Vous êtes ici
Rivollet Sud
A Aoste, Isère, quarante-quatre sondages ont été effectués à l'emplacement du futur lotissement. 1 733 m² ont été diagnostiqués sur une surface totale de 27 690 m², soit 6,2 %.
À environ 3 m de profondeur, un important niveau graveleux a été identifié appartenant au lit d'un ancien cours du Guiers depuis longtemps colmaté. Comme nous l'a bien montré l'intervention réalisée au lieu-dit La Planche en 2004, situé de l'autre côté de la route, la disparition de ce chenal remonte à une époque antérieure au début du Ier s. de notre ère (sépulture à incinération datée de la période tibéro-claudienne, recoupant la grave).
Fosses à résidus de crémation.
Cl. S. Bleu/Inrap.
L'opération a également permis la découverte d'un certain nombre de structures en bordure de la route de Saint-Genix-sur-Guiers, à une profondeur comprise entre 2 et 3 m. Ainsi, six structures de crémation ont été identifiées, dont l'une, correspondant aux restes d'un bûcher funéraire, a été entièrement fouillée. Il s'agit d'une fosse rectangulaire remplie d'une terre noire charbonneuse abritant des cendres, des ossements humains brûlés, mêlés à des charbons de bois, à des fragments de vases en céramique et en verre, à de nombreux clous en fer, etc. L'étude du mobilier céramique permet de dater ce dépôt de la période flavienne (fin du Ier s. apr. J.-C.), d'après Christine Bonnet (céramologue). Une étude minutieuse de la stratigraphie a montré que certaines de ces fosses ont été tronquées par un important niveau d'inondation postérieurement à la période flavienne. Cette structure témoigne de la présence en ce lieu d'activités funéraires pouvant être mises en relation avec la nécropole découverte à La Planche au XIXe s., et encore mal localisée.
Un ensemble de structures agraires attribuables à la période gallo-romaine a également été mis au jour dans plusieurs sondages. Ainsi, deux axes de fossés ont été clairement identifiés, l'un à 20° nord, le second à 65° nord. Ces fossés de drainage de la plaine alluviale ont été recalés sur la photographie aérienne et semblent correspondre aux deux réseaux déjà observés dans la plaine d'Aoste. Ils sont sans doute datables d'une période comprise entre la fin du Ier et le début du IIIe s. de notre ère. Durant le IIIe s. ou le IVe s. apr. J.-C., un ancien niveau de sol indique la présence d'activités humaines dans ce secteur, sans que nous puissions dire à quoi elles correspondent. Comme l'ambiance définie par ce sol demeure humide, il pourrait s'agir simplement d'activités agricoles.
Enfin, en bordure de la route de Saint-Genix, un aménagement linéaire (observé sur une longueur de 14 m et une largeur de 6,50 m), constitué de petits blocs calcaires, de galets et de fragments de tuiles, posé sur un remblai et bordé par un important fossé peut être interprété comme la voie romaine tardive (IVe s. ou Ve s.) à son entrée dans l'agglomération antique. Ce dernier est progressivement abandonné et recouvert par un épais niveau sablo-limoneux qui clôt définitivement l'occupation jusqu'à une époque très récente.
Les informations collectées seront exploitées dans le cadre d'un programme collectif de recherches intitulé Milieux et peuplement en plaine du Bas-Dauphiné, de l'apparition de l'agriculture à nos jours, en collaboration avec les universités de Nice (UMR 6130, Cepam-CNRS) et de Lille. Elles devraient permettre de restituer le paysage de ce secteur dans l'Antiquité.