RN 51

Ces opérations ont mis en évidence une intense activité dans cette région au sud de Reims à la fin de l'époque gauloise et au début de l'époque romaine. Les Gaulois se sont installés vers -400 sur les pentes légères d'un vallon au fond duquel coule un ruisseau qui s'écoule dans la Vesle, 2 km plus au nord, aux portes de l'oppidum de Reims.

À cet endroit, les trois principales zones d'activités et de stockage ont surtout fonctionné de la fin du IV^e au milieu du II^e siècle avant notre ère. Elles réunissent des fosses et des silos avec quelques plans de bâtiments de type greniers sur quatre poteaux. Dans l'une des zones, parmi les silos, une grande fosse peu profonde (7 x 5 m) correspond à une aire de battage et de grillage des céréales. Un sol est aménagé avec de la craie pilée et la partie fixe d'une meule rotative a été retrouvée en périphérie près de foyers aménagés avec des pierres, dans un espace où se concentraient des graines carbonisées.

Partie tournante d'une meule en meulière de la montagne de Reims (diamètre 40 cm, hauteur 17 cm, poids 15 kg). La surface de travail du catillus (élément supérieur et tournant de la meule) est très usée du côté de l'emmanchement, ce qui indique sans doute une forte pression sur le manche lors de l'utilisation de la meule. Ce catillus à servi jusqu'à ce que le manche finisse par frotter sur la méta (élément inférieur et fixe de la meule).
Cl. : H. Bocquillon/Inrap

Vase peint.
Dessin : M. Saurel/Inrap

Plan de l'habitat d'un des secteurs étudiés.
Dessin : H. Bocquillon/Inrap

Le talus est constitué d'un éboulis de pierre.
Cl. : H. Bocquillon/Inrap

Le grand bâtiment sur poteaux du secteur 4. Les trous des poteaux, seules traces de bâtiment, ont été fouillés par moitié.
Cl. : H. Bocquillon/Inrap

D'autres meules rotatives ont été rejetées dans des fosses et silos. Les agriculteurs gaulois de cette région ont fait preuve de dynamisme en utilisant très tôt la technique innovante du moulin rotatif. La vitalité de l'économie locale se traduit aussi dans les rejets, par une vaisselle diversifiée comprenant des vases peints et par des objets de parure luxueux, fibules, bracelet, perle en verre.

À quelques centaines de mètres vers l'est, un habitat se développe vers la fin de l'âge du Fer, puis au tout début de l'époque romaine, dans le fond d'un petit vallon sec. Des plans de bâtiments sur poteaux de grande envergure témoignent d'une architecture nouvelle et ambitieuse et la superposition des plans révèle plusieurs étapes de reconstruction. L'architecture évolue avec l'adoption de constructions sur tranchées de fondation. Le plan de l'installation annonce l'organisation très rigoureuse de la résidence installée vers la fin de l'époque gauloise et qui se développe au début de l'époque romaine. Cette résidence s'inscrit dans un enclos trapézoïdal d'environ 1 800 m², avec une grande cour centrale encadrée par les bâtiments. Certaines constructions à proximité des puits devaient abriter des activités agricoles et artisanales, alors qu'un grand bâtiment d'environ 70 m² dans l'angle de l'enclos correspondait à l'habitation du maître des lieux. Cette construction est encore réalisée en bois et torchis selon la technique gauloise, mais la vaisselle retrouvée dans les caves montre l'adoption de la culture romaine.

Les fouilles de Reims, Champfleury et Villers-aux-Noeuds ont révélé un grand dynamisme de la production agricole à la fin de l'époque gauloise. Cette région a bénéficié de la proximité de la vallée de la Vesle, d'un ancien axe de circulation à travers la montagne de Reims vers la région d'Epernay et la vallée de la Marne, et bien sûr de l'émergence de l'agglomération urbaine de Reims, alors nommée Durocortorum (forteresse ronde).