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Rue de la Récille
A Mandeure, Doubs, la fouille, réalisée sur un peu plus de 0,5 ha, a été menée par une équipe de l'Inrap comportant six personnes en moyenne.
Faute de moyens, elle a essentiellement consisté au dégagement, manuel ou à la souffleuse, des fondations de près de 80 murs et d'une vingtaine d'autres structures maçonnées. Les structures en creux n'ont pu être coupées qu'à la pelle mécanique. Deux phases de construction et jusqu'à trois phases d'occupation ont été mises en évidence, mais les différents niveaux archéologiques n'ont malheureusement pas pu faire l'objet de fouilles extensives. Le mobilier recueilli renvoie par conséquent plus au faciès dans son ensemble qu'à un phasage chronologique de la fin de l'occupation gallo-romaine.
La fouille, qui portait sur un quartier inconnu de l'agglomération antique, apporte de nouveaux résultats concernant la fondation et l'étendue de la ville romaine Epomanduodurum (Mandeure-Mathay). Jusqu'ici, le complexe thermal de Courcelles, situé 1,5 km à l'est du théâtre, était considéré comme étant suburbain en l'absence d'autres vestiges romains dans le secteur.
Cette image doit être révisée avec les découvertes faites rue de la Récille, à moins de 300 m des thermes. Une rue orientée sud-ouest/nord-est, mise en évidence sur le site, devait rejoindre une voie partiellement connue dont l'actuelle rue des Granges reprend approximativement le tracé. Cette voie et la rue découverte, large de 3 m, structurent l'espace qui a été urbanisé dès le milieu du Ier s. ap. J.-C. Les fondations de plusieurs bâtiments d'habitation font ainsi sortir la trame urbaine du quartier. Une quinzaine de silos maçonnés (structures excavées), deux puits, les restes de plusieurs foyers et un four de potier complètent l'infrastructure de l'îlot. Les habitants se sont installés dans cet îlot sous Claude-Néron et l'ont quitté dès la seconde moitié du IIe s., ce qui implique une première phase de rétractation du tissu urbain d'Epomanduodurum. Une vaisselle de grande qualité ainsi que d'autres objets de la vie quotidienne (plus de vingt fibules, des instruments médicaux, un manche de miroir en bronze en forme de main gracile serrant un fruit ou un oeuf entre le pouce et l'index, une magnifique intaille en cornaline orangée, etc.) permettront d'apprécier le statut des habitants du quartier. Ce n'est qu'au haut Moyen Âge (probablement au VIIe s.) qu'on revient dans cette partie de la ville antique pour enterrer dans les ruines six individus. Une tombe double contenait un adulte et un jeune enfant.