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rue Grande
A Tavant, Indre-et-Loire, en juin 1997, des travaux de terrassements, préliminaires à la construction d'un hangar au 42 rue Grande, ont permis la découverte d'une sépulture d'enfant en sarcophage.
Deux sondages, d'une superficie totale de 32,50 m², ont aussitôt été réalisés par les agents du service régional de l'archéologie du Centre. Ils ont livré de nouvelles sépultures. Une opération de fouille nécessitée par l'urgence, a été mise en place pour une durée de deux mois. Elle concerne une surface de 133 m².
Une nécropole du Haut-Empire
Hormis la présence de mobilier néolithique qui atteste au moins deux occupations distinctes et difficiles à caractériser, les vestiges concernent essentiellement une nécropole du Haut-Empire. Quatre phases d'inhumations successives ont été mises en évidence.
Quatre phases d'inhumations, du Ier av. J.-C. au IIIe s. de notre ère
La première correspond à une sépulture orientée est-ouest qui contient les restes mal conservés d'un individu paré des attributs d'un guerrier (S11). Il est inhumé aux environs du troisième quart du Ier s. av. J.-C. La fosse est profonde et marque un surcreusement où est déposé le corps. Ce surcreusement était peut-être recouvert de planches, sur lesquelles ont pu être placées les céramiques destinées à contenir des victuailles. Deux armes sont également placées de part et d'autres du corps. Il s'agit peut-être de la sépulture fondatrice de la nécropole.
La phase 2 regroupe 18 enfants de moins de 5 ans qui ont été inhumés entre 60 et 80 apr. J.-C. Ils sont orientés est-ouest, comme l'individu de la sépulture S11. Huit d'entre eux ont été placés dans des sarcophages monolithes, ce qui est exceptionnel pour la période. Un mobilier abondant est présent dans chaque sépulture : des dépôts d'aliments dans des céramiques ou des verreries, des parfums ou des huiles dans des flacons en verre, du mobilier de parure (bijoux, colifichets)... Ce mobilier témoigne d'une certaine aisance, même si l'abondance des dépôts est relativement courante au Haut-Empire. Ce groupe est caractérisé par une grande homogénéité, et une certaine continuité avec la sépulture antérieure (orientation identique et présence de couteaux miniatures similaires à l'arme d'adulte de la sépulture 11).
La phase 3 correspond à une sépulture (S8) d'un enfant plus âgé que ceux de la phase 2 (entre 6 et 8 ans) mais de même orientation. Elle n'est pas datée précisément, mais peut marquer une transition entre les phases 2 et 4, puisqu'elle est postérieure à la tombe S16 (phase 2) et antérieure à la tombe S4 (phase 4).
La phase 4 comprend quatre sépultures d'adultes orientées nord-sud et datée de la seconde moitié du IIIe s. Les dépôts funéraires sont toujours aussi nombreux, mais leur nature est sensiblement différente : si on retrouve encore de nombreuses céramiques, les verreries concernent uniquement des services de table ; quelques monnaies et des chaussures sont associées ; et les objets de parure, les outils, ou les armes sont complètement absents.
Des caractéristiques originales qui nous interrogent
La nécropole de Tavant s'inscrit parfaitement dans un contexte gallo-romain pour lequel les rites et les gestes funéraires semblent désormais bien connus. Les sépultures sont regroupées et tenues à l'écart de l'habitat, un soin particulier est pris dans le creusement des fosses afin d'éviter toute perturbation des sépultures antérieures et la position des corps, le nombre et le type des dépôts restent relativement communs. La présence exclusive d'inhumations pour le Ier s. n'est pas non plus exceptionnelle, d'autant que la découverte de petites esquilles d'os brûlés suggère la proximité d'incinérations. Cependant, elle présente des caractéristiques particulièrement originales, tant pour le territoire turon que pour la Gaule à la période romaine.
La méconnaissance de l'environnement archéologique, en particulier du type d'habitat lié à cette nécropole (agglomération ou exploitation agricole ?), limite fortement la compréhension de la population étudiée. Cependant, les caractéristiques propres à cette nécropole suggèrent quelques réflexions.
C'est surtout l'organisation en éventail des sépultures d'enfants, implantées deux générations après l'inhumation d'un individu armé, qui retient l'attention. Cette première sépulture évoque un personnage qui dispose d'une place privilégiée au sein de son groupe humain. Si son statut précis reste inconnu, il apparaît cependant comme une autorité, près de laquelle sont placés les enfants et peut-être comme le modèle ou le fondateur d'une famille. Ce secteur réservé aux enfants, caractérisé notamment par la présence de huit sarcophages et par un mobilier varié, atteste aussi une population aisée : l'espace funéraire semble donc réservé à un groupe social homogène, dont la perduration semble stable pendant au moins trois générations, de la fin de la seconde moitié du Ier s. avant J.-C., jusqu'à la fin du Ier s. ou le début du second. Les sépultures de la seconde moitié du IIIe s. de notre ère semblent en revanche marquer une rupture. Celle-ci peut être liée à la disparition ou à la transformation du groupe ou de la famille, ou aux transformations des pratiques cultuelles et culturelles. Ainsi, l'orientation et l'organisation de ces inhumations et la nature du mobilier qui leur est associé, n'évoquent plus aucun lien avec les sépultures plus anciennes. Le souvenir du patriarche et les liens avec la tradition antérieure à la conquête sont définitivement perdus.