A Falaise, Calvados, le diagnostic archéologique a porté sur une emprise de 13 hectares en préalable à la seconde phase d'aménagement de la zone d'activités Expansia à Falaise.

Chronique de site
Dernière modification
10 mai 2016

Les sondages ont mis en évidence les abords immédiats de la villa antique de Vaston largement explorée en 1834 par F. Galleron. Cet établissement avait été découvert fortuitement lors de la construction de la route reliant Saint-Pierre-sur-Dives à Falaise. Un grand bâtiment cloisonné, considéré comme la partie résidentielle d'une villa gallo-romaine, avait été exploré à cette occasion.

Le diagnostic a apporté de nouveaux éléments d'information, en particulier sur les aménagements périphériques du site, et a permis de constater que les substructions antiques avaient fortement souffert de l'activité agricole. Le mobilier recueilli place l'occupation du site aux IIe et IIIe siècles de notre ère. La présence d'un réseau parcellaire a été révélée au nord de l'établissement tandis qu'un ancien chemin, encore partiellement empierré et flanqué de fossés bordiers, semble participer à l'organisation de cet espace.

Immédiatement à l'ouest de cet habitat antique, une nécropole constituée d'inhumations en pleine terre a été mise au jour. Environ 40 sépultures ont été décelées. Toutes sont orientées est-ouest, avec la tête du sujet à l'ouest (exception faite de deux d'entre elles), et sont assez rapprochées les unes des autres sans toutefois interférer véritablement. Les sujets immatures sont mêlés indifféremment aux sujets adultes et toutes les fosses présentent, en apparence, les mêmes caractéristiques. La fouille minutieuse de l'une d'entre elles a révélé les restes d'un individu adulte reposant en décubitus dorsal sur le fond d'une fosse en cuvette. Les éléments de datation manquent, mais il a pu être vérifié à plusieurs reprises que nombre de sépultures recoupaient des fossés gallo-romains. Selon la densité des tombes et les limites du cimetière, connues sur trois côtés, 150 à 200 individus pourraient être présents dans ce secteur.

Un site d'extraction constitué de grandes fosses polylobées a également été détecté. Le creusement des fosses s'interrompt à l'apparition du substrat calcaire tandis que le remplissage, par ailleurs assez homogène, comporte de petits tessons de céramique protohistorique et des charbons de bois. Quatre inhumations - au minimum - ont été pratiquées dans le comblement de ces structures. L'orientation des sépultures ne semble pas obéir à une autre règle que celle visant à les installer dans les fosses-carrières. Les ossements sont assez mal conservés. La fouille minutieuse de l'une des tombes a livré les restes d'un enfant d'environ 10 ans reposant en décubitus dorsal dans un creusement de forme oblongue avec un profil en cuvette. Un torque en fer, malheureusement très dégradé, était positionné autour du cou du sujet. Cette découverte n'est pas sans rappeler celle étudiée par I. Jahier (Inrap) en 1994, à Démouville (au lieu-dit La Malicorne) où une grande fosse polylobée contenait les restes de deux individus dotés de parures attribuables au premier âge du Fer. Cette structure avait été interprêtée comme un site d'extraction de limon. Cette hypothèse est également à retenir pour le site de Falaise. Il n'est pas exclu que cet aménagement soit en rapport avec le système d'enclos mis au jour à quelques centaines de mètres au nord-ouest lors de l'opération de 2004.

Un enclos circulaire protohistorique a aussi été découvert. Son diamètre est estimé à 14 m tandis que la largeur de son fossé est de l'ordre d'1 m (à 70 cm de la surface actuelle). Une grande fosse de forme irrégulière est présente à peu près au centre et pourrait correspondre à une éventuelle sépulture. Quelques tessons de céramique, assez ubiquistes mais incontestablement de facture protohistorique, ont été recueillis lors du décapage du fossé et de la fosse centrale.

Un dépôt de 6 bracelets en schiste a été découvert dans la partie centrale de l'emprise sans qu'un contexte néolithique n'ait été mis en évidence. Ce dépôt semble correspondre à une cachette isolée. Les bracelets ont apparemment été rassemblés puis enfouis dans un contenant périssable n'ayant pas laissé de trace - peut-être un sac. Il est possible également que d'autres bracelets aient disparu si l'on considère la faible profondeur d'enfouissement des objets (le plus haut placé était en position presque verticale au contact de la semelle du labour). Cette découverte est peut-être à rapprocher de l'occupation néolithique repérée à 200 m au nord-ouest lors de la première phase de diagnostic en 2004.