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Pontarlier médiéval et mésolithique
À Pontarlier (Doubs), dans le cadre de l'aménagement d'un parc d'activités économiques, l'Inrap a réalisé une fouille en 2015.
Le diagnostic archéologique de 2011 avait révélé un site du premier Moyen Âge (Ve-XIe siècle) entièrement conservé et une occupation mésolithique (9600 à 5500 ans avant notre ère) plus substantielle, qui livre les plus anciens indices d'occupation humaine connus à Pontarlier.
La portée scientifique des recherches effectuées sur le site des Gravilliers est considérable pour la compréhension de la dynamique de l'habitat rural médiéval et devrait constituer une référence pour l'est de la Gaule. Les premiers résultats de la fouille seront précisés lors de la phase d'étude.
Un vaste habitat rural du premier Moyen Âge
Ce site médiéval exceptionnel est un élément clé dans la genèse de l'histoire pontissalienne. Les premiers éléments de datation indiquent une fondation du village au cours de l'époque mérovingienne (Ve-VIIIe siècle) et une occupation qui aurait pu perdurer au-delà. Un ou plusieurs habitats successifs se déploient sur environ 8 hectares. Les vestiges mis au jour sont principalement des trous de poteau, témoins d'anciens édifices domestiques et agricoles, mais aussi des fosses et des fonds de cabane, pouvant être des annexes de l'habitat ou des structures de stockage.
Des zones rubéfiées indiquent des activités artisanales tandis que la présence d'un fossé pourrait dénoter une vraie structuration de l'espace. L'objectif principal de la fouille sera de caractériser ces différents espaces et de préciser la nature et la fonction d'une partie des bâtiments. Toutefois, les emprises linéaires fouillées cette année ne permettront pas une lecture globale du site.
Il faudra attendre l'exploration de la totalité du terrain pour comprendre le développement et l'organisation de cet habitat, de sa fondation à son abandon.
Sur les traces des chasseurs-cueilleurs du Mésolithique
Durant le Mésolithique, des populations nomades, derniers représentants des chasseurs-cueilleurs d'Europe de l'Ouest, ont occupé le secteur des Gravilliers. Suite à la dernière glaciation, les conditions climatiques tempérées favorisent le développement du couvert forestier sur le massif du Jura. Le noisetier remplace progressivement le pin et le bouleau, avant l'installation de la chênaie mixte. La faune forestière (cerf, aurochs, sanglier, chevreuil...) y règne en maître, accompagnée par les espèces carnivores (loup, lynx, ours brun...). L'homme s'adapte à ces espaces et adopte l'arc comme arme de chasse. À Pontarlier, cette période est représentée par du matériel en silex (outillage et déchets de taille) abandonné par les Mésolithiques. Parmi ces restes, les armatures microlithiques (lamelles retouchées de petite dimension et de forme géométrique fixées sur les hampes de flèches en pointe et en barbelure) sont caractéristiques du premier Mésolithique et datent l'occupation entre 9600 et 8000 avant notre ère. Les tailleurs ont exploité les matières premières locales et notamment le silex qui affleure dans le secteur d'Arçon, situé à 6 km au nord de Pontarlier.
Un peu de méthodologie : la fouille de trous de poteau
Au-delà du mobilier archéologique, les traces laissées dans le sol par des structures anciennes peuvent apporter des informations capitales aux archéologues. Tel est le cas sur le chantier de Pontarlier, qui a livré de nombreux négatifs de trous de poteau de l'époque médiévale. Mais à quoi ces structures correspondent-elles vraiment ? Lors de la construction, un trou plus ou moins cylindrique est creusé, assez encaissé pour servir de fondation à un poteau. La taille variait selon la dimension du poteau à accueillir et sa fonction (clôture, cloison, mur porteur d'une charpente, etc.). Puis, le poteau est installé dans le trou et calé avec de la terre et parfois des pierres. Enfin, après abandon, le poteau disparaît par arrachement, pourrissement, voire combustion et le trou se comble. Parfois on perçoit encore au centre l'emplacement du poteau lui-même, d'une couleur différente. C'est sous cette forme qu'il apparaît à l'archéologue, plus ou moins bien conservé (destruction partielle par des réoccupations, des labours, etc.).