La fouille de la place Nationale réalisée par les archéologues de l’Inrap révèle de nouvelles informations sur l’histoire de cet espace central de la ville de Montauban depuis sa création en 1144. Cette fouille a été prescrite préalablement à la rénovation de la Place par les services de l’État (DRAC Occitanie).

Dernière modification
13 juillet 2022

Une place historique

La place Nationale est au cœur de l’histoire et de la politique de la cité. Centre de la ville médiévale. Théoriquement présente depuis la création de la ville au milieu du XIIe siècle, elle a été remaniée à plusieurs reprises durant le XVIIe siècle notamment suite à deux incendies majeurs en 1614 et en 1649 et aux phases de reconstructions qui ont suivi.

Les recherches menées par les archéologues de l’Inrap ont également permis de mettre au jour une partie des fondations de la Maison consulaire, appelée aussi « Maison commune ». Cet édifice, mentionné dès 1231, destiné à accueillir au premier étage les réunions des Consuls, possédait également une fonction économique puisque son rez-de-chaussée, ouvert sur la place, abritait des poids et mesures qui servaient à encadrer le coût des denrées. Un texte du XVIIIe siècle témoigne d’ailleurs de l’usage de cet édifice « qui est fort chétif, n’ayant qu’environ 4 cannes en carré (environ 7 m) » et dont « le logement d’en haut ne sert présentement qu’à quelques maîtres d’école et le dessous qu’à tenir les mesures du blé (…) ».

Différents éléments, piliers en briques, pavages, et fondations d'un escalier à vis, découverts au cours de la fouille, ont permis de restituer le plan d'un bâtiment de onze mètres sur sept, ressemblant à une grande halle dont le rez-de-chaussée était percé d'arcades. Sa hauteur devait se situer entre cinq et sept mètres. Sa destruction au début du XVIIIe siècle est en lien avec l'aménagement de la place Nationale dans son état actuel. Héritage d'un passé médiéval, ce bâtiment a sans doute été jugé comme dénaturant les nouvelles perspectives de la place, et engendré sa démolition.

Par ailleurs, les recherches ont montré la présence d’une succession de niveaux de sols, entre 0,60 et 1,10 m de profondeur, correspondant aux anciens sols de la place, tant médiévaux que modernes. Une datation radiocarbone réalisée sur un élément lié au sol le plus ancien, atteste d’une datation comprise entre le milieu du XIIe et le milieu du XIIIe siècle, très proche des origines de la ville fondée au milieu du XIIe siècle.

Poumon économique de la ville

Les sondages réalisés en 2018 dans la moitié nord de la place avaient révélé, de manière inattendue, la présence de plusieurs caves bâties en briques. En 2021, les équipes de l’Inrap ont pu identifier de nouvelles caves modernes portant ainsi ces constructions au nombre de six. Le mobilier céramique, associé à de très nombreux fragments de cornes de mouton, confirme la présence d’une « grande boucherie », mentionnée par les textes au milieu du XVIe siècle. Ces caves posent la question de la surface réelle de la place durant les périodes médiévales et modernes, et surtout des aménagements temporaires (échoppes, étals…) dont les textes ne rendent pas forcément la mesure exacte. Elles témoignent néanmoins les activités commerçantes qui se déroulaient au cœur de la place centrale de la cité.
 

Les archéologues ont par ailleurs mis au jour un puits attesté sur un plan de 1650. Cet aménagement est probablement abandonné et comblé dans le courant du XVIIIe siècle, avant sa transformation en fontaine. Fouillé par la cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes, équipe spécialisée de l'Inrap, ce puits, possiblement présent dès l'origine de la ville, et ayant peut-être servi de dépotoir au moment de son abandon ou au cours de son utilisation, devrait livrer de nombreux éléments de mobiliers qui viendront enrichir l’histoire de la vie quotidienne des Montalbanais.
 

Aménagement : Ville de Montauban
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Laurent Grimbert, Inrap