À Rosière-près-Troyes, dans l’Aube, à l’emplacement de futurs logements et d’une résidence pour séniors, des sondages archéologiques réalisés en 2006 et 2007 ont révélé des vestiges allant du deuxième millénaire avant notre ère jusqu’au XVIe siècle de notre ère.

Dernière modification
11 janvier 2018

Sur prescription de l’État, une fouille archéologique de plus de 4 hectares a alors été menée par une équipe d’archéologues de l’Inrap de mars à décembre 2010.

Vestiges isolés de l’âge du Bronze (vers 1500-1200 avant notre ère)

Le secteur fouillé semble correspondre à ces périodes à une zone humide. Des vestiges antérieurs à notre ère, peu nombreux, quelques fosses du Néolithique et de l’âge du Bronze, suggèrent une présence humaine intermittente.

Deux établissements agricoles et une nécropole de l’époque romaine (du Ier au IVe siècle)

L’occupation humaine de ce secteur de la vallée du Triffoire connaît probablement un essor au début de l’époque romaine. Deux ensembles agricoles s’installent alors dans l’emprise de la fouille. Le premier, situé à l’ouest de la fouille, est daté des Ier et IIe siècles de notre ère. Il est matérialisé par plusieurs bâtiments en bois et torchis sur poteaux plantés ou sablières basses, sans doute couverts de tuiles. Plusieurs d’entre eux possèdent des celliers enterrés, l’un d’eux une cave maçonnée particulièrement bien conservée. Des puits et des fosses domestiques dans lesquelles les chercheurs ont retrouvé des déchets de la vie quotidienne, ont été fouillés en périphérie de ces bâtiments. L’ensemble de ces vestiges s’inscrit dans un réseau de fossés et de palissades qui délimitent l’établissement et les parcelles cultivés environnantes.

Une petite nécropole a été fouillée en périphérie de cet ensemble. Elle comprenait deux tombes d’adultes et une quinzaine de sépultures d’enfants âgés de 2 à 4 ans, datées des IIe et IIIe siècles de notre ère.  L’étroite association de ces sépultures avec le réseau de fossés antiques suggère qu’il s’agit des tombes des occupants.

400 m plus à l’est, un second établissement agricole daté des IIIe et IVe siècles de notre ère à été très partiellement dégagé en limite du projet d’aménagement. L’établissement est encore une fois délimité par un fossé qui enserre plusieurs bâtiments sur poteaux et des aménagements de nature variée (foyers, celliers, fosses, mare).

Un hameau du haut Moyen Âge (du VIIe au XIe siècle)

Après un abandon apparent de près de quatre siècles, une importante occupation de la fin de du haut Moyen Âge se développe sur toute la partie nord de la fouille. Les structures archéologiques, datées entre le VIIe et le XIe siècle, se concentrent le long de l’actuelle rue Parmentier. Ceci pourrait indiquer que cet axe, mentionné dès le XIVe siècle comme chemin de Saint-Germain à Rosières, pourrait remonter au haut Moyen Âge.

Cette occupation humaine du Moyen Âge se caractérise par la juxtaposition de plusieurs centaines de structures sans répartition cohérente si ce n’est leur concentration le long de la rue qui longe la fouille au nord. On dénombre de nombreux silos, des foyers avec aménagement de pierre à fonction probablement artisanale, un four à pain, plusieurs puits, une sépulture isolée. Dans cet ensemble, les bâtiments sont peu nombreux, mais il faut cependant noter la présence d’un vaste bâtiment sur poteaux en bois et torchis long de plus de 20 m. Il est possible que les habitats proprement dits soient situés en dehors de l’emprise de la fouille. La superficie de l’occupation semble correspondre à celle d’un hameau qui aurait périclité au moment du développement du hameau voisin de Viélaines et du château de Rosières.

Aménagements de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne (de 1300 à 1700)

Après l’abandon du hameau du Moyen Âge, l’emprise de la fouille correspond à un secteur agricole dont la mise en valeur est particulièrement visible à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne (XIVe-XVIe s.). On assiste alors à la délimitation de nombreuses parcelles séparées au moyen de fossés et à d’importants travaux de drainage dans la partie centrale de la fouille. Plusieurs chemins sont alors mis en place dans ce secteur qui demeure vierge d’habitats jusqu’à l’époque contemporaine.

Aménagement : Aube immobilier
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Champagne-Ardenne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Michel Kasprzyk, Inrap