Montlhéry visuel 10

Cette fouille implantée au cœur de la cité, à proximité de l’église paroissiale, permet d’appréhender l’évolution d’un pan de la ville fortifiée...

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Le 8e séminaire scientifique et technique de l’Inrap sera organisé les 3 et 4 décembre 2024, en partenariat avec le Laboratoire de Mesure du...

Les Trois Mares : Danone - Vitapôle et doublement de la RD 128 (Île-de-France, Essonne, Palaiseau)

Sous-titre

Rapport de fouille 2020

Numéro DAP
45
Image d'entête
DAP 45 | Palaiseau « Les Trois Mares » (Essonne)
Média
DAP 45 | Palaiseau « Les Trois Mares » (Essonne)
date expertise
septembre 2021
date achevement
novembre 2020
Paragraphes

Suite à un diagnostic réalisé en 2000 (S. Serre, 2000), au lieudit « Les Trois Mares » à Palaiseau (Essonne), une fouille préventive a été engagée en 2001 sur la moitié de la surface explorée à cette occasion, soit 2 ha. Le site est localisé sur le plateau de Saclay, à l'est de la commune du même nom, à 350 m au sud de la route départementale n°36 et borde la route départementale n°128, face à la limite occidentale du domaine de l’École Polytechnique, à 25 km au sud de Paris.

Les phases d’occupation

Si de nombreux indices attestent d’une occupation de ce secteur dès le Néolithique, les vestiges fouillés sont datés au plus tôt de la seconde moitié du IIe siècle avant J.-C.
Cette occupation protohistorique se développe très nettement à partir du début du Ier siècle avant notre ère jusqu'à la période augustéenne sous la forme d'au moins un enclos fossoyé où se regroupent bâtiments d'habitation et greniers en bois et torchis. Il est intéressant de remarquer que les états les plus récents reprennent la disposition des états antérieurs (il en est de même d’ailleurs pour la phase gallo-romaine). On note aussi la résilience et la permanence de l’orientation générale des fossés, qui reste relativement identique tout au long de la longue vie du site. Ce réseau, mis en place très tôt, influence donc largement l’organisation du paysage aux phases suivantes. Les aménagements repérés sont en fait intégrés dans un parcellaire plus large que la zone d’intervention, révélé lors des fouilles postérieures de 2013 et 2014 au nord et à l’est du site (C. Giorgi, 2016 et 2018) (fig. 1). Un véritable complexe a été mis au jour dont l’enclos présenté ici constitue le pôle principal.

Fig. 1 : Plan d’ensemble des fouilles successives de Palaiseau « Les Trois Mares ». Cliché : C. Giorgi et R. Touquet, Inrap.

Pour la période gallo-romaine, l’espace est recomposé par un nouveau réseau fossoyé qui s’inscrit dans l’organisation des modules antérieurs. Bâtiments en meulière ou encore en bois pour certains, prennent la place des limites précédentes au plus tôt dès le milieu du Ier siècle ap. J.-C. Plusieurs séquences de construction peuvent être partiellement restituées jusqu'au IIIe siècle ap. J.-C. Il s’agit des dépendances d'une villa, pars rustica, dont la pars urbana se trouve plus à l’est et a été fouillée en 2014 (C. Giorgi, 2017).

Le site est encore occupé à la fin du IVe siècle et très certainement au début du Ve siècle. Aucune interruption, il convient de le signaler, n’a été discernée.

On peut donc retenir les phases principales suivantes :

  • À La Tène D1, un premier fossé orienté est-ouest, matérialise l’axe principal de l’occupation. Au moins deux bâtiments y sont associés.
  • Au début du Ier siècle avant J.-C., un enclos fossoyé quadrangulaire est implanté, à l'intérieur duquel sont présents des bâtiments d'habitation, des granges et des greniers construits en bois et torchis. Son occupation se prolonge jusqu’à la période augustéenne qui voit le comblement, sur un laps de temps assez court, des fossés. Les principaux bâtiments subsistent et sont même pour certains réaménagés ou reconstruits (la présence de nombreux clous dans les comblements liés directement à l’occupation de l’enclos en témoigne). Plusieurs fosses d’extraction de limon utilisées ensuite comme dépotoirs domestiques attestent encore de ces transformations au moins sous le règne de Tibère.
  • Dès le IIe siècle après J.-C. (peut-être dès la fin du Ier siècle ?), des bâtiments en pierre remplacent progressivement ceux en bois, jusqu'au IIIe siècle après J.-C.
  • Quelques fosses, des comblements sommitaux de fossés, des palissades, des sols piégés par des effondrements de murs ou par des tassements, ainsi qu'un four domestique installé sur les bords d'une mare, indiquent que le site est encore occupé à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle après J.-C.

Les habitants du plateau de Saclay au fils des siècles

L’image livrée par ce site reste encore pour certains aspects, imprécise mais illustre cependant un certain confort matériel des populations de ce secteur francilien. À la fin de l'âge du Fer, elles semblent déjà intégrées à un vaste réseau d'échanges venant de Méditerranée (nombreuses amphores dès la fin du IIe siècle en particulier), disposant d'un vaisselier diversifié de qualité et d'un important outillage métallique. De plus, la très bonne conservation des restes osseux animaux permet aussi de bien cerner l'évolution des pratiques alimentaires durant la fin de La Tène dans cette partie de l’Île-de-France, aux confins des cités carnutes et parisii.

Outre la continuité de l’occupation du site, de La Tène C2 à l’Antiquité tardive, ses éléments constitutifs montrent aussi une relative permanence. Les fossés, par exemple, qui structurent l’espace, conservent une constance dans les tracés et les orientations. Il en est de même pour les bâtiments, dont certains sont plusieurs fois rebâtis au même emplacement. À cet égard, le plus remarquable est le bâtiment principal, situé à l’ouest, maintenu dans sa position et fonction résidentielle durant au moins un siècle et demi voire plus.

Quant aux différentes fonctions attestées, on mentionnera surtout les activités domestiques, ce qui semble logique :

  • Le tissage représente une activité sans doute non négligeable si l’on considère les nombreux pesons découverts à proximité de chaque bâtiment d’habitation (Blin et coll., 2003).
  • Le filage et le travail des textiles ou des peaux sont également attestés par les fusaïoles et les alênes mises au jour (fig. 2 et 3).
  • La présence récurrente de nombreuses scories dans les structures de La Tène finale indique l’existence probable d’un atelier de travail du métal voire de réparation d’objets. Mais aucune trace de forge ou d’autres structures (réduction, affinage…) n’a été mise au jour dans l’emprise fouillée. Il faut signaler toutefois la présence d’un lingot de fer, sous forme de barre, dont on peut poser la question de son éventuelle fabrication sur place (ce qui sera confirmé par les fouilles postérieures de 2013 et 2014).
  • L’élevage et l’agriculture sont suggérés par la présence de quelques objets particuliers, par exemple les forces, les serpes, et par extension les faisselles, mais leur faible nombre laisserait plutôt penser qu’il s’agit d’outils et de vaisselle nécessaires au quotidien.

Fig. 2 : Poinçon en os. Cliché : Laurent Petit, Inrap.

Fig. 3 : Porte aiguille en alliage cuivreux. Cliché : Laurent Petit, Inrap.

La plupart des objets de valeur, comme les éléments de parure (fig. 4), l’armement et les monnaies, découverts autour de ces bâtiments, témoigne du niveau de vie des occupants durant La Tène. Dans la classification actuelle des sites ruraux, les sites les plus aisés sont caractérisés comme « aristocratiques » par opposition aux sites ruraux plus modestes appartenant à de « simples fermiers » (Malrain, 2002, p.139). Le site de Palaiseau apparaît s’inscrire entre ces deux extrêmes.

Fig. 4 : Perle en verre (Ier siècle avant J.-C.). Cliché : Laurent Petit, Inrap.

Le paysage agricole

À partir des données carpologiques, on note une remarquable continuité des espèces cultivées, tout au long de cette longue occupation, avec la présence pour les céréales d’orge vêtue (Hordeum vulgare vulgare) et surtout de blé nu (Triticum aestivum/durum/turgidum).

En ce qui concerne les légumineuses, leur présence est sporadique. En revanche, pour les phases antiques, de nouvelles espèces cultivées apparaissent, certaines connues anciennement tels que le lin (Linum usitatissimum), d’autres témoignant de la romanisation : le noyer royal (Juglans regia), la vigne (Vitis vinifera) et la coriandre (Coriandrum sativum) présents dès l’époque tibérienne.

On relèvera l’absence totale des blés vêtus sur le site, et ce dès l’époque laténienne. C’est une situation exceptionnelle car en Île-de-France ces blés sont généralement fortement représentés tout au long de l’âge du Fer et ne sont remplacés par les blés nus qu’après la conquête romaine. Le choix exclusif de cette espèce à Palaiseau dès le Ier siècle av. J.-C. représente donc un trait original et signale à nouveau des relations précoces avec les régions méridionales, ce que tend à confirmer par ailleurs la présence d’amphores vinaires italiques en grand nombre dès La Tène C2 (Blin et coll., 2001). La culture de la coriandre au Ier siècle, épice considérée au Haut-Empire comme un produit rare et coûteux, confirme aussi l’existence à la période romaine de contacts avec cet espace méditerranéen. Les données des études archéozoologiques et céramiques apportent une pierre de plus à l’édifice : on note pour l’époque laténienne l’arrivée précoce de grands animaux.

L’ensemble de ces éléments conduit à formuler l’hypothèse que Palaiseau était peut-être un habitat de rang élevé, qui entretenait des relations suivies avec les grands circuits commerciaux provenant du sud, dès le second âge du Fer. Par comparaison avec d’autres sites ruraux ou des sites dits « aristocratiques », la fouille du site de Palaiseau constitue donc un jalon pour leur compréhension.

Sommaire

Volume 1 : texte et inventaires techniques

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Introduction

1.1. Le Plateau de Saclay
1.2. L’opération archéologique
1.3. Méthodologies de fouille et d’étude
1.4. Présentation générale des structures
1.5. Répartition géographique des mobiliers : principes graphiques

2. Présentation du site par phase chronologique

2.1. Phasage chronologique du site
2.2. La phase I : La Tène C2-D1 (Milieu et fin du IIe siècle avant n. è.)
2.3. La phase II : La Tène D1 (-150/-80 avant n. è.)
2.4. La phase III : La Tène D2 - période gallo-romaine précoce (-80/-30
avant n. è.)
2.5. La phase IV : Le Ier siècle ap. n. è.
2.6. Les phases V et VI : IIe et IIIe siècles ap. n. è. (phase V) et continuité
au début de l’Antiquité tardive (phase VI)
2.7. La phase VII : un bâtiment du haut-Moyen-Âge ?
2.8. La phase VIII : Un chemin moderne et ses abords

3. Présentation du mobilier et analyse spatiale

3.1. La céramique
3.2. La faune
3.3. L’Instrumentum

4. Conclusion et éléments de synthèse

Bibliographie

Liste des illustrations

Liste des tableaux

IV. Inventaires techniques


Volume 2 : études spécialisées

Études spécialisées

1. Les céramiques

1.1. Présentation générale
1.2. La céramique des ensembles 1 à 12 (de La Tène C2/D1 au milieu du Ier s. ap. n. è.)
1.3. La céramique des autres contextes
1.4. Conclusion
Annexe 1 : Inventaire de la céramique de La Tène C2/La Tène D1 jusqu’à la fin du IVe ou le début du Ve siècle
Annexe 2 : Planche de synthèse des céramique.
Bibliographie
Table des illustrations
Liste des tableaux

2. Les amphores

2.1. L’origine des amphores et des produits
2.2. La distribution des produits dans le temps
2.3. Les amphores Dressel 1 et leur signification
Bibliographie
Table des illustrations
Liste des tableaux

3. La faune

3.1. Introduction
3.2. Les animaux
3.3. Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Liste des tableaux

4. Les monnaies gauloises

5. Les autres monnaies

5.1. Période antique
5.2. Période moderne
5.3. Période contemporaine
5.4. Période indéterminée

6. Le mobilier métallique

6.1. Introduction
6.2. La chronologie
Annexe 1 : autres mobiliers métalliques
Inventaire du mobilier métallique
Table des Illustrations

7. Rapport d’étude carpologique

7.1. Présentation du site
7.2. Échantillonnage
7.3. Traitement des échantillons
7.4. Présentation des données
7.5. État de conservation du matériel et implications sur le spectre taxinomique
7.6. Les espèces alimentaires
7.7. Les produits de « luxe »
7.8. Les espèces sauvages
7.9. Conclusion
Inventaire des taxons
Bibliographie

8. Analyse pollinique

Préambule
8.1. Description des données
8.2. Interprétation des données
8.3. Conclusion
Bibliographie
Table des Illustrations

9. Les restes anthracologiques

9.1. Technique et principes d’identification
9.2. Résultats qualitatifs
Liste des tableaux

10. Terres crues architecturales

Introduction
10.1. Le mobilier
10.2. Nettoyage. Traitement et comptage des fragments
10.3. 10.3 Les matériaux
10.4. Fabrication des torchis
10.5. Conclusion

11. Fils et pesons : éléments pour une approche des techniques de
tissage en Gaule romaine

11.1. Les contextes de découverte
11.2. Description des pesons
11.3. Mode d’utilisation
11.4. Expérimentation
11.5. L’activité textile à l’âge du Fer et à l’époque gallo-romaine dans le Nord de la Gaule
11.6. Conclusion générale
Bibliographie
Table des Illustrations
Liste des tableaux

12. Un moule à alvéole (lingotière ?) (US 21008 ) ; vestige d’un atelier
polymétallique ?

Bibliographie
Table des Illustrations

13. Mobilier en os et fusaïole

14. Métallurgie

Inventaire général
Inventaire des culots
Inventaire des culots et autres résidus par US

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

BLIN, Olivier (dir.). (2020). Palaiseau (Essonne), "Les Trois Mares" : (Danone - Vitapôle et doublement de la RD 128) (Rapport de fouille, 2 vol.). Pantin : Inrap Centre-Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0161191>.

Autres rapports d'opération

GIORGI, Cyril (dir.). (2016). Palaiseau (Essonne), Lieu-dit "Les Trois Mares" : avenue de la Vauve (Rapport de fouille, 2 vol.). Pantin : Inrap Centre-Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0143900>.

GIORGI, Cyril (dir.). (2018). Palaiseau (Essonne), ZAC du quartier de l'école Polytechnique : (tranche 1) : Bassin de rétention n°2 : à l'est de l'avenue de la Vauve (RD 128), et les parcelles N 2.1 et N 2.2 (Rapport de fouille, 3 vol.). Pantin :  Inrap Centre-Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0153034>.

SERRE, Sylvie. (2000). Palaiseau (Essonne), "Les Trois Mares / Vitapole Danone" (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Paris : Afan Centre-Île-de-France, Saint-Denis : SRA Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0112036>.

Publications

BLIN, Olivier, LAUBENHEIMER, Fanett & PISSOT, Véronique. (2001). Les amphores de Palaiseau "Les Trois Mares". Dans Les denrées en Gaule romaine, production, consommation, échanges : Table ronde, 15-16 nov. 2001, Nanterre (p. 38-42). Nanterre : Maison de l'Archéologie et de l'Ethnologie.

BLIN, Olivier, MÉDARD, Fabienne & PUYBARET, Marie-Pierre. (2003). Fils et pesons : éléments pour une approche des techniques de tissage en Gaule romaine du Nord. Dans S. Lepetz et V. Matterne (dir.), Cultivateurs, éleveurs et artisans dans les campagnes de Gaule romaine : Actes du colloque AGER, Compiègne, juin 2002 (p. 157-176). Revue archéologique de Picardie, 1-2. DOI : 10.3406/pica.2003.2363.

MALRAIN, François, MATTERNE, Véronique & MÉNIEL, Patrice. (2002). Les paysans gaulois (IIIe siècle - 52 av. J. C.). Paris : Éditions Errance, Inrap. 236 p.

Citations

BLIN, Olivier (dir.), ALLENET DE RIBEMONT, Gisèle, BECQ, Gilles, BÉNARD, Claire, CARRIÈRE-DESBOIS, Catherine, COUBRAY, Sylvie, DHÉNIN, Henri, GINOUX, Nathalie, GIORGI, Cyril, LAUBENHEIMER, Fanette, LE CALVÉ, Gaëlle, LEROYER, Chantal, MATTERNE, Véronique, MÉDARD, Fabienne, MÉNIEL, Patrice, MORET-AUGER, Florence & PISSOT, Véronique. (2024). Les Trois Mares : Danone - Vitapôle et doublement de la RD 128 (Île-de-France, Essonne, Palaiseau) : Rapport de fouille 2020 (2 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 45). DOI : 10.34692/g7jp-fm50.

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Chronique de site
Les Trois Mares à Palaiseau (Essonne)
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Ancien hôpital : Un quartier d’Étampes du XIe siècle au début du XIXe siècle (Île-de-France, Essonne, Étampes, rue du Rempart, rue Évezard, rue Baugin)

Sous-titre

Rapport de fouille 2012

Numéro DAP
40
Image d'entête
DAP 40 | Étampes « Ancien hôpital » (Essonne)
Média
DAP 40 | Étampes « Ancien hôpital » (Essonne)
date expertise
novembre 2013
date achevement
janvier 2012
Paragraphes

En 2005, la fouille du site de l’Ancien Hôpital d’Étampes a porté sur 2850 m2, dans le noyau d’origine de la ville médiévale fortifiée. L’opération a permis d’étudier l’évolution d’un îlot urbain depuis sa création au XIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle. Depuis, plusieurs autres diagnostics ont eu lieu, mais n’ont essentiellement porté que sur Étampes-les-Vieilles ou bourg Saint-Martin et sur le quartier de Saint-Gilles, c’est-à-dire hors des limites d’Étampes-le-Châtel. La seule opération d’importance dans le même contexte a été celle réalisée rue de la République (Glisoni, 2009) dont les résultats ont été intégrés dans le rapport présenté ici, avec notamment la position du fossé d’enceinte du XIe siècle. La publication de la fouille de l’hôpital, malgré son ancienneté, reste donc pleinement d’actualité.

L’étude de la formation de la ville d’Étampes est particulièrement intéressante pour l’archéologie en ce qu’elle procède de plusieurs noyaux urbains et d’extensions successives. Le vicus antique est désormais globalement cerné, aux confins de Brière-les Scellés et Morigny, à 2 km au nord de la ville médiévale. À ce titre, il faut signaler la fouille de la nécropole du vicus (Lawrence-Dubovac, 2015). Sur le site de l’ancien hôpital, un grand fossé défensif, au profil en V, de la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère, indique par ses importantes dimensions, une occupation d’un statut particulier (retranchement militaire ou ferme indigène « aristocratique » ?). Aucun nouvel élément n’est à signaler dans cet enclos du début de la période romaine.

La position du vicus du haut Moyen Âge reste encore à définir ; peut-être dans le faubourg Saint-Martin (Étampes-les-Vieilles). Le château primitif du Xe siècle se situe immédiatement à l’ouest de la fouille de l’ancien hôpital. Son existence et sa position, qui découlent de la toponymie (« le Donjon »), du parcellaire ancien et de la numismatique, sont évoquées dans ce rapport. Malgré la proximité de la motte castrale, aucun indice relatif à cette période précise n’a été relevé.

C’est donc autour de ce premier château du roi Raoul (923 à 936) que va se développer le noyau urbain médiéval, avec la construction d’une enceinte fossoyée au XIe siècle. Cet aménagement avait été oublié au fil des siècles, avant d’être remis au jour grâce à cette fouille. Seuls des indices de datation contemporains de son creusement et provenant principalement d’un ensemble de structures domestiques en creux, ont été prélevés (de la fin du Xe au début du XIIe siècle).

L’extension et la prospérité de la ville au XIIe siècle se perçoit nettement dans la parcelle fouillée, après la construction d’une nouvelle enceinte (hors-emprise) et de la citadelle de Guinette. Le comblement de l’ancien fossé est effectif durant la seconde moitié du XIIe siècle, lorsqu’une ruelle s’installe sur son tracé. Cette division parcellaire nous signale pour la première fois le quartier canonial, qu’elle entoure. Les remaniements importants de la période moderne ont fait disparaitre les vestiges des maisons canoniales médiévales, mais ont heureusement épargné une extension du cimetière de la collégiale Notre-Dame voisine (XIIe-première moitié XIIIe siècle). À l’extérieur du quartier canonial, un nouvel îlot urbain créé par l’extension de la ville, abrite un clos ou les structures en creux sont nombreuses, tandis qu’on observe la progression de l’habitat le long de la rue Evezard, qui mène à la porte du même nom (fig. 1). 

Fig. 1 - Vue des maisons de la rue Évezard (XIVe-XVe siècle). Cliché : Steve Glisoni, Inrap.

Pour le bas Moyen Âge, le développement de l’habitat a pu être appréhendé, principalement le long de la rue Evezard. Pour la période moderne, l’essentiel des vestiges se rapporte au XVIe siècle, ce qui s’inscrit dans le phénomène général de renouveau architectural de la ville à cette époque, consécutif à la création du port pour les blés à destination de Paris après 1490. On peut relever la présence d’une auberge (dite du Sauvage). Son plan diffère du plan-type des grandes auberges étampoises comme celles de la rue Saint-Jacques, car il procède de celui des maisons médiévales qui l’ont précédé (fig. 2).

Fig. 2 - Vue générale des maisons canoniales (XVIe siècle). Cliché : Steve Glisoni, Inrap.

Un ensemble de grandes caves appartenant aux maisons du chapitre indique la reconstruction complète du quartier canonial au XVIe siècle, qui sera finalement détruit à la Révolution (fig. 3).

Fig. 3 - Vue d'une partie du cimetière médiéval en cours de fouille. Cliché : Laure Pecqueur, Inrap.

Enfin, on se reportera aux études spécialisées. La population du cimetière (181 sépultures) reste l’ensemble funéraire le plus important étudié à Étampes. Au point de vue de l’archéozoologie, l’ensemble le plus remarquable provient d’une boucherie ou lieu d’abattage, notamment de chevaux, de la seconde moitié du XIIe siècle. Concernant le bois, le corpus comprend un certain nombre d’objets qui peuvent être considérés comme rares. Enfin, les très complètes études céramiques médiévale et moderne, grâce à l’abondance du mobilier, ont livré des ensembles clos de référence pour les types et les formes en usage à Étampes, qui restent pleinement d’actualité.

Sommaire

Volume I : Présentation de l’opération et des données archéologiques

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Du projet à l'opération archéologique

1.1. Circonstances de l’intervention
1.2. Stratégie et méthodes mises en œuvre
1.3. Contexte historique et archéologique

2. L'occupation archéologique

2.1. Approche morpho‑sédimentaire du site
2.2. La période antique
2.3. Absence d'indices d'occupation au haut Moyen Âge
2.4. L’occupation de la fin du Xe au début XIIe siècle
2.5. Le XIIe siècle et le début du XIIIe siècle
2.6. Du XIIIe au XVe siècle
2.7. La période moderne
2.8. Quelques ensembles clos de la première moitié du XIXe siècle

3. Conclusion

4. Sources et bibliographie

4.1. Sources imprimées
4.2. Rapports dactylographiés
4.3. Sources cartographiques
4.4. Sources Internet

Table des illustrations

III. Inventaires techniques


Volume II : Études spécialisées

5. Étude de la céramique médiévale (fin Xe – XVe siècles)

5.1. Introduction
5.2. Phase 1 : Fin Xe/XIe – début XIIe siècles
5.3. Le fossé d’enceinte 3088
5.4. Phase 2 : XIIe – début XIIIe siècles
5.5. Le cimetière et les vases funéraires
5.6. Du milieu du XIIIe au XVe siècle : les phases 3 et 4
5.7. Synthèse générale
5.8. Bibliographie
5.9. Inventaire du mobilier céramique médiéval

6. Étude de la céramique moderne (XVIe – XIXe siècles)

6.1. Les ensembles céramiques du XVIe siècle
6.2. Les ensembles céramiques du XVIIe siècle
6.3. Les ensembles de la fin du XVIIIe – Début du XIXe siècle
6.4. Synthèse
6.5. Inventaire de la céramique moderne
6.6. Bibliographie

7. Étude du mobilier métallique

7.1. Introduction
7.2. Le corpus
7.3. Les ensembles de mobilier métallique
7.4. Détermination des activités représentées à travers le corpus métallique
7.5. Analyse chronologique du corpus
7.6. Bibliographie
7.7. Inventaire du métal

8. Étude archéozoologique du site d’Étampes

8.1. La faune de la fin du Xe au début du XIIe siècle
8.2. La faune du XIIe siècle
8.3. La faune de la fin du XIIe au début du XIIIe siècle
8.4. La faune du XIIIe au début du XIVe siècles
8.5. Bibliographie
8.6. Annexes

9. Étude xylologique

9.1. Introduction
9.2. Méthodologie
9.3. Une grande variété d’essences
9.4. Les éléments du XIIe siècle
9.5. Les objets modernes (XVIIe siècle)
9.6. Technologie du travail du bois
9.7. Conclusion générale
9.8. Glossaire
9.9. Bibliographie
9.10. Inventaire du bois
9.11. Analyses dendrochronologiques

10. Panneau de coffret en os

10.1. Contexte de la découverte
10.2. Présentation générale
10.3. Agencement des plaques et décor
10.4. Spécificités
10.5. Éléments de comparaison
10.6. Éléments de bibliographie

11. Étude technico-typologique des cuirs

11.1. Introduction
11.2. La période médiévale
11.3. La période moderne
11.4. Conclusion
11.5. Glossaire technique
11.6. Bibliographie
11.7. Inventaire du cuir

12. Étude carpologique

12.1. Introduction
12.2. Matériaux et méthodes
12.3. Résultats et commentaires
12.4. Bibliographie

13. Le verre

Bibliographie

14. Les monnaies

15. Le lapidaire

15.1. Calcaire et Grès
15.2. Les ardoises
15.3. Les pierres de provenance extra-régionale

Table des illustrations


Volume III : Étude archéo-anthropologique des sépultures du cimetière Notre-Dame d’Étampes

Avant-propos

Remerciements

1. Présentation

1.1. Circonstance de la découverte
1.2. Localisation et extension
1.3. Stratégie d’intervention sur le terrain
1.4. Matériel et méthodes

2. Les inhumés et le recrutement du cimetière

2.1. La répartition par âge des individus et la mise en évidence d’anomalies démographiques
2.2. Distribution par sexe des individus
2.3. Première approche de l’état sanitaire de la population inhumée conservée
2.4. Synthèse

3. Les pratiques funéraires

3.1. Caractéristiques des inhumations
3.2. Les modes d’inhumation
3.3. Les modes de dépôt des inhumés
3.4. La chronologie des inhumations
3.5. L’organisation spatiale du cimetière

4. Le cimetière de la collégiale Notre-Dame dans son contexte

5. Conclusion générale et perspectives

6. Bibliographie

Table des illustrations

Catalogue des sépultures

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

PEIXOTO, Xavier & CELLY, Paul (dir.). (2012). Étampes (Essonne), rue du Rempart, rue Evezard, rue Baugin : Ancien hôpital : un quartier d'Étampes du XIe siècle au début du XIXe siècle (Rapport de fouille, 3 vol.) Pantin : Inrap Centre-Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0126190>.

Rapports cités dans l'introduction

GLISONI, Steve (dir.). (2009). Étampes (Essonne), rue de la République (Rapport de fouille, 1 vol.). Pantin : Inrap Centre-Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/018512>.

LAWRENCE-DUBOVAC, Paulette. (2015). Morigny-Champigny (Essonne), Tracé sud de la déviation : RN 20-RD 207, lieu-dit Saint-Phallier (Rapport de fouille, 3 vol.). Pantin : Inrap Centre-Île-de-France. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0139701>.

Citations

L'ensemble

PEIXOTO, Xavier (dir.), CELLY, Paul (dir.), GLISONI, Steve, LECONTE, Luc, LEGRIEL, Jacques, PISSOT, Véronique, BELARBI, Mehdi (coll.), WILSON, Julia (coll.). (2023). Ancien hôpital : Un quartier d’Étampes du XIe siècle au début du XIXe siècle (Île-de-France, Essonne, Étampes, rue du Rempart, rue Évezard, rue Baugin) : Rapport de fouille 2012 (3 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 40). DOI : 10.34692/yhmd-0z17.

Le volume 1

PEIXOTO, Xavier (dir.), CELLY, Paul (dir.), GLISONI, Steve, LECONTE, Luc, LEGRIEL, Jacques, PISSOT, Véronique, BELARBI, Mehdi (coll.), WILSON, Julia (coll.). (2023). Ancien hôpital : Un quartier d’Étampes du XIe siècle au début du XIXe siècle (Île-de-France, Essonne, Étampes, rue du Rempart, rue Évezard, rue Baugin) : Rapport de fouille 2012. Volume I : Présentation de l’opération et des données archéologiques. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 40). DOI : 10.34692/yhmd-0z17.

Le volume 2

PEIXOTO, Xavier (dir.), CELLY, Paul (dir.), GLISONI, Steve, LECONTE, Luc, LEGRIEL, Jacques, PISSOT, Véronique, BELARBI, Mehdi (coll.), WILSON, Julia (coll.). (2023). Ancien hôpital : Un quartier d’Étampes du XIe siècle au début du XIXe siècle (Île-de-France, Essonne, Étampes, rue du Rempart, rue Évezard, rue Baugin) : Rapport de fouille 2012. Volume II : Études spécialisées. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 40). DOI : 10.34692/yhmd-0z17.

Le volume 3

PEIXOTO, Xavier (dir.), CELLY, Paul (dir.), GLISONI, Steve, LECONTE, Luc, LEGRIEL, Jacques, PISSOT, Véronique, BELARBI, Mehdi (coll.), WILSON, Julia (coll.). (2023). Ancien hôpital : Un quartier d’Étampes du XIe siècle au début du XIXe siècle (Île-de-France, Essonne, Étampes, rue du Rempart, rue Évezard, rue Baugin) : Rapport de fouille 2012. Volume III : Étude archéo-anthropologique des sépultures du cimetière Notre-Dame d’Étampes. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 40). DOI : 10.34692/yhmd-0z17.

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