À Croixrault, l’Inrap fouille un plateau argileux de terres agricoles sur une emprise de 22 ha, préalablement à l’aménagement de la ZAC de la Mine d’Or. Les archéologues mettent progressivement au jour des zones funéraires gauloises, une partie d’une exploitation antique et l’intégralité d’un village du haut Moyen Âge avec son cimetière.

Dernière modification
08 juillet 2021

Les fouilles menées à Croixrault font partie d’un vaste projet archéologique précédant l’aménagement de la ZAC de la Mine d’Or qui bordera l’A29 entre Amiens et Le Havre. Cette dernière s’étend sur près de 80 ha et a mis en évidence, lors des sondages (réalisés en 2008 et 2009), des parcellaires et plusieurs implantations depuis l’Âge du Bronze jusqu’à l’époque médiévale. En 2020-2021, les archéologues travaillent sur un lot d’une superficie de 22 ha. Ces opérations archéologiques offrent un point de vue global sur le territoire et vont permettre de poser une synthèse des différentes occupations humaines depuis l’Âge du Bronze jusqu’à l’époque médiévale, sur près de 2 500 ans.

Une Villa antique, Ier av. J.-C-Ve siècles ap. J.-C.


Implantée dans une trame gauloise et entre deux fermes de La Tène finale et des zones funéraires, l’exploitation agricole gallo-romaine se développe sur 6 ha environ et existe durant cinq siècles. Découvertes lors de la construction de l’A29, la ZAC en a révélé la seconde moitié. L’agencement des bâtiments rectangulaires sur solins de craie autour d’une cour est typiques des Villae de la période du Haut-Empire. Des réorganisations s’opèrent ensuite durant les IIIe et IVe siècles. Les archéologues caractérisent ces phases d'occupation et l’évolution des activités pratiquées : type d’agriculture, élevage, artisanat, etc.

 bâtiments sur solin de craie, Ier-IIe siècles.

 

Un village complet du haut Moyen Âge, VIe-XIe siècles

Vraisemblablement sans hiatus au Ve siècle, l’exploitation agricole antique évolue progressivement en village composé de plusieurs unités domestiques et artisanales. Peu dense à l’époque mérovingienne (VIe-VIIIe siècles), l’occupation prend de l’ampleur à l’époque carolingienne (VIIIe-XIe siècle), période où le cimetière est créé.
Divisés en plusieurs secteurs délimités par des fossés et des palissades, les vestiges mis au jour sont ceux de bâtiments réalisés en ossature bois et en torchis, des silos à grains enterrés, des fours culinaires et artisanaux, ainsi que des fossés parcellaires structurant ces implantations. Les fragments de vaisselle et d’objets recueillis par les archéologues vont, après étude, apporter des informations complémentaires sur les vestiges.
 

Un cimetière VIIIe-XIe siècles

Disposées au sein d’un enclos fossoyé presque carré, près de 500 tombes ont été découvertes à l’ouest du village. Ce cimetière est mis en place à partir du VIIe ou VIIIe siècle lorsque l’habitat prend de l’ampleur. Il n’y a aucun sarcophage ; les fosses sépulcrales sont de forme ovale ou anthropomorphe (adaptée à la forme du corps du défunt). Certaines sont aménagées par des banquettes latérales pour permettre la disposition de planches de fermeture de la tombe. Des femmes et des hommes de tous âges (d’1 an à plus de 50 ans) y ont été inhumés. Ils reposent sur le dos, la tête placée à l’est. Aucun mobilier ou objet personnel ne les accompagne. Quelques sépultures semblent volontairement groupées mais presque aucune n’a perturbé un dépôt précédent ; il n’y a donc que très peu de réductions ou vidanges (regroupements des os du précédent défunt dans ou sur la nouvelle tombe).

Aménagement : CC2SO Communauté de Commune Somme Sud-Ouest
Recherches archéologiques : Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie,Drac Hauts-de-France
Responsable scientifique : Gaëlle Bruley-Chabot, Inrap