Le couvent, créé par des Carmélites, était connu avant les fouilles par les archives. Mais l'étude des élévations conservées dans le bâti contemporain et les vestiges mis au jour dans l'emprise de la fouille révèlent un bâtiment bien plus complexe qu'il n'apparaît dans les plans, de nombreux murs ayant été récemment découverts.
Le couvent des Carmélites
L'étude des fondations montre que la construction du couvent a été relativement rapide grâce à des méthodes efficaces et économiques. Ainsi, un lot de maisons achetées à des particuliers puis démoli et sert de plate-forme pour sa base. Les murs des galeries du cloître, des bâtiments conventuels et de la chapelle, fondés très profondément, sont constitués de blocs de calcaire noyés dans du mortier de chaux très solide ; ils prennent parfois appui sur des murs préexistants. Dans la galerie nord-est du cloître, une dizaine de sépultures des XVIIe et XVIIIe siècles ont été mises au jour.
Des vestiges du Moyen Âge et de l'Époque moderne
Le remblai lié à l'édification du couvent mesure près de 2 m d'épaisseur et recouvre les arrière-cours et jardins des maisons médiévales et de l'Époque moderne situées en bordure de rue. Une partie de ces habitations se trouve dans l'emprise de la fouille : une cheminée, des caves et des sols de la fin du Moyen Âge ont été identifiés. L'orientation des murs permet de comprendre l'évolution de l'organisation parcellaire de l'époque et la topographie historique du quartier. De nombreuses fosses, creusées tout au long du Moyen Âge, ont également été découvertes au centre de l'îlot. Maçonn&eac ute;es, en pleine terre ou renforcées avec du bois, certaines ont servi de latrines puis de dépotoirs. Leurs comblements recèlent de nombreux objets - céramiques, verres, carreaux de poêle, monnaies, outils, ossements d'animaux, restes végétaux... - qui fournissent aux archéologues d'abondantes informations sur la vie quotidienne des Messins du Moyen Âge à l'Époque moderne.
La transition de l'Antiquité au Moyen Âge
À Metz, les sources archéologiques s'avèrent relativement indigentes pour la longue période qui s'étend du IVe au XIe siècle. Un des enjeux de cette fouille est de comprendre l'évolution du quartier entre la fin de l'Antiquité et le début du Moyen Âge. Actuellement, les données recueillies donnent une image de la ville différente de celle que laissent apparaitre les sources historiques, c'est-à-dire d'une ville importante du point de vue politique, religieux, économique et social. Souvent interprétées a priori et peut-être à tort comme un signe d'abandon ou de crise de la ville, les couches dites de « terres noires » sont l'objet d'une attention particulière de la part d es archéologues des agglomérations d'Europe de l'Ouest (notamment à Tours, Paris, Bruxelles et Londres). Peu spectaculaires et difficiles à fouiller, elles s'avèrent problématiques car elles constituent la principale preuve archéologique du fait urbain pour cette période charnière. C'est pourquoi, en plus de fouilles minutieuses, les sciences de la terre (géoarchéologie, micromorphologie...) et de l'environnement (palynologie...) sont mises à contribution.
Les couches archéologiques gallo-romaines ne sont que très peu perturbées par la construction du parking. Elles ne seront étudiées que partiellement. Cependant les objets et éléments découverts sont abondants et témoignent du statut de capitale de Metz-Divodurum.
Responsable scientifique : Stéphane Augry, Inrap
Aménagement : Batigère Sarel
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (DRAC Lorraine)