La commune de Courtisols, dans le département de la Marne, est située à une dizaine de kilomètres à l'est de Châlons-en-Champagne. Suite à la découverte d'enclos funéraires protohistoriques lors du diagnostic archéologique, une fouille préventive a été menée par l'Inrap en septembre 2014 sur une surface de 2 500 m².

Dernière modification
10 mai 2016

La petite nécropole mise au jour se situe le long de la départementale D3 qui borde la commune au nord. Le décapage archéologique a permis de remettre au jour deux enclos ainsi qu'une petite zone périphérique qui recueille des sépultures à incinération et des sépultures à inhumation.

La nécropole découverte à Courtisols illustre la densité d'occupations archéologiques, notamment aux périodes protohistoriques dans ce secteur de la plaine champenoise. La nécropole se compose de deux monuments funéraires, à proximité desquels un petit pôle d'incinérations et de sépultures est installé. L'ensemble des informations récolté durant la fouille est actuellement en cours d'étude et permettra de déterminer les différentes périodes et durées d'utilisations de la nécropole, ainsi que de renseigner sur la population inhumée. 

Deux enclos funéraires

Connus par photographies aériennes, deux monuments funéraires ont été identifiés sur le site. Le premier est un enclos circulaire, d'environ 10 m de diamètre. Ce type de monument est plutôt caractéristique d'architectures de l'âge du Bronze (XIe-VIIe s. avant notre ère). La fouille a permis de mettre en évidence les vestiges du fossé d'enclos, mais aucune sépulture n'est proprement associée au monument, ni dans son aire interne, ni dans le fossé ou à proximité immédiate de celui-ci.
À quelques mètres au sud, le second monument est un enclos carré, de 14 m de côté. Les premières observations faites à partir du mobilier céramique récolté dans le fossé de cet enclos permettent de le rattacher à la fin du deuxième âge du Fer, début de l'Antiquité. Ces datations seront affinées avec les études en cours. À la différence de l'enclos circulaire, une sépulture a été trouvée dans son aire interne. À l'angle sud-ouest, une incinération en urne céramique a été identifiée et prélevée en vue d'une fouille différée en laboratoire. Ce monument a également livré deux sépultures d'enfants, directement inhumés dans le fossé de l'enclos. Ces dépôts particuliers, lorsqu'ils existent, posent la question de la place réservée aux sépultures des plus jeunes au sein des nécropoles.
La présence de ces deux monuments, vraisemblablement de deux périodes protohistoriques différentes, est déjà l'indice d'une utilisation sûrement assez longue de la nécropole.

Un pôle d'incinérations et d'inhumations

À proximité immédiate des deux monuments, un petit regroupement d'une dizaine d'incinérations et de trois inhumations est installé. Les sépultures sont regroupées et stratifiées sur une toute petite surface, c'est-à-dire qu'elles se trouvent sur deux niveaux de profondeurs différents.
Les incinérations, dont l'état de conservation est très différents selon les cas, sont majoritairement en urne céramique, qui contient les restes crématoires du ou des défunts, déposée directement en pleine terre. Certaines de ces urnes sont accompagnées d'objets supplémentaires, comme des vases couvercles ou de la parure. L'ensemble de ces vestiges a été prélevé sur site et le contenu sera fouillé en laboratoire par un anthropologue afin de recueillir les ossements et les éventuels objets déposés dans les urnes. Les premières observations effectuées sur les contenants céramiques indiquent des dépôts de la fin de l'âge du Fer.
Les inhumations se présentent dans des fosses directement creusées dans  la craie, dans lesquelles sont déposés les corps des défunts. Une seule des ces inhumations est accompagnée d'objets : deux céramiques de La Tène finale, l'une déposée au pied et l'autre à la tête, ainsi qu'un petit couteau en fer le long du fémur. Nous ne possédons pas à l'heure actuelle de plus d'informations sur les périodes des deux autres inhumations.
En plus de ces contextes avérés, quelques petites fosses quadrangulaires, contenant des fragments d'amphore ou non ont été identifiées. Il pourrait vraisemblablement s'agir de sépultures d'enfants dont les ossements ne seraient plus conservés, les études futures le détermineront.

Conclusion

La fouille du site de Courtisols, Les Ouches de la Cheppe, permet tout d'abord de compléter les données sur les pratiques funéraires protohistoriques dans ce secteur de la Marne. Les observations et hypothèses soulevés dès la fin de la phase de terrain présentent un autre intérêt. En effet, le mobilier découvert, les deux monuments funéraires différents et la stratification des sépultures amènent l'idée d'une utilisation en plusieurs phases de la nécropole. Le regroupement et l'étagement des sépultures signifieraient alors que la population continue à inhumer ses défunts sur cette zone particulière, cherchant la proximité des enclos funéraires, alors entretenus ou visibles dans le paysage. Également, la présence d'inhumations d'enfants, attestée dans le fossé d'enclos et supposée ailleurs au sein de la nécropole, est un élément intéressant car elle permettra de mieux connaitre la place de ces individus dans le monde des morts, souvent sous-représentés.