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2500 ans d’occupation humaine à Villers-Bocage (Somme)
À Villers-Bocage, les archéologues de l'Inrap mettent au jour des occupations dont la plus ancienne remonte au Néolithique. Le site comprend des vestiges d’un établissement rural de l’âge du Fer perdurant jusqu’au début de la période gallo-romaine, ainsi qu'une occupation médiévale située en périphérie du village actuel.
Une fouille archéologique se déroule actuellement sur près de 4,5 ha à Villers-Bocage sur la ZAC de Montignette. Cette opération est menée en préalable à une nouvelle extension de la la zone d’activités portée par la Communauté de communes du Territoire Nord-Picardie.
Des occupations anciennes du IVe siècle avant notre ère
L’occupation gauloise la plus précoce est un habitat ouvert découvert dans le sud de l’emprise et daté du IVe siècle avant J-C. Il comprend des indices de stockage enterré et des structures dédiées à l’artisanat du textile et du sel. Organisée sur un vaste secteur, l’occupation se développe ensuite sous la forme d’enclos. Les voies d’accès et les aménagements parcellaires autour des fermes sont observés depuis La Tène moyenne jusqu’à leur évolution à La Tène finale.
Silo contenant du mobilier laténien dont deux godets à sel.
© Anne-Lise Le Bayon, Inrap
Conservation du bois dans un trou de poteau.
© Louis Florin, Inrap
Fouille en cours de l’aménagement périphérique d’un puits.
© Yann Lorin, Inrap
Fouille en cours de l’aménagement périphérique d’un puits.
© Yann Lorin, Inrap
Un remaniement de l’établissement à l’Antiquité
Un dernier remaniement de l’établissement et des fossés de partition agricole est constaté à la période gallo-romaine. Ce grand domaine est densément utilisé. La poursuite de la fouille et l’étude des vestiges exhumés permettront sans conteste de confirmer les zones d’habitat, les aires d’activités spécifiques et leur évolution sur la période d’occupation. Les études viennent juste de commencer dans les centres de recherches archéologiques des Hauts-de-France.
Des nécropoles familiales gauloises
Des nécropoles d’époque gauloise complètent cette vaste occupation. Chacune regroupe plusieurs tombes à incinération, pratique funéraire la plus courante de l’époque dans la cité des Ambiani. Ces tombes s’accompagnent du dépôt d’offrandes associées aux restes humains, des récipients en céramique, des outils relatifs à la vie ou au statut du défunt.
Deux nouvelles aires funéraires viennent compléter les connaissances déjà compilées sur la ZAC de la Montignette. Elles décrivent classiquement des nécropoles familiales aux abords de chaque établissement. Leur évolution chronologique n’est pas encore complètement perçue et il sera nécessaire de réévaluer l’ensemble des sites funéraires investigués sur la commune pour la préciser.
Détail d’une incinération de La Tène finale.
© Emeric Cornet, Inrap
Détail d’une incinération de La Tène finale.
© Emeric Cornet, Inrap
L’ancien village de Villers-Bocage ?
Un dernier pan de l’histoire de la commune refait surface sous la forme de vestiges datés du Moyen Âge, entre la fin du VIIe et le Xe siècle. Les restes de bâtiments sur poteaux se répartissent sur une longueur de 100 m, d’est en ouest. Ils sont bordés de fosses et de fours. Plus à l’ouest, une zone artisanale jouxte l’habitat ; ce secteur prend toute son importance par la contemporanéité avec les structures construites.
Les recherches menées sur cette phase chronologique ont démontré une profonde restructuration des occupations vers la fin du VIIe et le le VIIIe siècle ap. J.-C. lorsque les habitants se regroupent au sein des villages. Le cas de Villers-Bocage est original car l’occupation médiévale se situe en périphérie du village actuel, au sein d’un terroir très densément occupé. Les vestiges découverts sont certainement ceux de l’ancien village de Villers-Bocage. Pour le moment, il n’est pas possible d’en définir l’extension exacte mais il est évident qu’ils se poursuivent vers le nord.
Par ailleurs, cette opération complète et précise le panorama archéologique de la région située au nord d’Amiens. Elle contribue ainsi à alimenter la problématique de l’organisation des domaines gaulois et gallo-romain établis autour de Samarobriva.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Hauts-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Yann Lorin, Inrap