A Bourg-la-Reine, Hauts-de-Seine, suite au diagnostic de 1999 et à l'évaluation de 2000, la fouille d'une parcelle d'environ 1 800 m2 a été effectuée en bordure de la grande route de Paris à Orléans, actuelle RN20, à la sortie sud de la commune.

Dernière modification
19 février 2016

Hormis deux fossés d'origine médiévale, toutes les structures découvertes datent de l'époque moderne et contemporaine. En effet, la parcelle fouillée appartenait, au XVIIIe siècle, au clos de la première manufacture de faïence et de porcelaine de Bourg-la-Reine. Elle occupait sa partie méridionale, attenante au bâtiment principal aujourd'hui transformé en immeuble d'habitation.

Cette manufacture royale a été fondée en 1772 par Charles Symphorien Jacques, sculpteur, et Joseph Julien, peintre, sous la protection du comte Dieu, seigneur de Sceaux. Elle a fonctionné jusqu'en 1804, année du dépôt de bilan de l'entreprise par Charles Symphorien Jacques fils, le dernier propriétaire. L'intérêt de la fouille tient d'abord au fait qu'il s'agit de la première approche archéologique d'une faïencerie en Île-de-France.

Nous avons découvert plusieurs dépotoirs de faïence et de porcelaine tendre contenant une grande quantité de biscuits, ou rebuts de cuisson, ainsi que des fragments de pièces émaillées, dont certaines portent un décor peint. D'autres fosses, contenant en majorité du mobilier technique (creusets, moules en plâtre et en terre cuite, cazettes, pernettes, etc.) ont été également mises au jour. Quelques autres vestiges fouillés se rattachent à la période du fonctionnement de la manufacture. Ce sont des ateliers annexes dont une pièce abritait un fourneau en briques, une cave destinée au stockage de la matière première et deux grandes fosses de décantation d'argile brute. Les productions de Bourg-la-Reine sont très peu connues car peu de pièces subsistent, tant dans les collections publiques que privées.

L'étude de ce mobilier est en cours mais d'ores et déjà, de nombreuses formes, aussi bien en porcelaine tendre qu'en faïence, ont été reconnues. Elles présentent des liens étroits avec les productions des manufactures de Sceaux et de Mennecy. Les récipients en porcelaine sont essentiellement liés aux services à café et à thé. On retrouve également des beurriers, des moutardiers, des pots à jus, des micro-vases ainsi que des fragments de statuaires. Les formes en faïence sont plus variées. Il s'agit de vaisselle de table (assiettes, plats, bassins, coupes à godrons, soupières, bols), de vaisselle de toilette (pots de chambre, pots à pharmacie) et d'encriers.

D'une manière générale en France, les connaissances actuelles sur les productions, tant de faïences que de porcelaine, reposent essentiellement sur des pièces de musée. Rares sont les études combinant données historiques et archéologiques. L'opportunité nous est fournie ici de travailler dans ce sens, éclairant ainsi l'histoire de l'artisanat de la terre cuite en Île-de-France à la fin du XVIIIe siècle.