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Un heurt, vaste dépotoir du XVI<sup>e</sup> siècle, livre un riche mobilier archéologique à Rouen
L'Inrap termine une fouille à l'angle des rues Verte et Pouchet, à proximité de la gare, à Rouen, préalablement à la construction d'un logement collectif par le groupe Bouygues Immobilier. L'équipe d'archéologues, dirigée par Bénédicte Guillot, a mis au jour un immense dépotoir du XVIe siècle qui livre un mobilier archéologique riche et varié : céramiques, ossements, déchets d'artisanats. Ces recherches archéologiques offrent une opportunité unique d'enrichir les connaissances sur la ville de Rouen au XVIe siècle et attestent la mise en place d'une gestion des déchets à la fin du Moyen Âge.
Chronique de site
Date de publication
30 novembre 2012
Dernière modification
10 mai 2016
Un témoignage sur la vie quotidienne d'hier
Le terrain se situe au nord-ouest du centre-ville historique de Rouen, aux abords du château de Philippe-Auguste. Les archéologues y ont identifié un heurt, terme qui désigne dans les archives un site destiné à recueillir les déchets des habitations voisines au XVIe siècle. Cet immense dépotoir couvrant plus de
2 500 m2 est installé en dehors de la ville close, près du fossé longeant les fortifications. Il peut être assimilé à une décharge publique, où plus de 10 000 m3 de déchets sont entreposés en couches successives : gravats et matériaux de constructions, lits de cendre, rejets d'artisanat (dont de la tabletterie, de la métallurgie et de la tannerie), poches de mobilier (huîtres ou chevilles osseuses), niveaux sableux très riches en céramique, verre et ossements animaux, déchets organiques issus de fosses d'aisances, etc. Cette fine stratification indique que le dépotoir a été constitué par de nombreux apports réguliers de déchets en petite quantité plutôt que par quelques grands arrivages.
La diversité du mobilier archéologique exhumé reflète l'ensemble de la vie quotidienne de Rouen au XVIe siècle. L'abondante céramique domestique retrouvée sur le site (pots à cuire, plats, assiettes, etc.) apporte des éléments de datation ainsi que des informations sur les usages en cours. Elle témoigne de la coexistence d'une production locale et de nombreuses importations, proches comme les céramiques de la région de Beauvais, ou plus lointaines avec des fragments de majolique italienne et hispano-mauresque. Ces pièces d'importation permettaient d'agrandir le vaisselier avec de la céramique plus luxueuse.
2 500 m2 est installé en dehors de la ville close, près du fossé longeant les fortifications. Il peut être assimilé à une décharge publique, où plus de 10 000 m3 de déchets sont entreposés en couches successives : gravats et matériaux de constructions, lits de cendre, rejets d'artisanat (dont de la tabletterie, de la métallurgie et de la tannerie), poches de mobilier (huîtres ou chevilles osseuses), niveaux sableux très riches en céramique, verre et ossements animaux, déchets organiques issus de fosses d'aisances, etc. Cette fine stratification indique que le dépotoir a été constitué par de nombreux apports réguliers de déchets en petite quantité plutôt que par quelques grands arrivages.
La diversité du mobilier archéologique exhumé reflète l'ensemble de la vie quotidienne de Rouen au XVIe siècle. L'abondante céramique domestique retrouvée sur le site (pots à cuire, plats, assiettes, etc.) apporte des éléments de datation ainsi que des informations sur les usages en cours. Elle témoigne de la coexistence d'une production locale et de nombreuses importations, proches comme les céramiques de la région de Beauvais, ou plus lointaines avec des fragments de majolique italienne et hispano-mauresque. Ces pièces d'importation permettaient d'agrandir le vaisselier avec de la céramique plus luxueuse.
La mise en place d'une politique de gestion des déchets
Au XVIe siècle, la ville de Rouen est en pleine transformation. Elle est alors la ville la plus peuplée du royaume après Paris. La gestion des déchets est devenue depuis la fin du Moyen Âge un élément important de l'administration municipale et royale ; de nombreux décrets demandent à la population d'évacuer ses déchets hors de la ville ou contre les fortifications. Le site de la rue Pouchet est le résultat de cette nouvelle politique : les habitants, ou des ramasseurs professionnels, apportaient leurs résidus hors de la ville close, dans cette grande excavation qui atteint 5 mètres de profondeur. Là devaient se trouver des récupérateurs qui opéraient un premier tri parmi les déchets ce qui expliquerait la rareté en objets métalliques. En effet, si quelques petits objets en bronze (clef, boucle de ceinture, bouterolle, dé à coudre, épingles à cheveux, ...) ou en fer (clous, boucle, ...) ont été retrouvés, on note l'absence de grands objets ou d'outils usagés qui ont dû être recyclés. L'étude de tout le mobilier issu de la fouille, complétée par un travail sur les archives, apportera certainement un nouvel éclairage sur la problématique de la gestion des déchets dans les grandes villes au XVIe siècle.
Plat à usage individuel peut-être d'origine locale.
© Laëtitia Varlet-Zago, Inrap
Aménageur : Bouygues Immobilier
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Haute-Normandie)
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable scientifique : Bénédicte Guillot, Inrap
Contact(s) :
Sandrine Lalain
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest
Tél. 02 23 36 00 64
sandrine.lalain [at] inrap.fr
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest
Tél. 02 23 36 00 64
sandrine.lalain [at] inrap.fr