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Premières traces d’urbanisme et découverte d’une statue antique à Briord (Ain)
En amont d’un projet immobilier au quartier Les Ecolus, une équipe d’archéologues de l’Inrap a réalisé en 2020 un diagnostic archéologique et mis au jour un quartier antique occupé entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C. ainsi qu’une statue monumentale de togatus datant de la première moitié du Ier siècle apr. J.-C. Cette découverte fait l'objet d'une publication en ligne dans Gallia.
L’agglomération antique de Brioratis
L’agglomération antique de Briord, Brioratis, occupe une position privilégiée en rive droite du Rhône permettant la circulation par voie fluviale et terrestre entre Lyon et Genève. Elle est installée sur la basse terrasse d’une plaine alluviale relativement étroite mais abritée des crues (sauf exceptionnelles) malgré la crise hydrologique ayant touché le bassin de Malville entre le milieu du Ier et la fin du IIe siècle après J.-C.
L’agglomération antique est identifiée dès le XVIe siècle par le lapidaire et l’épigraphie mais ce n’est qu’à partir des années 1950 que les premières interventions archéologiques sont entreprises par la Société d’Histoire et d’Archéologie de Briord et des Environs (SHABE) avec la fouille notable de la nécropole des Plantées. Des opérations préventives de diagnostic se déroulent à partir des années 2000, mais restent éloignées ou en périphérie du bourg. Ce n’est qu’en 2018 au lieu-dit Le Cimetière, au nord-ouest de Briord, qu’un diagnostic permet de découvrir une voie antique orientée vers le centre du village et révèle les prémices d’une trame urbaine.
Le site antique des Ecolus
Avec le site des Ecolus, découvert en 2020, situé encore plus près du cœur du village, c’est un quartier antique densément bâti qui est mis au jour avec un ensemble de maçonneries, de sols, mais aussi deux bassins et un hypocauste (système de chauffage par le sol) partiellement dégagés. Au sud et en contrebas de la voie, les installations sont plus légères et reposent sur des poteaux de bois accompagnant des niveaux de sols, des puits. Le site, s’étant développé à partir de la voie installée dès le début du Ier siècle, présente des vestiges du Ier au IIIe siècle apr. J.-C., alors que le IVe siècle marque un net retrait de l’occupation.
Superposition de sols avec dallage arraché, béton et tranchée de récupération de mur.
© Thomas Le Saint Quinio, Inrap
Détail radiers et sols.
© Thomas Le Saint Quinio, Inrap
Sol avec pilettes d’hypocauste remaniées.
© Thomas Le Saint Quinio, Inrap
Découverte d’une statue de togatus
Une statue calcaire d’homme en toge a été dégagée dans les déblais bordant la voie antique. Son prélèvement a été relativement délicat compte tenu de son poids dépassant les 200 kg et de son état avec un corps présentant de nombreuse fissures. L’utilisation de la photogrammétrie a permis la manipulation et l’étude à distance de cet objet fragile nécessitant une restauration. Ce togatus (dans la Rome antique, togatus signifie qui porte la toga (toge), ce qui implique la citoyenneté romaine) représente un notable dont le portrait aux traits idéalisés est celui d’un homme jeune et imberbe reprenant les codes impériaux de l’époque de Tibère à Claude. Il provient vraisemblablement d’un édifice funéraire inconnu à ce jour.
Le corps de la statue en pleine terre.
© Sophie Nourissat, Inrap
La tête sortie de terre.
© Thomas Le Saint Quinio, Inrap
Dégagement de la statue du niveau de déblais.
© Thomas Le Saint Quinio, Inrap
Détail de la cassure du cou et état de la statue brisée sur place.
© Thomas Le Saint Quinio, Inrap
Modélisation du corps en 3D, orthophotographie.
© Pierre Thiolas, Inrap
Vue de la tête après nettoyage sec.
© Jean-Claude Sarrasin, Inrap
Pour en savoir plus : « Une statue de togatus découverte dans l’agglomération antique de Briord (Ain) », Thomas Le Saint Quinio et Maria-Pia Darblade-Audoin, avec la collaboration Hugues Savay-Guerraz et Pierre Thiolas, Gallia, 80-2 / 2023
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne – Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique du diagnostic : Thomas Le Saint Quinio, Inrap
Étude de la statue : Maria-Pia Darblade-Audoin, Institut Català d’Arqueologia Clàssica