Une équipe de l'Inrap, en collaboration avec le service archéologique municipal (Atelier du Patrimoine), vient de mettre au jour les vestiges de la plus ancienne occupation humaine en centre-ville de Marseille.

Dernière modification
19 février 2016
D'un intérêt scientifique exceptionnel, ce site néolithique date des VIe-Ve millénaire avant notre ère (5 000-4 000 av. J.-C.). Sur prescription de l'État (ministère de la Culture et de la Communication - Direction régionale des Affaires culturelles Provence-Alpes-Côte-d'Azur, service régional de l'Archéologie), les archéologues travaillent depuis juin, face à la gare Saint-Charles, sur une parcelle vouée à la construction d'une résidence universitaire par la Sem Sogima, rue Bernard Dubois.

Le contexte de la fouille

Le site néolithique de la ZAC Saint-Charles a été découvert à l'occasion de diagnostics archéologiques préventifs, en prévision de travaux d'aménagement projetés par Euroméditerranée. Localisé sur un ancien interfluve, entre la gare Saint-Charles et la Porte d'Aix, le site se déploie sur environ 1 hectare.
Seules les zones les mieux conservées font actuellement l'objet d'une fouille sur 500 m2.

Une découverte sans précédent

Les sites d'habitat de plein air des VIe et Ve millénaires av. J.-C. sont très rares en Provence car, en général, profondément enfouis. Ce n'est donc qu'à l'occasion de grands travaux qu'il est possible de les découvrir. L'opportunité de mettre au jour un site aussi ancien, au coeur de Marseille, dans un quartier de surcroît constamment occupé depuis des millénaires, constitue un véritable événement. Sa découverte fait surtout remonter l'histoire de Marseille, à 6 000 ans avant notre ère, c'est à dire bien avant la création de la cité par les Phocéens.

L'habitat préhistorique de la ZAC Saint-Charles présente surtout un intérêt scientifique sans précédent : les archéologues peuvent y étudier plusieurs occupations néolithiques distinctes, comprenant non seulement des structures d'habitat conservées (fosses, trous de poteau), mais aussi des sols d'habitat avec leur lot de vestiges de la vie quotidienne.

Premiers résultats

La succession des occupations humaines sur environ un millénaire permet d'appréhender l'évolution du bâti néolithique qui d'après les premières données passent de structures d'habitat plutôt légères à un bâti plus imposant.

Silex taillés et céramiques composent l'essentiel du mobilier découvert, en revanche les vestiges de faunes domestique ou sauvage ne sont guère attestés.

L'élément le plus original consiste en une alimentation entièrement tournée vers l'exploitation de coquillages. Chaque occupation a semble-t-il ses préférences (murex, cardium, patelles ou bigorneaux). Ils ont été collectés à proximité du site, dans le Lacydon pour les espèces qui vivent dans les milieux rocheux (patelles ou bigorneaux), dans les prairies de posidonies proches du port pour les murex, voire les plages de sable au sud du Vieux Port (actuelles plages du Prado) pour les cardium (coque) et les palourdes. Plus rare, le triton est également consommé.

Cette spécificité pose la question du statut même de ce site. Peut-il s'agir d'un habitat temporaire de populations vivant dans l'arrière pays, se déplaçant de façon saisonnière pour consommer des coquillages, ou d'un habitat sédentaire de longue durée, de groupes qui ne pratiquent pas l'élevage ?
Archéologue responsable d'opération : Ingrid Sénépart, Atelier du patrimoine
Contrôle scientifique : Direction régionale des Affaires culturelles Provence-Alpes-Côte-d'Azur, service régional de l'Arché
Aménageur : Sogima
Contact(s) :

Mahaut Tyrrell
chargée de communication
médias, Inrap
tél. 01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr