Une équipe de l'Inrap vient de mettre au jour un habitat du haut Moyen Âge à Arbouans, représentant une rare découverte dans le département du Doubs. La présence de deux fossés datés des Xe-XIIe siècles pose la question d’un déplacement de l’occupation, peut-être lié à des risques de crues du Doubs dans cette plaine alluviale.

Chronique de site
Dernière modification
20 juillet 2022

En mars 2022, les archéologues de l’Inrap ont réalisé une fouille archéologique sur un ancien site industriel au sud du pays de Montbéliard, sur prescription de l’Etat (Drac Bourgogne-Franche-Comté). Ces recherches s’inscrivent dans le cadre d’un vaste projet de lotissement conduit conjointement par la commune d’Arbouans et l’Établissement Public Foncier du Doubs. Ces terrains avaient au préalable fait l’objet d’un diagnostic archéologique portant sur une emprise de près de 6 ha, finalement réduite à 2,1 ha en raison de la présence de zones polluées. Une occupation diffuse du haut Moyen Âge matérialisée par des structures en creux avait été détectée.

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Vue générale du décapage révélant les vestiges alto-médiévaux dans la plaine alluviale du Doubs.

© M. Lagache, P. Haut, Inrap 

 

Un habitat rural du haut Moyen Âge

Ouverte sur les 2 000 m2 correspondants à la surface prescrite, la fouille archéologique a livré une portion d’un habitat du haut Moyen Âge originale de par sa morphologie. Un enclos délimite la majorité des vestiges, composés de deux grands bâtiments quadrangulaire sur poteaux plantés de modules similaires, parmi d’autres constructions dont deux fonds de cabanes. Les structures s’implantent directement dans les graviers de la plaine alluviale, avec des comblements argilo-limoneux plus foncés qui tranchent sur le substrat encaissant. La majorité d’entre elles représente les traces laissées dans le sol par les poteaux en bois disparus qui constituaient l’ossature de bâtiments construits selon diverses techniques, comprenant également d’autres matériaux périssables tels que le torchis et le chaume. La répartition et la physionomie de ces trous de poteaux font ressortir plus ou moins clairement différentes constructions, tandis que leurs comblements livrent des déchets du quotidien (céramique, faune, fragments d’objets etc…) qui renseignent sur la chronologie et les activités pratiquées. 

Cet établissement rural tourné vraisemblablement vers des activités agro-pastorales s’est installé sur un ancien bourrelet de berge du lit mineur de la rivière du Doubs, situation qui explique l’arasement des structures dans cette plaine alluviale.

Plus loin, ce sont deux fossés datés des Xe-XIIe siècles par les fragments de céramiques dans leurs remplissages qui sont aménagés dans une zone humide de plus forte puissance sédimentaire. Les observations stratigraphiques laissent penser qu’ils reçoivent des dépôts de crues, suggérant que la rivière était plus proche qu’actuellement.

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Fossés des Xe-XIIe s. pour la gestion d’épisodes de crues.

© D. Billoin, Inrap

Aménagement : Mairie d’Arbouans et l’Établissement Public Foncier du Doubs
Contrôle scientifique : Service Régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : David Billoin, Inrap