À Isneauville et Saint-Martin-du-Vivier (Seine-Maritime), la construction d'une ZAC par l'agglomération de Rouen sur les communes d'Isneauville et Saint-Martin-du-Vivier est à l'origine d'une opération archéologique préventive réalisée sur trois secteurs, situés en rebord du vaste plateau de Caux, non loin d'une vallée sèche au nord de la Seine, à quelques kilomètres de la cité antique de Rotomagus (Rouen).

Dernière modification
19 octobre 2017

Le plus grand secteur de fouille, d'à peu près 4 ha, a permis l'étude presque exhaustive d'une ferme gauloise puis de suivre son développement vers le modèle romain de la villa.

De la ferme gauloise à la villa gallo-romaine

La ferme gauloise, créée entre le IIe et le Ier siècle avant notre ère, est structurée par des fossés. Des bâtiments à ossature de bois, dont une habitation, se distinguent dans des parcelles inégales.
Au début de notre ère, l'habitat est déplacé vers l'est et une maison de quatre pièces, dotée d'une petite galerie sur portique, est édifiée. Des débris de terres cuites architecturales révèlent la présence d'une toiture de tuiles et d'au moins une pièce pourvue d'un chauffage par hypocauste. À la fin du Ier s. (?), une pièce et une cave sont ajoutées à l'arrière du bâtiment. Le comblement de la cave, essentiellement par des matériaux de démolition, apporte des éléments importants à la connaissance des maçonneries. La petite superficie de cet ensemble (moins de 170 m2 au sol) et ses caractéristiques architecturales rustiques laissent y voir une ferme modeste. Des bâtiments annexes en bois et/ou en torchis en confortent l'image de simplicité. L'un d'eux, aux fondations en pierres sèches, couvre une superficie de 80 m2. Son emplacement au contact d'une mare située dans le point le plus bas du site laisse supposer une utilisation pour le pacage du bétail.

Une nécropole associée à la villa

Non loin de la maison d'habitation, une trentaine de tombes à incinérations évoquent la nécropole du domaine. Elles sont composées d'urnes de terre cuite ou de verre souvent accompagnées de vases en offrande, parfois déposées à l'intérieur d'amphores, dont certaines sont intactes et d'autres volontairement décapitées pour recevoir le dépôt funéraire. Les tombes s'échelonnent du Ier au IIIe siècle.
Au cours du IVe siècle, un habitat persiste à proximité immédiate du bâtiment résidentiel en grande partie ruiné au IIIe siècle.
Il associe plusieurs bâtiments sur poteaux plantés, dont un de plus de 90 m2 manifestement réservé à l'habitation, et de nombreuses fosses ainsi qu'une petite forge dont le four partiellement rempli de scories, était bien conservé. La céramique et quelques monnaies permettent de situer cette phase d'occupation au IVe siècle.

L'occupation persiste à l'époque mérovingienne

Durant l'époque mérovingienne (VIIe s.), un fossé circulaire est creusé autour de la résidence antique, démontrant sa pérennité, si ce n'est sa réutilisation. Il est possible que cette action, tout à fait inhabituelle, soit à mettre en relation avec l'aménagement d'un bâtiment sur solins de presque 70 m2, tout près de l'ancienne habitation, et dont les caractéristiques architecturales diffèrent en tous points de celles utilisées pendant la période antique.