A Valensole, Alpes de Haute-Provence, la fouille est réalisée préalablement à la construction de deux maisons individuelles. Les résultats positifs des premiers sondages archéologiques - une vingtaine de sépultures datant de l'Antiquité tardive (IVe-VIIe siècles de notre ère) - ont motivé la présente opération.

Dernière modification
10 mai 2016

Celle-ci, effectuée depuis le 12 mars 2007 par une équipe d'archéologues et anthropologues de l'Inrap, ponctuellement renforcée par des étudiants stagiaires, durera jusqu'au mois de juin 2007. Le site se trouve au nord du village de Valensole sur une butte aplanie, surplombant la route de Digne. Il s'agit du lieu-dit « Baïsse de Sainte-Anne », plus connu sous le nom des « aires de battage ». En effet, une vaste calade, utilisée jusqu'en 1941, est présente, à proximité d'une chapelle aujourd'hui détruite (chapelle Sainte-Anne) et d'un ancien carrefour.

La nécropole

L'implantation de nécropoles en bord de voie, à l'extérieur des villes, est caractéristique de l'Antiquité, où l'on séparait le monde des morts de celui des vivants. Durant le Moyen Âge, les morts entrent dans les villes, avec la création de cimetières intra muros. Ainsi, la présence de cette nécropole, dont la datation se situe à la lisière entre l'Antiquité et le Moyen Âge, pourrait faire remonter la date de fondation de Valensole de quelques siècles. Une soixantaine de fosses a pu être repérée dans les deux parcelles, elles sont disposées en rangées plus ou moins parallèles et strictement orientées. Il s'agit exclusivement de sépultures à inhumation, la crémation ayant été abandonnée au début du iiie siècle de notre ère. Certaines sont de simples fosses et d'autres connaissent des aménagements ou des systèmes de couverture utilisant des tuiles et/ou des gros galets. Les débuts du christianisme voient la pratique païenne d'accompagner le mort d'objets pour l'au-delà abandonnée. Ainsi, la datation des sépultures repose sur le type d'aménagement des tombes et sur leur orientation.

Les morts

Dans la majorité des cas, les tombes contiennent plusieurs individus : il s'agit soit d'inhumations simultanées, soit d'inhumations successives, soit encore de réductions (après la réouverture de la tombe, on « fait de la place » en poussant les ossements du premier occupant avant d'y introduire un nouveau cadavre). Cette pratique marque la volonté de rassembler les défunts d'une même famille ou d'un même groupe par-delà la mort. Plusieurs dépouilles étaient inhumées au sein de linceuls, aujourd'hui disparus, mais repérables par la position des sujets et les effets de compression visibles sur les ossements. Les sépultures déjà fouillées montrent une population de type villageois, où hommes, femmes et enfants se côtoient. Cependant une forte proportion de femmes et d'enfants dans la parcelle méridionale, pourrait peut-être correspondre à un regroupement particulier. La poursuite de la fouille permettra de disposer d'indications sur cette population, son état de santé, son alimentation et sur la façon dont les vivants d'alors traitaient leurs morts.