A Bonlieu-sur-Roubion, Drôme.

Dernière modification
10 mai 2016

Deux sondages mécaniques ont été réalisés : l'un négatif (4 m2) sur la place Henri-Gamet, l'autre positif (36,5 m2) au pied du mur gouttereau nord de l'abbatiale.

Située 12 km à l'est de Montélimar, l'ancienne abbaye cistercienne de Bonlieu a été fondée à la fin du XIIe s. par la comtesse de Marsanne. L'abbaye est rattachée à l'ordre cistercien comme dépendance de l'abbaye d'Aiguebelle puis transférée à l'abbaye de Valcroissant à la fin du XIVe s. Désertée après le XVIe s. puis réoccupée un siècle plus tard, elle est finalement vendue comme bien national en 1791 et abandonnée. Restaurée à partir de 1869 et consacrée en 1899, des religieuses norbertines s'y installent jusqu'en 1994 avant de céder leur place à une communauté de frères prémontrés.

Dans l'axe de la porte romane de l'entrée nord de l'abbatiale, un sondage a permis le localiser un niveau d'occupation médiévale daté des XIe-XIIIe s., une partie de la nécropole médiévale et des murs d'époque moderne liés au chantier de reconstruction du XIXe s. À l'extrémité ouest du sondage, au niveau du chaînage d'angle entre le portail roman occidental et l'ancien four à pain, le jambage d'une porte médiévale a été dégagé. L'occupation médiévale est caractérisée par un épandage de céramiques dans un niveau charbonneux. La céramique est posée à plat et recouvre un sol de pierres et de galets irréguliers. Le mobilier est constitué par une céramique kaolinitique à pâte micacée (un fond bombé, une jatte, un bord d'oule, un fragment de bec ponté et des fonds plats) datée des XIe-XIIIe s. Ce niveau est partiellement recouvert par cinq inhumations d'époque médiévale en pleine terre, en décubitus dorsal, tête orientée vers l'ouest.

La nécropole médiévale devait s'étendre à l'est vers le chevet roman et sous la place Henri-Gamet au nord. La porte médiévale a été dégagée à la jonction entre le mur gouttereau nord de l'abbatiale et le mur abritant l'ancien four à pain. Elle est constituée par un jambage en pierre appareillée de 1,80 m de haut entre le linteau et le seuil bûché ; le jambage présente une feuillure et un congé. Dans l'élévation du mur gouttereau roman, la porte est marquée par un coup de sabre qui indique une reprise et peut-être la reconstruction du portail occidental. Cette porte s'ouvrait sur l'ouest vers des bâtiments, une cour, la porterie ou une annexe monastique disparue. En chronologie relative, cette ouverture est postérieure au mur gouttereau roman.