A Piriac-sur-Mer, Loire-Atlantique, à l'occasion de la construction de la zone d'activités du Pladreau à Piriac-sur-Mer, une équipe d'archéologues de l'Inrap a mis au jour des vestiges s'étageant entre La Tène moyenne (450-120 av. J.-C.) et le haut Moyen Âge (580-675 ap. J.-C.).

Dernière modification
19 février 2016

Les principaux résultats concernent la mise en place d'un établissement agricole entre le Ier et le IVe siècle de notre ère. D'une modeste exploitation composée de quelques bâtiments, le domaine sera progressivement agrandi pour atteindre une surface bâtie évaluée à un peu plus d'un hectare. Loin des schémas classiques des villae gallo-romaines connues par ailleurs, les vestiges reconnus à Piriac-sur-Mer se sont révélés originaux à plus d'un titre.


Une exploitation de la pourpre

Au Ier s. de notre ère, les hommes de Piriac produisent de la pourpre extraite de la coquille d'un gastéropode nommé Nucella Lapillus. Ce petit coquillage, retrouvé en quantité sur le site, était cassé afin d'en extraire la substance colorante utilisée pour la teinture des textiles. Cette activité perdure probablement jusqu'à la fin du siècle, alors que les premiers bâtiments construits en pierre voient le jour : une habitation principale et des annexes agricoles ou artisanales. La palissade de l'enclos, pourvue d'un système de contention pour diriger les bêtes, et la mare, utilisée comme abreuvoir, sont autant d'indices témoignant d'une activité d'élevage. Bâtiments et enclos s'organisent dans un espace cerné par des chemins qui délimitent des parcelles régulières et de tailles similaires.

Un domaine tourné vers l'élevage...

Le petit établissement rural s'agrandit entre les années 120 et 140 de notre ère. Une partie des bâtiments préexistants est étendue et un ensemble d'édifices organisés autour d'une cour est créé de toutes pièces. Il s'agit d'une grange, d'une habitation précédée d'une avant-cour et d'un bâtiment thermal. La grange a pu être utilisée comme espace de stockage de produits agricoles, et, comme l'atteste la présence d'enclos, au tracé curviligne à ses abords, comme étable. L'étude des ossements indique un élevage de bovidés et de caprinés (surtout des moutons). Utiles aux champs, surtout les boeufs, ils étaient aussi source de protéines, de lait et de laine.

...et la viticulture

Entre le IIe et le IVe siècle, le domaine connaît une évolution marquée par la construction, à l'intérieur du bâtiment principal situé au nord, d'un pressoir à vin, tandis que la grange est transformée en chai et que ses murs sont prolongés jusqu'à l'habitation adjacente, pour en assurer la fermeture. Le pressoir en bois a aujourd'hui disparu. Les archéologues peuvent le restituer grâce aux traces laissées par le creusement de ses fondations. Les exemples connus permettent de préciser qu'il s'agissait probablement de deux pressoirs à levier placés en vis-à-vis. Le jus issu du pressurage s'écoulait ensuite dans des cuves situées à proximité. La taille et le caractère inédit de cette installation en font une découverte exceptionnelle pour l'ouest de la Gaule.