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Aux origines d’un village : le site de La Touche à Chavagne (Ille-et-Vilaine)
À Chavagne, l'Inrap met au jour les aménagements et l’organisation du premier village de Chavagne, un important habitat médiéval dont les vestiges remontent au VIIe-Xe siècles de notre ère.
L'Inrap mène actuellement des recherches archéologiques sur la commune de Chavagne, dans le quartier de la Touche, en amont de l'aménagement d'une ZAC (environ 1040 logements), confié par la mairie à la société Territoires Publics. Prescrite par les services de l'État (Drac Bretagne, service régional de l'Archéologie), cette opération est réalisée à la suite de deux autres fouilles menées en 2011 et 2014, sur environ 6 hectares.
Au cours de ces deux opérations, les archéologues ont mis en évidence de nombreux vestiges, attestant une occupation humaine présente dès le Néolithique. D’importantes découvertes ont été faites sur la période de l'âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant notre ère) et sur une seconde période s’étendant de l'Antiquité au haut Moyen Âge (Ier-Xe siècles de notre ère).
Depuis août 2020, et pour une durée de quatre mois, l’Inrap a repris ses investigations sur un nouveau secteur de la Touche : le quartier central des Confluences. Le site de fouilles couvre plus de deux hectares, en bordure immédiate du bourg actuel. L’équipe étudie principalement les aménagements et l’organisation du premier village de Chavagne, dont les vestiges remontent au haut Moyen Âge (VIIe-Xe siècles de notre ère).
Les premières occupations
Le site de La Touche occupe le versant d’un plateau situé à proximité immédiate de la confluence de deux grands cours d’eau : la Vilaine et le Meu. Les premières structurations du territoire prennent place durant l’âge du Bronze ancien (autour de 2200 avant notre ère) : un très vaste enclos, bordé d’un chemin, marque le paysage durant plusieurs siècles et fixe quelques occupations humaines, jusqu’au début du premier âge du Fer (VIIIe-VIIe siècle avant notre ère). Durant toute cette période, quelques bâtiments d’habitation se succèdent, d’abord à l’extérieur puis à l’intérieur de l’espace enclos.
La fin du second âge du Fer (IIe-Ier siècles avant notre ère) voit l’émergence, en partie nord du site, de nouveaux aménagements. Un premier maillage bocager est d’abord créé, en lien probable avec l’installation d’un domaine gaulois. Puis, au début de l’Antiquité, le territoire est complètement restructuré, organisé autour de plusieurs axes de circulation. Deux petits établissements agricoles s’installent et exploitent les lieux au cours des Ier et IIe siècles de notre ère. Au cours du IIe siècle, ces fermes se dotent de bâtiments agricoles. Les habitations sont ensuite abandonnées, mais les bâtiments continuent d’être exploités, peut-être au profit d’une villa située à l’emplacement du village actuel.
Du IVe au VIe siècle, aucune habitation ne semble exister sur l’emprise du site. Les chemins sont toutefois toujours utilisés, le parcellaire est conservé, et un bâtiment agricole gallo-romain semble encore en élévation : le terroir continue donc d’être exploité. Le site connait ensuite un nouvel essor à partir de la fin du VIe siècle.
La naissance du village
Au cours des VIIe et VIIIe siècles, et davantage au IXe siècle, de nouveaux fossés sont creusés, délimitant une succession de parcelles. Des constructions (habitations, bâtiments agricoles…) s’installent peu à peu le long des chemins et des talus : les bâtiments découverts correspondent à des architectures en terre et bois, majoritairement conçues sur un système de poteaux plantés, révélant des plans assez standardisés. De nombreux fours domestiques et artisanaux ainsi que des fosses de stockage bordent les habitations. Parmi les fours mis au jour se distinguent diverses activités domestiques et artisanales, comme le séchage et le grillage des céréales, ou encore des travaux de forge. Au sud du village, à l’écart des habitations, la fouille réalisée en 2014 a permis d’identifier l’aménagement d’un grand routoir, en lien avec une importante production textile : un bassin, alimenté en eau par un puits, permettait de tremper des tiges de chanvre et de lin, dont l’usage a été confirmé par l’analyse des pollens piégés dans les sédiments.
Le secteur étudié en 2020, à proximité immédiate du bourg, révèle une très forte densité de bâtiments, rigoureusement organisés, dont les vestiges se poursuivent nettement sous le village actuel. L’essor de cet habitat groupé marque la naissance du village de Chavagne, dont les sources écrites attestaient déjà l’existence comme paroisse depuis la fin du Xe siècle. Au sein du cimetière actuel, qui surplombe et borde le site archéologique, subsiste d’ailleurs aujourd’hui une petite chapelle correspondant au dernier vestige de l’église romane.
La suite des recherches, menées jusqu’en décembre, va permettre aux archéologues
de mieux comprendre l’évolution et l’organisation de cet important habitat
médiéval.
Vue par drone du chantier de fouilles
Emmanuelle Collado, Inrap
Négatifs de poteaux en bois évoquant des architectures en terre et bois
Joseph Le Gall, Inrap
Négatif de poteau en bois
Lucie Moncuquet, Inrap
Vue générale du chantier de fouilles
Lucie Moncuquet, Inrap
Vue générale du chantier de fouilles
Lucie Moncuquet, Inrap
Vue générale du chantier de fouilles
Lucie Moncuquet, Inrap
Maîtrise d’ouvrage : Territoires Publics
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Michel Baillieu, Inrap
Responsable scientifique : Joseph Le Gall, Inrap