Du Mésolithique à l'âge du Fer, découvertes archéologiques à Villeneuve-la-Guyard (Yonne)

L’occupation du Mésolithique

Près de 4 000 artefacts en silex ont été découverts dans la partie est de l’emprise de la fouille. Ceux-ci sont dans un excellent état de conservation. Ils se répartissent en trois concentrations principales de vestiges (aussi appelés unités ou locii). Les unités 1 et 2 ont été intégralement fouillées manuellement (sur des surfaces respectives de 29.5 m² et 37 m² et sur une épaisseur de 15 à 20 cm). La troisième unité, beaucoup plus impactée par les occupations ultérieures de l’âge du Fer (fosses et trous de poteau), n’a été que partiellement fouillée à la main (sur une surface de 26 m² et sur 5 cm d’épaisseur), puis fouillée mécaniquement.

Vue de la zone d’occupation du Mésolithique en cours de fouille.

© Inrap

Photogrammétrie de la première passe de fouille manuelle de l’unité 2 (la flèche indique l’ouest).

© Audren Chapon, Elsa Chiron, Inrap

Technicien effectuant un relevé de terrain.

© Inrap

La collection de mobilier lithique mis au jour à l’occasion de ces fouilles présente une grande cohérence technologique. Les débitages mis en œuvre sont orientés vers la production de lamelles régulières débitées à la pierre tendre. Les outils retouchés découverts comprennent des burins, des grattoirs et des armatures de projectile. Ces différents éléments invitent à proposer une attribution chrono-culturelle au Premier Mésolithique, peut-être dans une phase ancienne. La présence de fragments de coquilles de noisettes carbonisées aidera sans doute à dater plus finement l’occupation. L’étude de cette collection permettra également de préciser les traditions techniques de cette période encore mal connue, et d’envisager les activités menées sur ce site de versant de plateau. En effet, l’occupation de cet espace est mal documentée : la plupart des sites mésolithiques du secteur provenant des fonds de vallée.

Nucléus lamellaire.

© Audren Chapon, Inrap

Triangle scalène provenant de l’unité 2.

© Audren Chapon, Inrap

Des aires de stockage du premier âge du Fer

Situés sur la marge orientale de la fouille, deux ensembles de structures de stockage de type silos ont été découverts organisés le long d’un axe sud-ouest/nord-est.

Une première batterie de 14 silos se répartit dans le sud de cette zone. Les derniers silos se situant en bordure d’emprise, il est envisageable que cette batterie se poursuivre au-delà. Une seconde batterie composée de 10 silos a été découverte au nord de la zone. Là également, les derniers silos se situant en limite d’emprise il est envisageable que cette aire d’ensilage se poursuivre plus au nord.

Vue de trois silos alignés et de l’amas de torchis.

© Inrap

Selon les données du diagnostic, ces structures d’ensilage pourraient être datées du premier âge du Fer et plus particulièrement du Hallstatt C. Les études du mobilier confirmeront cette datation. Hormis la présence d’éléments de céramique et de faune, on peut noter la découverte assez exceptionnelle d’un grand nombre d’éléments de terre à bâtir mis au jour au sein d’une fosse recreusant un silo. Ces fragments correspondent à du torchis brûlé issu très certainement d’un pan de mur ayant subi un incendie. Ces éléments ont la particularité de présenter un enduit bi-chrome noir et blanc, élément assez rare pour ces périodes.

Vue de la coupe d’un silo.

© Inrap

Vue d’un fragment d’enduit peint bi-chrome.

© Céline Choquenet, Inrap

Une ferme du second âge du Fer

S’établissant le long d’une large franche nord du décapage, un établissement de la Tène finale a pu être partiellement découvert et se prolongeant hors emprise. Il se compose d’un fossé d’enclos quadrangulaire délimitant une aire minimum d’environ 8 000 m². Sur la partie orientale, ce fossé d’enclos est doublé par un second fossé interprété à l’heure actuelle comme un fossé de drainage, ce dernier étant connecté à une structure pouvant s’apparenter à une mare.

Vue de la coupe du fossé d’enclos.

© Inrap

L’espace interne de cet ensemble se compose de regroupements de structures en creux (fosses et trous de poteaux) sans plan compréhensible à l’heure actuelle. Un puits a également été découvert au sein de la ferme. En effet, le site se situant à plus de 2 km de la rivière Yonne, l’accès à l’eau étant alors un enjeu primordial. Parmi les découvertes faites sur ce site, la mise au jour d’une douzaine de pesons indique une activité de tissage au sein de cette ferme ; de même la découverte de nombreux déchets sidérurgiques indique une activité de forge sur le site.

Vue des pesons mis au jour dans une fosse à l’intérieur de l’enclos laténien.

© Inrap