A Orléans, Loiret, Pour alimenter Orléans en eau potable au début du XIXe siècle, il est décidé de réactiver la source de la fontaine de l'Étuvée utilisée au Moyen Âge.

Dernière modification
18 mai 2016

Les sondages entrepris dès 1822 ne permettent pas de trouver la source, mais aboutissent à la découverte de vestiges antiques importants dont des bassins en bois et un fragment de pierre comportant une inscription. Elle indique la présence d'un portique dédié à la déesse Acionna. En 1969 et 1992, d'autres recherches mettent en évidence deux bassins et de multiples canaux appartenant à un vaste réseau d'adduction d'eau gallo-romain. Il faut attendre 2006 et les opérations réalisées par l'Inrap, en amont de l'aménagement de la ZAC du Clos de la Fontaine, pour que des éléments liés à un ensemble cultuel soient exhumés.

Un sanctuaire du Haut-Empire...

Le site est fréquenté dès le milieu du IIe siècle avant notre ère, comme en témoignent quelques fosses, alors que l'agglomération gauloise d'Orléans se structure. Lors de la conquête romaine, au Ier siècle de notre ère, le lieu connaît son véritable développement. Il est ceint de fossés délimitant un enclos d'environ 7 000 m². Le mobilier recueilli, peu commun pour un site rural, incite à y voir les vestiges d'un premier sanctuaire, probablement constitué de constructions en bois sur poteaux, oblitérées par les constructions postérieures. Aucun vestige des IIe et IIIe siècles n'ayant été repéré, il est probable que le sanctuaire a été déplacé ou abandonné. Durant cette période, un aqueduc est construit, dont il reste deux regards maçonnés distants de 250 m. Il s'agit certainement de puits d'accès destinés à l'entretien. Deux autres aqueducs ont également été mis au jour. La datation précise de ce système d'adduction d'eau et son lien avec le sanctuaire restent à préciser.

...qui perdure jusqu'au Bas-Empire...

Au IVe siècle, le sanctuaire est reconstruit. Une grande cour à portique précédait un petit temple carré : le fanum, lui-même composé d'une partie centrale, la cella, demeure du dieu ou de la déesse, et d'une galerie périphérique pour les officiants. L'activité religieuse se tenait également dans la cour, comme l'attestent des ex-voto en forme de visages stylisés, et d'un petit bâtiment carré dans lequel a été enterrée une statuette de divinité féminine, peu avant la destruction définitive du sanctuaire.

...est transformé en nécropole

Le sanctuaire est détruit au IVe siècle et des sépultures sont creusées dans ses ruines. Un premier groupe d'individus est inhumé dans ce qui était la cella du fanum, une autre tombe a été repérée dans la galerie périphérique et une quinzaine de sépultures sont creusées en marge sud du fanum. Cette disposition indiquerait qu'un groupe privilégié d'individus a réutilisé l'espace le plus sacré du temple pour se faire enterrer et que, par la suite, d'autres sépultures ont été implantées aux abords de ce noyau primitif.
Aux IXe et Xe siècles, un village carolingien s'implante de part et d'autre d'un chemin, à l'est de l'ancien sanctuaire. Il se caractérise par des constructions sur poteaux (habitats, greniers...) et de nombreux silos destinés au stockage des céréales, témoignant du caractère éminemment rural de ce hameau.