui sont limitrophes, les Carnutes à l’ouest et les Sénons, au sud (la vallée de l’Yvette étant la limite géographique généralement admise).
La découverte d’un habitat des VIe-Ve siècles av. J.-C. est remarquable, car elle ouvre le questionnement de l’origine de la constitution des terroirs protohistoriques de ce secteur, de leurs spécificités et de leurs caractéristiques tout en permettant d’en cerner déjà quelques caractères. Cela fait du village Hallstatt de Gif-sur-Yvette, une référence pour le nord de la France.

Sommaire

Volume 1

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Introduction

1.1 Circonstances de l’intervention
1.2 Etats des connaissances
1.3 Stratégies et méthodes mises en oeuvre

2. L’occupation archéologique

2.1 Présentation générale
2.2 L’occupation de la fin du Hallstatt (zones 1 et 2)
2.3 Les témoins d’une occupation de La Tène finale (zone 1)
2.4 L’occupation gallo-romaine (zones 1 et 2)

3. Conclusion

4. Les études spécialisées : les mobilier

4.1 Le mobilier céramique
4.2 Les restes fauniques du site du Hallstatt final de Gif-sur-Yvette (Essonne)
4.3 Le mobilier métallique
4.4 Les fusaïoles
4.5 Le lithique

5. Les études spécialisées : géoarchéologie et paléoenvironnement

5.1 Approche géoarchéologique
5.2 La micromorphologie
5.3 Rapport d’étude carpologique
5.4 Analyse palinologique

Bibliographies

Plaquette de communication

Table des illustrations


Volume 2

III. Inventaires technique

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

BLIN, Olivier (dir.). (2016). Gif-sur-Yvette (Essonne), Sud-Ouest du Rond-Point de Corbeville (Rapport de fouille, 2 vol.). Pantin : Inrap Centre - Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0140387>.

Publication

TOULEMONDE, Françoise. (2010). L’alimentation végétale durant la Protohistoire ancienne en Île-de-France. Étude carpologique des sites de «​ Gif-sur-Yvette Rond-Point de Corbeville » (Essonne) et Villiers-sur-Seine «​ Le Gros Buisson » (Seine-et-Marne). Revue archéologique d’Île-de-France, 3, 63-83. Disponible en ligne sur <http://www.raif.fr/images/raif-03-2010/RAIF-03-04-Toulemonde.pdf> (consulté le 11 décembre 2019).

Citations

L’ensemble

BLIN, Olivier (dir.), ALLENET DE RIBEMONT, Gisèle, BANDELLI, Alessio, BARDEL, David, CAMMAS, Cécilia, COUDERC, Jérémie ... MÉNIEL, Patrice. (2019). Gif-sur-Yvette, sud-ouest du rond-point de Corbeville (Île-de-France, Essonne) : rapport de fouille archéologique 2016. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 3). <https://doi.org/10.34692/xq10-3w25>.

Le volume 1

BLIN, Olivier (dir.), ALLENET DE RIBEMONT, Gisèle, BANDELLI, Alessio, BARDEL, David, CAMMAS, Cécilia, COUDERC, Jérémie ... MÉNIEL, Patrice. (2019). Gif-sur-Yvette, sud-ouest du rond-point de Corbeville (Île-de-France, Essonne) : rapport de fouille archéologique 2016.  Vol 1, Texte, figures et études spécialisées. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 3). <https://doi.org/10.34692/xq10-3w25>.

Le volume 2

BLIN, Olivier (dir.), ALLENET DE RIBEMONT, Gisèle, BANDELLI, Alessio, BARDEL, David, CAMMAS, Cécilia, COUDERC, Jérémie ... MÉNIEL, Patrice. (2019). Gif-sur-Yvette, sud-ouest du rond-point de Corbeville (Île-de-France, Essonne) : rapport de fouille archéologique 2016. Vol 2, Inventaires et archives graphiques. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 3).  <https://doi.org/10.34692/xq10-3w25>.

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Rond-point de Corbeville à Gif-sur-Yvette (Essonne)
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